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Tunis : Le relèvement de l’âge de la retraite est une question de vie ou de mort », selon Ahmed Ammar Younbai

Dans une interview exclusive accordée à Africanmanager, le ministre des Affaires sociales sortant,  Ahmed Ammar Younbai  affirme que l’augmentation de  l’âge de la retraire est  une question de vie ou de mort pour remédier  au déficit de la CNRPS dans les 5 années à venir  sachant que les caisses sociales ont enregistré un manque à gagner de 603,073 millions de dinars en 2015.

Il a d’autre pas assuré que le gouvernement  œuvre pour que 2016 soit une année décisive pour la mise en place  d’une stratégie visant la lutte contre la pauvreté, annonçant que 650 mille personnes vont bénéficier de la majoration du  SMIG et du SMAG qui entre en vigueur le mois courant. Interview :

Qu’en est-il du climat social qui a marqué la Tunisie en 2015 ?

D’après les dernières statistiques, 342 grèves ont été enregistrées en 2015 contre 486 en 2014, ce qui correspond à une baisse de 29.63%.

255 grèves ont été observées dans le secteur privé, soit une baisse de 31.27% contre 87 dans le secteur public. Ce faisant, le nombre des grèves a reculé de 26.32% dans la fonction publique  et de 23.38 % dans les entreprises publiques comme le montre ce tableau :

 

2014 2015 Taux d’évolution
Secteur privé 371 255 -31.27%
Entreprises publiques 77 59 -23.38%
Fonction publique 38 28 -26.32%
Total 486 342 -29.63%

 

Si on procède à une petite comparaison entre le premier semestre  et le deuxième semestre 2015 , on remarquera  une baisse considérable de -78.26% au niveau des grèves enregistrées dans la fonction publique.  C’est la preuve que l’accord relatif aux majorations salariales dans la fonction publique a porté ses fruits.

De même,  le nombre des jours perdus a reculé de -2.17%, pour s’établir à 344.030 en 2015 contre 351.672  en  2014 dont 216.219 dans la fonction publique. D’ailleurs, un recul a été noté en termes de préavis de grève dont le nombre a atteint 707 en 2015 contre 935 en 2014. Quelque 567 parmi ces 707 grèves ont été déjà résolus.

Et pour la grève décrétée par la commission administrative sectorielle de l’enseignement secondaire relevant de l’UGTT le 27 janvier, dans tous les collèges et lycées secondaires  ?

Les décrets concernant les professeurs d’éducation physique et les professeurs du corps commun seront publiés dans le JORT avant le 27 janvier.

Vos prévisions pour 2016 ?

Je suis optimiste quant à l’amélioration du climat social au cours de 2016.

Cette année sera  celle de la paix sociale surtout avec l’accord conclu en 2015, celui relatif aux augmentations salariales dans la fonction publique. Ceci ne signifie pas l’organisation de grèves importantes, mais qu’il n’y aura plus de tension dans le climat social comme c’est le cas dans le secteur privé en raison de  l’attente de nouvelles augmentations salariales par d’environ 1.6 million de personnes.

Il n’y aura plus des grèves au cours de cette année étant donné que  les grands problèmes ont été résolus  d’autant moins  qu’ il n’y aura pas des nouvelles augmentations.

On peut affirmer qu’on acheté la paix sociale pour une période déterminée, et ceci nous a coûté environ 1800 millions de dinars,  et c’est pour cette raison que les choses qui auront des répercussions financières ne pourraient pas se produire au cours de la prochaine période.

Parlons un peu de la situation des caisses sociales, pouvez-vous nous en dresser le bilan pour l’exercice de 2015 ?

Le déficit de trois caisses sociales a atteint 603,073 millions de dinars au cours de l’année 2015,  et il pourrait atteindre 4,6 milliards de dinars d’ici 2020, si l’âge de départ à la retraite n’est pas relevé.

En effet, la Caisse Nationale de la Retraire et de Prévoyance Sociale (SNRPS)  se porte très mal et risque de s’enfoncer davantage dans les déficits. Son déficit a atteint 427,918 millions de dinars en 2015.

La situation demeure moins grave au sein de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale(CNSS) et son déficit est moindre que celui réalisé de la CNRPS. D’ailleurs, il s’est élevé à 703,633 millions de dinars au cours de trois dernières années dont 283,318 millions de dinars en 2015.

