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« Le retard dans la formation du gouvernement engendrera des complications socio-économiques », martèle Sami Arfaoui

Dans une interview accordée ce mercredi 27 juillet à Africanmanager, l’expert en économie Sami Arfaoui a mis en garde contre le retard de la formation du gouvernement, qui engendrerait des complications d’ordre socio-économique du moment que le pays est confronté à une multitude de défis.

Pour espérer s’en sortir, Arfaoui a souligné la necessité d’accélérer le processus de reforme, de lancer des grands chantiers, de simplifier les textes de loi et d’alléger les procédures administratives régissant les activités économiques. Interview:

Comment évaluez-vous la situation économique actuelle?

La Tunisie affronte aujourd’hui une crise majeure qui s’approfondit de jour en jour. Une telle situation ne peut pas continuer et des mesures urgentes doivent être prises pour sauver le pays.

L’analyse de la situation économique actuelle de la Tunisie, tout en se basant sur des indicateurs établis par la BCT et l’INS, se résume comme suit :

– Une croissance faible, autour de 1%, pendant le première trimestre 2016 ; rappelons que le taux prévu est de 2% d’ici la fin d’année

– un taux de chômage jusqu’au premier trimestre de l’ordre de 15.4%

– une baisse des recettes touristiques durant le premier semestre 2016, en comparaison avec la même période de l’année précédente

– une dégradation des avoirs nets en devise en nombre de jours d’importation de 116 j en juillet 2015 à 111 j en juillet 2016

– une baisse de 1.3% à l’export et une baisse de 1.5% à l’import

– une campagne agricole 2015-2016 difficile en raison des conditions climatiques défavorables contribuant au freinage de la croissance

– une reprise lourde de l’activité industrielle

– une poursuite de la détérioration de l’activité dans le secteur des services

– une baisse du niveau de l’inflation au premier trimestre de 2016

– une détérioration de la liquidité structurelle, au cours du premier semestre de 2016

– une hausse de l’indice TUNINDEX conjuguée à une régression des émissions de bons du Trésor

et du volume des transactions sur le marché secondaire

– un creusement du déficit courant et détérioration de la balance des opérations en capital et

financières au cours du premier trimestre de 2016

– une dépréciation vertigineuse du dinar vis-à-vis de l’euro et du dollar américain.

L’ensemble de ces faits marquants prouve la crise réelle par laquelle passe l’économie nationale, et qui nécessite un travail de fond et courageux de l’Etat afin de faire face à cette dégradation économique et limiter les incidences indésirables, en l’occurrence celles rattachées au côté social et celles pouvant toucher la souveraineté de l’Etat vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux.

Le retard affiché au niveau de la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale aura certainement des retombées sur l’économie. Qu’en pensez-vous?

Certes le temps que le nouveau gouvernement a mis pour se mettre en place a épuisé la patience des Tunisiens et le retard de la formation d’un gouvernement engendrera des complications d’ordre socio-économique du moment que le pays manque de projets d’infrastructures. Les périmètres du marché informel s’amplifient, le phénomène de la corruption est en forte émergence, le climat social tendu et la lourdeur administrative font de l’investissement en Tunisie une aventure risquée. La situation des caisses sociales est déjà connue, les entreprises publiques pourraient se trouver paralysées du jour au lendemain faute de pouvoir assurer leur approvisionnement en matière première, à cause du blocage de leurs outils et équipements de production ou encore l’impossibilité d’obtenir la garantie de l’Etat pour leur refinancement. Toutes ces difficultés risquent d’être aggravées de plus en plus dans le cas où le gouvernement d’union retarde encore sa formation et les retombées sur l’économie nationale seront négatives, sans tenir compte d’autres aléas.

Qu’en est-il des secteurs les plus sensibles et qui pourraient être les plus touchées?

Pratiquement tout les secteurs économiques sont touchés, mais les plus sensibles sont certainement les activités d’export, en dépit de la légère amélioration réalisée au cours de l’année 2016, et le tourisme. Ils nécessitent une intervention de l’Etat et un travail lourd du gouvernement visant la dynamisation de ces deux secteurs clés susceptibles de sécuriser le niveau de nos avoirs en devise et de tenir victorieusement notre dinar vis-à-vis de l’euro et du dollar américain.

Dans pareille situation, quelles sont les actions à entreprendre pour sortir de l’ornière?

En ce qui concerne le secteur du tourisme, les propositions d’urgence tournent autour de la nécessité de trouver une solution permettant aux touristes algériens de faciliter les opérations de change et de passage aux frontières, l’octroi aux Tunisiens de crédits pour le divertissement, tout en soutenant les travailleurs dans le secteur touristique.

Les autres mesures concernent la création d’une commission chargée du tourisme au sein de l’ARP

Pour ce qui est de l’export, on souligne la necessité de favoriser une stratégie commerciale nationale focalisée sur la diversification des exportations (produit et marché) visant à orienter la politique du pays dans ce domaine vers des créneaux porteurs adaptés à la demande mondiale et à l’émergence de nouveaux marchés dynamiques.

Il est aussi temps d’adopter une diplomatie économique efficace par le biais des efforts de nos ambassades implantées dans le monde entier afin d’assister nos hommes d’affaires pour conquérir les marchés extérieurs et sensibiliser les hommes d’affaires étrangers sur l’importance des opportunités pouvant exister en Tunisie .

De même, il faut apporter plus d’assistance en termes financier et technique aux PME pour pouvoir faire face à la concurrence internationale, en améliorant la qualité de la main d’œuvre qualifiée et en fortifiant leur structure de production en suivant des plans réels de mise à niveau.

Par ailleurs, d’une façon stratégique pour espérer s’en sortir, il est d’impératif d’accélérer le processus de reforme, de lancer les grands chantiers, de simplifier les textes de loi et d’alléger les procédures administratives régissant les activités économiques.

Quelles seraient les tâches du futur gouvernement pour gagner ce challenge?

La mission est claire :

Le premier grand défi du prochain gouvernement sera celui de savoir de poursuivre et intensifier la guerre contre le terrorisme, tout en l’inscrivant dans une stratégie multidimensionnelle suivant un mécanisme de coordination efficace et avec une prise effective des responsabilités.

L’évaluation exacte du risque réel qui peut atteindre les finances publiques. Cela passerait par une vérification de la capacité à honorer ses engagements financiers.

L’autre tâche concerne bien évidemment la reprise de la production dans le bassin minier, tout en remettant la Tunisie au travail et en débarrassant l’administration des recrutements partisans et des faux cadres.

Par ailleurs le futur gouvernement est appelé à se dépêcher pour promulguer le nouveau code de l’investissement avant la fin 2016 ; avec ledit code, le site Tunisie sera plus attractif pour l’investissement tunisien et étranger et peut être une vitrine sur le sort des investisseurs. Pour accélérer l’investissement, il faut lancer les projets pour pouvoir créer plus d’emplois.

L’autre tâche sera la mise en oeuvre rigoureuse du plan quinquennal 2016-2020.

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