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Tunis : Trop de fonctionnaires et ca ne réduira pas le chômage,, affirment deux experts

La fonction publique ne cesse de payer cher la facture des erreurs commises par les différents gouvernements qui se sont succédé depuis la Révolution. Il semble par ailleurs qu’aucun gouvernement d’après le 14 janvier n’a tiré les leçons des erreurs précédentes, partant de la troïka jusqu’à arriver au gouvernement de Habib Essid, fraichement mis en place. Oui ! C’est au tour du gouvernement d’Essid d’encombrer davantage l’administration de fonctionnaires et de faire croire aux Tunisiens qu’il est en train de créer des postes d’emplois, alors qu’il ne fait qu’alourdir le budget avec des recrutements inutiles et non rentables. Le 6 février dernier, le chef du gouvernement crée la surprise et annonce le recrutement de 23 mille agents dans la fonction publique et les institutions publiques. Une décision qui n’a pas plu aux experts économiques, qui n’ont pas manqué de tirer la sonnette d’alarme.

Mohamed Salah Ayari, conseiller fiscal et enseignant universitaire, a fait savoir dans une déclaration ce mardi 9 février 2016 à Africanmanager qu’à priori, le fait d’annoncer le recrutement d’un nombre assez important de l’ordre de 23 mille personnes ne peut résoudre le problème du nombre élevé de chômeurs diplômés en Tunisie, qui s’élève actuellement à 650 mille dont 240 mille parmi les diplômés de l’enseignement supérieur.

Il a indiqué que ces recrutements vont avoir lieu dans la fonction publique alors que  le nombre des fonctionnaires actuellement dépasse de loin les besoins réels de l’administration tunisienne. L’effectif actuel est presque le double de l’effectif qui devrait exister dans la fonction publique.

Le fiscaliste a, dans le même ordre d’idées, indiqué que la masse salariale prévue dans le cadre du budget de l’Etat pour l’année 2016 a été fixée à 13 000 MD, ce qui représente 44,59% de l’ensemble des ressources budgétaires qui s’élève à 29 150 MD pour l’année en question. La masse salariale au titre de l’année 2014 a été de l’ordre de 10 541MD par rapport aux ressources budgétaires qui étaient de 27 276MD, soit 38,64%. « Cette situation qui n’a cessé d’empirer d’une année à une autre n’a fait qu’aggraver le déficit budgétaire du moment que les crédits accordés à la Tunisie sont absorbés en grande partie par les salaires et les subventions », a expliqué Ayari, avant d’estimer que les dépenses d’investissement contrairement aux salaires n’ont cessé de diminuer pour passer de 5800 MD dans le cadre de la loi de finances initiale pour l’année 2015 à 5401 MD dans le budget de l’année 2016.

Il a ajouté que même si ces nouveaux recrutements vont réduire le nombre des chômeurs en Tunisie, ils vont aggraver l’équilibre budgétaire du pays.

Mohamed Salah Ayari a évoqué un autre problème non moins important, estimant que bien que la masse salariale n’ait cessé d’augmenter au fil des années, le rendement dans la fonction publique reste à désirer.

Il est à signaler par ailleurs que le problème de l’encombrement de la fonction publique ne date pas d’aujourd’hui. Durant les années 2012 et 2013, quelque 61 mille personnes ont été recrutées dans la fonction publique. En 2013, 9700 millions de dinars ont été alloués aux salaires dans la fonction publique contre 8800 millions de dinars durant l’année 2012, soit 34,4% du budget de l’Etat de l’année 2012 et 36,2% du budget 2013.

S’exprimant depuis Paris, l’expert bancaire Achraf Ayadi n’a pas manqué de faire savoir son étonnement quant aux nouveaux recrutements qui devraient avoir lieu dans la fonction publique. Dans une déclaration ce mardi 9 février 2016 à Africanmanager il a reproché au gouvernement en place l’annonce de telles décisions « irresponsables », selon ses dires.

« Bien qu’on s’accorde à dire que l’administration tunisienne est devenue pléthorique, on continue d’augmenter la charge au lieu de la rationaliser. Il y a beaucoup d’inefficacité opérationnelle et des gisements de productivité non exploités dans l’administration publique », a-t-il dit.

Selon lui, le gouvernement doit créer avant tout de la croissance tout en stimulant l’investissement et en mettant en place un plan Marsall, locomotive de l’économie.

Il a indiqué que le gouvernement de Habib Essid est en train de reproduire les mêmes erreurs que les gouvernements post-révolutionnaires qui l’ont précédé, qui se sont focalisés sur la distribution de « salaires gratuits » et ont aggravé entre autres l’inflation, le déficit budgétaire et la dette de l’Etat. « Avec ces nouveaux recrutements, le problème du chômage ne pourra pas être résolu », a-t-il conclu

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