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ARP : Néji Jalloul sabote les plans de Nidaa Tounes en votant pour Essid

Si l’issue de la séance plénière de demain samedi à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ne fait pas de doute, tous les partis de l’attelage à la tête du pays ayant déclaré qu’ils allaient voter contre le chef du gouvernement, Habib Essid, on est sûr d’une chose : Ce ne sera pas un long fleuve tranquille. Loin de là. Personne ne peut nous fixer dans la tête que le principal artisan de cette affaire, le président de la République, Béji Caid Essebsi, va dormir tranquillement sur ses deux oreilles cette nuit en se disant que l’éjection de Essid va passer comme une lettre à la poste et que le grand commis de l’Etat ne fera pas de vagues. Et les faits vont dans notre sens.

Alors que tout le monde croyait que le discret chef du gouvernement, qui ne paye pas de mine, allait docilement tendre son coup pour le sacrifice rituel en acceptant de démissionner, en catimini, patatras, Essid décide de s’offrir la tribune de l’ARP, avant un départ solennel, devant la représentation nationale, devant les caméras, les citoyens. Il ne veut pas d’une sortie de scène par la porte dérobée, il veut s’en aller par la porte principale, à défaut d’une sortie par la grande porte. Première grosse déconvenue pour ses détracteurs.

La deuxième est son interview sur Attessia, le 20 juillet 2016. Celui que tout le monde présentait comme un piètre communicant, pataud devant les caméras, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, s’est offert une vitrine de choix à une heure de grande écoute pour dire ses vérités. Et il a effectivement déballé ! Peut-être pas autant qu’on l’aurait souhaité, mais tout de même. Il n’a pas flanché quand il s’est agi d’évoquer toute la pression qui a été exercée sur lui pour lui faire quitter le palais de la Kasbah. Il a même évoqué des menaces pour lui faire lâcher le morceau. Et là il faut reconnaitre qu’il a fait mouche. En effet dès le lendemain, des ténors de Nidaa Tounes ne se sont pas faits prier pour se jeter à la figure des vertes et des pas mûres, chacun accusant l’autre d’avoir menacé la personne de Habib Essid. Un torrent d’accusations qui a certainement dû amuser Essid, qui s’est sûrement délecté des effets de son intervention cathodique, au-delà de toutes ses espérances. On en aurait ri nous aussi si ça ne donnait pas une image désastreuse d’une élite politique autoproclamée, qui n’a pas fait ses classes en la matière et démontre tous les jours son incurie. Bref, le coup de com d’Essid est sa deuxième victoire symbolique…

La troisième s’est produite hier jeudi 28 juillet 2016. Le ministre de l’Education nationale, Néji Jalloul, un poids lourd du gouvernement et un des ténors de Nidaa Tounes, a déclaré sur Jawhara Fm qu’il allait voter en faveur de son patron demain à l’ARP. Et qu’au besoin il allait défendre le bilan de l’équipe. Une annonce à prendre très au sérieux, surtout quand ça émane du ministre le plus apprécié des citoyens, selon tous les sondages. Et même mieux : Il ne sera pas le seul à épauler Essid, d’autres ministres n’hésiteront pas à faire la même chose, a précisé Jalloul. Qui ? Mystère pour le moment. C’est ce qui rend le rendez-vous de demain particulièrement passionnant et lui confère des allures de chronique d’un combat annoncé. Et l’argument de Jalloul est frappé au coin du bon sens : Il fait partie d’une équipe qui a enregistré des succès, et ils méritent d’être défendus, même si les échecs sont là aussi. C’est le principe de la solidarité gouvernementale, un classique, mais que semblent ignorer les ministres qui ont livré leur chef à la vindicte populaire, en s’imaginant qu’en faisant cette offrande, ils allaient pouvoir sauver leur peau.

Une affaire qui laissera des traces

Si, encore une fois, les jeux semblent faits pour Essid, on est à peu près certain que cette affaire laissera des traces. On ne peut pas sortir d’un épisode politique aussi dramatique qu’une motion de censure sans meurtrissures. Il y aura forcément de la casse. D’abord au niveau de Nidaa Tounes. Même si on peut s’imaginer que les députés du parti vont voter comme un seul homme, conformément à la sacro-sainte consigne, en s’asseyant sur leur convictions profondes – c’est très souvent, hélas, la règle dans cet univers très particulier -, la sortie de Jalloul est quand même une source d’inquiétude. Quid de l’unité du parti après le vote demain, surtout si d’autres ministres issus des rangs de Nidaa Tounes votent en faveur d’Essid ?

Plus généralement c’est toute la classe politique qui va être éclaboussée par cette affaire. Comment oublier les reniements d’Ennahdha, qui soutenait Habib Essid au départ, pour finalement le lâcher en arguant une histoire fumeuse de solidarité avec le palais de Carthage ? Comment digérer les atermoiements et finalement le lâchage de Essid par Afek Tounes, alors que son chef de file, Yassine Brahim, ministre du Développement, est aussi comptable des actions du chef du gouvernement ? L’opinion publique regarde tout cela avec un oeil passablement intéressé, dans cette torpeur estivale où les préoccupations sont ailleurs, mais on est à peu près sûr que les consciences travaillent et que les protagonistes de cette sombre affaire le payeront un jour ou l’autre, dans les urnes au meilleur des cas.

Et puis il y a l’image de la Tunisie à l’extérieur. Ceux qui observent le pays du jasmin, qui s’est embarqué dans un régime parlementaire sans en avoir les moyens, à tous les niveaux, doivent se poser bien des questions. D’ailleurs c’est une des raisons pour lesquelles le pays d’où est partie la flamme qui a embrasé le monde arabe et déclenché une immense vague d’espoir ne fait plus rêver. Pire, cette Tunisie dont les dirigeants s’amusent à renverser la table après des élections en bonne et due forme, et se paient une crise politique alors que les urgences sont partout (économie, terrorisme, éducation…) inquiète. Mais ça les leaders de la scène politique locale ne s’en soucient guère, pressés d’enterrer Essid et de partager son héritage. Pour le plus grand malheur du pays…

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