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Tunisie – Chahed entame son mandat de la pire des façons : Des promesses non tenues

A voir Youssef Chahed débouler au palais de Dar Dhiafa à Carthage, et pas à un train de sénateur, au point que sa garde rapprochée a du mal à suivre la cadence, on se dit qu’il a l’énergie de ses 40 ans et qu’on tient peut-être, enfin, le chef du gouvernement qui va tailler dans le vif et entreprendre les réformes douloureuses mille fois annoncées et autant de fois reportées. A l’entendre confier à ses interlocuteurs qu’il va tenir bon face aux pressions des partis politiques et des organisations – UTICA et surtout UGTT -, qui parlent parfois plus fort que les dirigeants issus du suffrage universel, une spécificité tunisienne nocive, on se dit que le salut du pays pointe à l’horizon. Donc les attentes sont fortes et les espoirs grands quant à des lendemains qui chantent. Mais voilà, la rupture qu’on attendait n’est pas au rendez-vous, du moins dans l’affichage de ce nouveau gouvernement dit d’union nationale. Et la forme en l’occurrence vaut son pesant d’or car c’est ce qui impulse la dynamique de changement et crée l’électrochoc positif d’où part l’adhésion des masses aux nouvelles orientations.

Même la France n’a pas autant de ministres !

Alors qu’on nous prédisait 18 à 20 ministres, on se retrouve in fine avec 26 ministres et 14 secrétaires d’Etat, soit un gouvernement de 40 membres pour un pays de moins de 12 millions d’habitants. A titre de comparaison, la France, qui n’est pourtant pas le meilleur exemple en Europe dans ce domaine, n’a que 18 ministres et 20 secrétaire d’Etat pour gérer les affaires d’un peu plus de 66 millions de personnes. Youssef Chahed, de ce point de vue, ne fait pas mieux que ses prédécesseurs. Sauf si on considère que 3 ministres de moins que le gouvernement de Habib Essid, c’est un exploit. Le fait est que la Tunisie continue de filer du mauvais coton , en ne rompant pas avec la tradition des attelages gouvernementaux lourds, patauds, difficiles à manier et très gourmands en deniers publics, avec ces cohortes de staffs et d’administrations qui coutent très cher aux caisses publiques pour l’efficacité que l’on sait.

Pendant un temps, a couru le bruit qu’on se dirigeait vers des pôles ministériels pour plus d’harmonie, plus d’efficience de l’action publique et par souci de compression de certains postes de dépense. Mais Youssef Chahed, là aussi, n’a pu pas éviter l’écueil consubstantiel aux gouvernements d’unité nationale : La nécessité d’élargir l’assiette au maximum pour satisfaire les gros appétits des convives – les partis politiques. C’est la loi du genre, un inconvénient majeur que peu d’observateurs de la scène politique ont souligné. Et là, en l’occurrence, les ténors de la scène politique, notamment Ennahdha, avaient déjà savonné la planche du chef du gouvernement en criant haut et fort qu’ils ne se satisferaient pas d’un rôle de figuration, et qu’ils voulaient un nombre de maroquins en rapport avec leur poids politique. Le chantage se voyait comme le nez au milieu de la figure : A défaut d’une représentativité à la hauteur des attentes, le vote de confiance n’était pas garanti. Chahed était piégé dès le début. Pour l’indépendance qu’il était censé incarner, on repassera.

Où sont les femmes ??

Si on ne veut pas regarder que la partie vide du verre, on dira, tout de même, que parmi les 26 ministres de ce gouvernement, 17 sont nouveaux. Autre brevet de satisfecit : Les 14 secrétaires d’Etat sont tous presque d’illustres inconnus. A n’en pas douter, un vent de renouveau, du moins pour la forme, souffle sur le somment de l’Etat. Mais il y a, hélas, les autres trains qui ne sont pas arrivés à l’heure. Chahed nous avait annoncé un gouvernement plus jeune et où les femmes seraient mieux représentées. La promesse n’est que partiellement tenue. Seuls 5 membres de cette équipe ont moins de 35 ans. C’est pas mal en soi, mais peut mieux faire, nettement mieux. Idem pour les femmes. Elles ne sont que 8 (6 ministres et 2 secrétaires d’Etat) sur une équipe de 40 personnes. En matière de féminisation, on a vu mieux !

Le moins qu’on puisse dire est que le démarrage de Chahed présente des ratés, et pas des moindres. Des actes conformes aux promesses, c’est cela le ciment de la parole publique et le gage de la crédibilité des dirigeants. Cette crédibilité est le capital des gouvernants, s’il est entamé, tout l’édifice s’effondre. Là en l’occurrence le chef du gouvernement a récolté des mauvais points. Cela ne préjuge pas de la suite, mais il a intérêt à ne pas accumuler les rendez-vous manqués…

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