Le Centre national de l’Informatique et des Statistiques des Douanes (Cnis) a passé à la loupe le déficit commercial de l’Algérie, et comme on le redoutait, les chiffres ne sont pas bons. En sept mois (entre janvier et juillet 2016), la balance commerciale affiche un déficit de -11,93 milliards de dollars. Le plus inquiétant dans cette affaire c’est que ce stade n’avait été atteint qu’à la mi-novembre en 2015.
D’après l’agence officielle APS, qui a repris les chiffres du Cnis, le déficit commercial a progressé de +26,5 % en comparaison avec le trou de -9,43 milliards de dollars durant la même période l’an dernier. Les données préliminaires communiquées en 2015 faisaient état d’un déficit de -8,04 milliards de dollars à la fin juillet 2015. D’après ces chiffres (les seuls qui ont été publiés), le déficit commercial cumulé n’a atteint le seuil des -12 milliards de dollars qu’en novembre de l’an dernier, passant de -10,83 milliards fin octobre à -12,63 milliards de dollars le mois d’après.
L’Algérie se serre la ceinture, et ça commence à payer
Les exportations algériennes, comme on pouvait s’y attendre, ont péniblement atteint 15,14 milliards de dollars, entre janvier et juillet 2016. C’est une baisse de -31,48 %. Les hydrocarbures, qui pèsent 93,73 % dans le commerce extérieur, ont permis à l’Algérie d’engranger un maigre 14,19 milliards de dollars durant les sept premiers mois de 2016, sans commune mesure avec les 20,9 milliards de dollars rapportés par ce secteur l’an dernier.
Face à ce contexte morose, les autorités algériennes ont entrepris une thérapie de choc en serrant au maximum les importations, à tel point que, selon le Cnis, les résultats tombent déjà. Les importations ont chuté de -14,14 % entre janvier et juillet 2016, à 27,07 milliards de dollars. Tous les segments à l’importation sont concernés par ce repli, mais ce sont les produits alimentaires qui ont baissé le plus (-18,43 %, à 4,69 milliards de dollars), puis viennent les équipements industriels (-15,5 %, à 8,83 milliards de dollars) et enfin les biens de consommation non alimentaires (-11 %, à 4,71 milliards de dollars). Le crédit de consommation, dévolu en principe aux biens produits ou transformés localement, a très peu impacté les entrées de ces produits. Les importations algériennes de produits bruts ont enregistré un très léger recul entre janvier et juillet 2016 : -4 %, à 929 millions de dollars.
Pendant une bonne décennie, l’Algérie a surfé sur les excédents commerciaux du fait des exportations massives de pétrole et surtout grâce à un prix du baril très haut. Les choses se sont gâtées ces deux dernières années, avec la fonte des cours mondiaux du brut. La balance commerciale du pays a payé un lourd tribut, notamment en 2015 où elle a bouclé l’exercice sur un déficit de -13,71 milliards de dollars.
