Le président de la République Beji Caied a proclamé mardi soir, l’état d’urgence en Tunisie et décrété le couvre-feu dans le Grand Tunis, mesures d’exception prises pour trente jours suite à l’attentat qui a fait au moins 13 morts contre un bus de la garde présidentielle.
L’atentat est revendiqué ce mercredi, par l’Etat Islamique « Daech » et a obligé le président de la République à annuler une visite d’Etat prévue en Suisse alors que le conseil de sécurité nationale a annoncé l’activation du fond de lutte antiterroriste dont le projet date de 2013…
Dans l’émotion collective qui avait suivi la tragédie, le ministère de l’intérieur a indiqué que le kamikaze a utilisé une ceinture explosive contenant 10 kilogrammes d’explosifs militaires. De même, ce département a ajouté dans un communiqué rendu public que l’explosif utilisé est du Semtex, explosif déjà utilisé pour fabriquer des ceintures explosives qui ont été saisies en 2014 et apportées illégalement de la Libye.
Mesures efficaces, mais beaucoup reste à faire
Pour plusieurs observateurs, la proclamation de l’état d’urgence, un mois après sa levée semble indiquer que le risque terroriste a évolué favorablement aux yeux de la présidence de la République. Cette dernière avait rappelle-t-on, déjà décrété l’état d’urgence au début de juillet à la suite de l’attaque revendiquée par l’Etat Islamique contre une station balnéaire près de Sousse qui avait fait 38 morts parmi des touristes étrangers.
L’expert en sécurité stratégique Ali Zeramdini a dans ce cadre affirmé que ces mesures viennent dans un contexte délicat ou la Tunisie se trouve aujourd’hui face à une guerre contre ce danger qui a pris de l’ampleur..Mais, elles devraient être accompagnées par d’autres mesures afin de lutter efficacement contre ce fléau, selon ses propos.
«L’état d’urgence et le couvre-feu permettront certainement de garantir la sécurité dans le pays, mais notre pays a besoin d’autres mesures d’ordre opérationnel qui demeurent utiles pour gagner ce challenge », a-t-il souligné mettant l’accent sur l’importance d’activer la loi relative à la lutte contre le terrorisme ».
Un avis partagé par le syndicat de la Sécurité Présidentielle qui par la voix de son secrétaire général Hichem Guarbi a appelé les autorités à mettre en place des mesures efficaces pour éradiquer ce fléau dangereux et destructeur qui menace tous les pays. Car, la proclamation de l’état d’urgence et le couvre-feu ne sont que des mesures accessoires, selon ses dires.
« L’activation de cette loi est plus que jamais impérieuse pour que les agents de sécurité puissent accomplir convenablement leurs missions et c’est pour cette raison qu’on appelle le gouvernement à agir dans les plus brefs délais comme c’est le cas de la France qui gère bien la guerre contre ce fléau », a-t-il encore indiqué.
Les unités sécuritaires en colère….
L’appel dudit syndicat vient à un moment où les autres unités sécuritaires ont haussé le ton en imputant la responsabilité de l’attentat terroriste contre un bus de la garde présidentielle au gouvernement et à l’ensemble des politiciens.
Comme justification, le syndicat national des fores de sécurité intérieure et l’union nationale des forces de sureté tunisienne ont pointé du doigt les décisions anarchiques et des nominations faites selon l’appartenance partisane sans oublier le manque de volonté politique pour lutter contre le terrorisme.
Les unités sécuritaires ont appelé les autorités à garantir les droits matériels des martyrs et blessés de l’attentat terroriste tout en séparant les collectivités locales du ministère de l’intérieur.
Elles ont par ailleurs appelé à la création de prisons spécialisées dans les crimes terroristes et à juger les associations suspectées de financer le terrorisme.
