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Conférence sur l’investissement : BCE est un bon VRP, mais c’est pas dans la poche!

La conférence internationale sur l’investissement, prévue en Tunisie les 29 et 30 novembre 2016, est dans toutes les têtes des décideurs du pays. Surtout dans celle du président de la République, Béji Caïd Essebsi, qui a pris son bâton de pèlerin pour aller ‘vendre’ cette grand-messe des investisseurs jusqu’au pays de ‘l’Oncle Sam’. Le président américain, Barack Obama, a fait une fleur à la Tunisie en faisant de son président un invité d’honneur au Forum économique afro-américain. Et Essebsi, en bon VRP (voyageur, représentant et placier) de son pays, a bien profité de cette tribune de choix, devant un parterre de 31 chefs d’Etat et 200 entreprises américaines.

Quand le secrétaire américain d’Etat américain, John Kerry, qui modérait les débats, lui a demandé à brûle-pourpoint ce que la Tunisie a de précieux à offrir aux investisseurs, une question qui aurait pu en déstabiliser plus d’un, BCE ne s’est pas démonté le moins du monde en rétorquant : La situation géographique très stratégique du pays, au Nord de l’Afrique et à quelques encablures de l’Europe. Certes c’est un lieu commun, l’argument étant dégainé, jusqu’à l’usure, à chaque fois qu’un investisseur manifeste son appétit pour la Tunisie. Mais le fait est que le pays n’a pas un meilleur atout, surtout en ce moment, où ce sont plutôt les trains qui n’arrivent pas à l’heure, trop nombreux, qui peuplent l’actualité (grèves, indicateurs sociaux et économiques au rouge, absence de l’autorité de l’Etat…). Donc de ce point de vue le chef de l’Etat a bien raison de ‘vendre’ ce qu’il est sûr de pouvoir ‘vendre’, à tout moment.

Il a avait une autre perle de la Tunisie à écouler : Le phosphate. Bon, sachant que son auditoire est parfaitement des déboires de ce secteur depuis la révolution, il a aussitôt ajouté que la production de phosphate a repris après cinq années de léthargie due aux blocages, grèves et autres actes de sabotage. De toute façon il vaut mieux parler vrai et être fidèle à la réalité car les investisseurs étrangers en savent au moins autant que lui sur ce qui se passe en Tunisie. D’ailleurs quand la correspondante de Mosaïque Fm l’a titillé sur « la transparence » qui transparait dans son allocution lors du débat de la 71ème session de l’Assemblée Générale de l’ONU, Essebsi a répliqué qu’on vit une époque où on ne peut plus rien planquer, et partant de là il fallait parler de la Tunisie telle qu’elle est. « La vraie révolution est celle de dire la vérité sur tout », a-t-il ajouté.

C’est pas gagné pour autant!

L’invitation chaleureuse lancée par le président de la République « à tous les pays amis » a été relayée, tout aussi chaleureusement, par Kerry en l’agrémentant d’un « Je vous revois tous en Tunisie », en regardant dans les yeux les participants au forum. Sauf que rien de tout cela ne préjuge d’une forte participation des investisseurs à la rencontre de novembre à Tunis, encore moins un volume conséquent de financements au terme de cette conférence au cours de laquelle la Tunisie se parera de ses plus beaux atours pour séduire. A l’évidence, les investisseurs demanderont à regarder de près ce que la Tunisie a dans le panier avant  de consentir à miser sur elle. Or, il faut le reconnaitre, la Tunisie ne fait pas rêver en ce moment. Demandez aux dirigeants de Petrofac, ils en savent un rayon. Certes un accord a été conclu, au forceps, pour amener à de meilleurs sentiments les Britanniques et les dissuader de faire leurs bagages, ce qui d’ailleurs n’est pas dans leurs intérêts après ces investissements massifs, mais on n’est pas du tout sûr que les problèmes ont été réglés, loin de là. Et les mêmes causes peuvent produire exactement les mêmes effets dans très peu de temps.

Par ailleurs la Tunisie donne le tournis aux investisseurs avec un rythme de changement des gouvernements depuis 5 ans rarement vu dans le monde, une manie qui sape toutes les réformes structurelles censées relancer le pays. Les investisseurs ont horreur de ça, sans parler des mouvements sociaux intempestifs que rien, pas même les largesses de tous les gouvernements depuis 2011, ne semble pouvoir tarir.

Sur toutes ces questions, et bien d’autres qu’on ne peut pas tous énumérer ici, la Tunisie devra monter patte blanche pour s’offrir une chance d’émoustiller les investisseurs. Or d’ici novembre 2016, très objectivement, il parait très peu probable que le gouvernement soit en mesure de faire valoir des avancées notables. Cela relèverait du miracle, et des miracles on en a très peu eus depuis la révolution…

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