Contrairement à ce que l’on peut croire,  la CNAM a pu réaliser + 243,831 millions de dinars durant les deux dernières années dont 108,318 millions de dinars réalisés en 2015  alors que les prévisions tablent sur une aggravation de son déficit au cours de cette période.

Cette performance s’explique également par la bonne gouvernance menée par le département des Affaires sociales ainsi que par l’ensemble des mesures prises pour réduire le déficit de la CNAM,  à savoir notamment le recouvrement d’une partie des dettes des affiliés qui ont dépassé le plafond de remboursement de leurs frais de soins.

Vous avez affirmé à maintes reprises que l’augmentation de l’âge de la retraire demeure la solution adéquate pour y faire face. Est-ce encore votre position ?

L’augmentation de  l’âge de retraire demeure une question de vie ou de mort pour remédier au déficit de la CNRPS dans les 5 années à venir. En trois ans, son déficit s’est aggravé pour atteindre 901,030 millions de dinars. C’est  la meilleure solution et j’estime qu’il y a lieu de soumettre le projet de loi y afférents  à l’ARP pour examen et approbation au cours de ce mois, sinon ce serait la catastrophe surtout que la  CNSS et la CNRPS ne seront plus à même de verser les pensions à leurs bénéficiaires.

Un projet est en cours pour a mise en place d’une banque de données sur les familles nécessiteuses. Pouvez-vous nous en donner plus d’éclaircissements ?

Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une opération de recensement touchant environ 900 mille familles sur l’ensemble du territoire tunisien et qui sont reparties entre 236 mille familles nécessiteuses  et 623 mille bénéficiant des soins gratuits alors que le reste sont déjà sur la liste d’attente. 900 mille familles regroupent environ 3  millions de Tunisiens. Cette opération nécessite, à mon avis, une année de préparation étant donné qu’elle exige l’intervention de tous les acteurs intervenants.

A ce titre, le département a entamé la première étape de cette opération en passant par la formation des agents.  La seconde étape dont le démarrage est  prévu en 2016, concerne  l’audit  et le travail sur le terrain.

Dans ce cadre, je saisis cette occasion pour rappeler que le gouvernement œuvre pour que 2016 soit une année décisive en termes de  mise en place d’une stratégie visant la lutte contre la pauvreté..

Avez-vous une date précise sur la publication de la liste  de noms des martyrs de la révolution ?

Le Haut Comité des droits de l’Homme et des libertés fondamentales (HCDHLF) est le premier responsable de cette liste et je pense que son président Taoufik Bouderbela l’a présentée aux trois présidents en attendant sa publication dans le JORT.

S’agissant de la liste des blessés de la révolution, elle prendra, à mon avis, plus de temps car elle nécessite un travail approfondi et un audit.C’est logique puisqu’il s’agit d’une liste élargie dont le nombre dépasse celui des martyrs. Le nombre des martyrs pourrait donc, atteindre le millier.

Des milliers d’ouvriers travaillant dans les chantiers attendent encore la régularisation de leur situation. Que peuvent-ils espérer ?

Une commission chargée de ce dossier a été créée, et elle a déjà présenté ses suggestions en la matière.

A cet égard, 5077 personnes ont atteint l’âge de la retraire et ces derniers ont été intégrés dans la liste des familles nécessiteuses tout en bénéficiant des soins gratuits..

Pour les autres dont leur nombre est estimé à 60 mille, il est proposé de former les ouvriers pour qu’ils soient capables de créer leurs propres projets.

On a aussi un grand nombre d’ouvriers qu’on pourrait  regrouper pour les aider à mettre en place leurs sociétés de service et d’autres qu’on pourrait recruter.

Ce programme sera clarifié, une fois  confié à  la commission pour promulgation avant d’être  présentée à la présidence du gouvernement et la présidence de l’ARP pour examen.

Avez-vous une date concernant  l’entrée en vigueur de la majoration du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et du salaire minimum agricole garanti (SMAG) ?

Cette mesure est déjà entrée en vigueur et il est prévu que 650 mille retraités vont bénéficier de cette augmentation à partir de janvier courant, avec effet rétroactif à partir de mai 2015.

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