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Union africaine : La Tunisie la joue petit bras, pendant que le Maroc prépare son grand retour

Le sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est ouvert le dimanche 17 juillet 2016 dans la capitale du Rwanda, Kigali, a posé sur la table des problèmes tels que le conflit au Soudan du Sud et le terrorisme. Des problèmes incontournables en ce moment, notamment le terrorisme, qui frappe au Nigeria, au Cameroun et a déjà sévi en Tunisie, au Burkina Faso, au Kenya, en Côte d’Ivoire, au Mali et tout récemment à Nice, en France. Mais il y a un autre événement qui se fignolait dans les coulisses de cette grand-messe des dirigeants africains : Le grand retour du Maroc dans la communauté des chefs d’Etat africains, après un départ non moins fracassant en 1984 suite à l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), qui dispute au royaume chérifien la souveraineté sur le Sahara Occidental.

Le roi du Maroc, Mohamed VI, n’a pas fait le déplacement mais sa diplomatie a bien fait le travail, avec un activisme rarement observé. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, depuis la suite de son hôtel, a déployé toute sa science en la matière pour faire savoir les intentions et les appétits de son pays. Avant lui, il y a quelque temps, Nasser Bourita, ministre délégué aux Affaires étrangères, Yassine Mansouri, directeur général de la DGED et Taïeb Fassi-Fihri, conseiller diplomatique du roi, étaient montés au créneau, pour les mêmes raisons. Dès le vendredi 15 juillet 2016, Fassi-Fihri a installé ses quartiers à Kigali pour avoir une vue imprenable sur le ballet diplomatique qui se déploie et d’y imprimer sa marque. Mais le clou de cette offensive de charme du Maroc est sans doute la lettre de Mohammed VI, remise par Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants, au président tchadien, Idriss Deby Itno, président en exercice de l’UA. Le roi s’est fendu d’un discours vibrant, haut en couleurs, plein d’emphase et qui a dû remuer plus d’un dirigeant africain. Ce message est à la hauteur des ambitions affichées du royaume chérifien. Qu’on se le tienne pour dit : Le Maroc fait son « come-back », et il a l’intention de jouer les premiers rôles !

Une suite logique

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis que le Maroc a quitté l’Organisation de l’unité africaine. Personne n’a pu passer à côté des efforts de l’infatigable roi pour « vendre » son pays sur le continent, à coup d’interminables et fréquents séjours dans les pays africains. Mohamed VI a tellement bien réussi sa mission, qu’il s’est assigné lui-même, que près de la moitié des investissements marocains à l’étranger se font en Afrique. C’est par rien ! L’an dernier, 525 entreprises marocaines étaient considérées comme des ténors de l’export sur le continent. Certes l’Institut Amadeus, qui a fait une étude exhaustive sur la question, pense que les entreprises marocaines peuvent et doivent être nettement plus nombreuses sur le créneau au regard des initiatives de leur gouvernement, mais le fait est que le bilan du Maroc fait pâlir d’envie beaucoup de pays, la Tunisie par exemple.

D’après le rapport de l’Institut Amadeus, le Maroc est à la 46e position des partenaires commerciaux du continent africain. Mais ce classement pourrait vite évoluer grâce aux efforts de Mohamed VI pour densifier la coopération sud-sud, grâce au retour du Maroc dans l’UA et grâce à sa formidable armada diplomatique en Afrique.

Quid de la Tunisie ?

Et bien elle ronronne, elle sommeille si on veut, ou se repose sur ses lauriers, pas nombreux du reste. C’est selon. En tout cas ce qui est sûr c’est que la diplomatie de la Tunisie sur le continent n’affole pas les compteurs, à tous les niveaux. Il est vrai que dernièrement le contexte social et politique n’a pas joué en faveur de la Tunisie, avec 5 Premiers ministres et au moins autant de gouvernements depuis la révolte populaire qui a chassé Ben Ali en 2011. Difficile de maintenir un cap diplomatique face à autant de soubresauts et de changements. Mais même avant le départ du dictateur, le coeur de la Tunisie ne battait pas pour l’Afrique. Les dirigeants tunisiens ont toujours tourné le regard vers l’Europe, caressant le rêve chimérique d’une Union euro-méditerranéenne que le terrorisme et l’instabilité en Afrique du Nord ont pulvérisé en plein vol. Pour illustrer le peu d’intérêt de la Tunisie pour la chose africaine, il n’y a qu’à voir le nombre d’ambassades et consulats tunisiens sur le continent, une quinzaine là où le Maroc en affiche plus de 30.

L’ex-président tunisien Moncef Marzouki a bien gesticulé et fait des déclarations lyriques, en janvier 2012 au sommet de l’UA, sur l’attachement de la Tunisie à l’Afrique, mais tout cela n’a pas dépassé le stade des voeux pieux. Rien de notable n’a été fait depuis pour renforcer l’intégration africaine. Ou très peu. Il y a bien les projets de Tunisia Africa Business Council pour prospérer en Afrique ou les propos du ministre des Affaires étrangères, qui a dit dernièrement que la Tunisie allait ouvrir deux nouvelles missions diplomatiques en Afrique, mais ce sont des initiatives bien maigrelettes au regard de ce qu’il faut faire pour émerger vraiment et exister. Et puis il y a le problème de l’instabilité politique en Tunisie ; on s’apprête à éjecter l’actuel chef du gouvernement, Habib Essid, pour désigner le 6e… en 5 ans ! Alors qu’au Maroc le roi est sur la brèche africaine depuis un paquet d’années. Pas de doute, le match à distance entre la Tunisie et le Maroc tourne nettement à l’avantage du royaume chérifien. Et il y a de fortes chances que ça dure, malheureusement pour la Tunisie…

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