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Tunisie-Sondage : Ces 62,2% de satisfaits qui font du mal à leur patrie

On ne sait pas si Youssef Chahed a sauté de joie en l’apprenant, mais le chef du gouvernement a une très bonne cote de popularité, d’après le sondage d’opinion de Sigma Conseil du mois d’octobre publié ce jeudi 6 octobre 2016 dans le journal « Le Maghreb ». 62,2%, c’est le taux de Tunisiens qui se déclarent satisfaits du rendement de Youssef Chahed, et à peine 24,4% des citoyens qui se disent « non satisfaits ». C’est un taux de satisfaction qui est quasiment au zénith compte tenu du fait que Chahed, et ce n’est pas lui faire injure en le disant, n’a encore rien fait de palpable qui justifie cette béatitude des Tunisiens. Donc de quel rendement parle-t-on ?! Ce n’est un secret pour personne : A part une allocution de haut vol à l’ARP le soir du vote de confiance, lequel d’ailleurs n’a pas été suivi par un vrai discours de politique générale devant les parlementaires, une anomalie dans une démocratie ; à part des envolées sur la situation du pays à la télévision nationale le 28 septembre 2016, les Tunisiens n’ont pas grand chose à se mettre sous la dent.

Le pays est un immense chantier, avec des projets qui stagnent à tous les niveaux. L’économie attend des réformes courageuses et douloureuses qu’on ne cesse d’annoncer mais qu’on repousse sans cesse, la paix sociale est loin d’être gagnée avec une UGTT qui ne veut rien lâcher sur les majorations salariales, alors que pour le FMI c’est une ligne rouge, l’environnement a été dégradé comme jamais, les actes d’incivilité ont explosé… Bref, la tâche est colossale pour Youssef Chahed. Alors, encore une fois, de quel rendement parle-t-on ? A moins que les sondés n’aient pas saisi toutes les nuances des questions qu’on leur a posées et qu’ils passent, par conséquent, à côté des vraies réponses. La deuxième explication pourrait être le fait que Chahed surfe actuellement sur une espèce de période de grâce où les usages veulent qu’ont ait un préjugé favorable sur la nouvelle équipe gouvernement et qu’on lui accorde le bénéfice du doute. La troisième pourrait très bien être le fait que les Tunisiens interprètent l’immobilisme actuel de Chahed, et même une certaine peur de tailler dans le vif, comme la marque d’un chef du gouvernement qui arrive à réformer, remettre les citoyens au travail et redresser le pays sans faire de vagues, ce qui matériellement n’est pas possible, surtout dans le cas de la Tunisie.

La popularité d’Essid avant la disgrâce, un cas d’école

Il n’y a pas si longtemps, le 30 mars 2016 exactement, la même boite, Sigma Conseil, avait pondu une enquête où 68,5%  des sondés déclaraient qu’ils étaient satisfaits des actions de l’ex-chef du gouvernement, Habib Essid, qui a été débarqué sans que les mêmes citoyens satisfaits ne lèvent le petit doigt. Bien sûr le travail a été fait, proprement, dans les règles de l’art : Le joyeux microcosme politique tunisien s’est débrouillé pour coller à Essid tous les maux du pays. L’affaire est passée au Parlement comme une lettre à la poste, avec les remerciements du supplicié – Essid – en plus. Ses bourreaux ne pouvaient pas rêver d’une exécution aussi rondement menée. Alors si j’étais à la place de Chahed, je me méfierais des cote de popularité au zénith et des brevets de satisfecit…

Je le dis aux citoyens, en prévision d’un autre sondage : Ce n’est pas rendre service à Chahed que de lui faire croire que c’est un génie dans la direction des affaires du pays avant qu’il nous en apporte la preuve, ce n’est pas aider le pays que de faire de son chef du gouvernement un champion des réformes avant qu’il n’ait attaqué les questions qui fâchent. Attendons au moins qu’il remporte son premier duel avec l’UGTT, qui l’attend au tournant avec les majorations salariales, avant d’émettre le moindre jugement sur son rendement. Mais ça part mal car pour le moment Chahed se refuse à attaquer frontalement l’UGTT en décrétant qu’il n’y aura pas le moindre dinar de plus sur les salaires de la fonction publique cette année. Ni les années à venir d’ailleurs si on veut être sérieux une seconde et faire preuve d’un minimum de sens des responsabilités.

Le meilleure façon d’accompagner Chahed dans son chemin de croix, c’est de lui faire comprendre qu’on préfère pour le moment se focaliser sur l’immense partie vide du verre, histoire de ne pas le laisser s’assoupir et se reposer sur des lauriers qu’il est loin d’avoir cueillis…

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