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Habib Karaouli : Il faut renouer avec la croissance au lieu de financer l’inactivité

Habib Karaouli, PDG de la Banque d’affaires de Tunisie, récemment rebaptisée « Capbank », a accordé à Africanmanager une interview exclusive où il a évoqué plusieurs sujets dont la nouvelle identité visuelle, la stratégie de la Banque et ses perspectives de développement.

Le PDG de ladite Banque a également donné son avis sur la cession de certaines parts de l’État dans les banques publiques et les banques à participation non stratégique. La déclaration de la ministre des Finances, Lamia Zribi, sur le départ volontaire des agents de la fonction publique a été aussi évoquée dans cette interview.

Vous venez de décréter une nouvelle identité pour la BAT. Pour quels objectifs?

Après 20 ans d’existence et après avoir consolidé notre position à l’échelle domestique et réalisé plusieurs succès sur un certain nombre d’opérations multi-sectorielles et après une analyse macro-économique, nous avons pensé qu’il est temps de nous repositionner à l’échelle nationale et internationale.

Et à partir des analyses confirmées par plusieurs experts en la matière, il est clair que le 21ème siècle sera celui du relais de la croissance en Asie et en Afrique.

Nous avons aussi pensé qu’on devrait se repositionner stratégiquement dans notre marché naturel qui est l’Afrique avec les atouts dont nous disposons, les expériences cumulées, avec nos histoires de réussite mais aussi avec nos échecs pour pouvoir établir des partenariats dans la durée.

Est-il facile aujourd’hui de pénétrer le marché africain?

Il est clair que rien n’est facile, tout le monde maintenant s’oriente vers l’Afrique subsaharienne, mais moi je pense que nous avons nos atouts et un certain nombre d’éléments qui nous permettant quand même de penser que nous pouvons faire prévaloir nos acquis. Il y a des pays avec de gros moyens qui cherchent à se repositionner sur ce marché là, mais nous nous n’avons strictement aucune chance de les concurrencer parce que primo ce n’est pas notre vocation et secundo on n’a pas les moyens. En revanche on peut aller avec nos atouts, pour dupliquer le modèle africain et s’en inspirer pour mettre en place des partenariats qui durent.

Mais selon certains experts, la Tunisie accuse un gros retard pour son rayonnement en Afrique, contrairement à d’autres pays comme le Maroc et l’Algérie ou encore la Turquie. Qu’est ce que vous en pensez?

Malheureusement c’est le cas alors que nous avions été les premiers dans les années 60 à avoir été en Afrique subsaharienne. Je rappelle que parmi les premières banques implantées au Sénégal, il y a la banque tuniso-sénégalaise ;  nous avons une participation dans une banque en Afrique et une compagnie d’assurance tunisienne au Niger mais nous n’avons pas eu  le souffle pour développer tout cela et faire en sorte d’avoir une position qui soit plus importante que ce que nous avons actuellement. Mais, il n’est jamais trop tard, on peut utiliser nos atouts qui sont toujours très importants.

Quel bilan peut-on en tirer?

Notre travail porte sur plusieurs volets. Nous faisons des opérations d’acquisition et de fusion, des introductions en bourse, des levées de fonds et de restructuration de la dette. Au moment où le pays était en pleine crise, nous n’avons pas arrêté de travailler, de prendre des initiatives et de créer des fonds. En 2011, en pleine Révolution, nous avons mis en place un fonds pour financer les PME et les PMI. Nous pensions qu’on devait être contracyclique, c’est au moment où il y a des crises et des difficultés qu’il faut entreprendre. Nous ne concevons pas la crise comme étant un facteur incapacitant, mais au contraire une opportunité qu’il faut absolument exploiter.

Avez-vous des chiffres sur le nombre d’opérations réalisées en 2016?

Oui ! En 2016, nous avons réalisé 7 transactions dont la plus importante est l’école internationale de Carthage, une opération que nous avons faite pour le compte de l’État avec un produit important. Nous avons aussi accompagné une grande société d’assurance et restructuré un certain nombre d’autres entreprises publiques et privées.

Notre objectif est de faire en sorte d’avoir des affaires en dehors de la Tunisie et c’est pour cela que nous avons changé notre identité visuelle et affiché notre objectif qui est d’aller vers l’Afrique et l’Asie.

La cession des parts de l’État dans les banques publiques est un des scénarios dont on parle depuis plusieurs jours. Qu’en pensez-vous? 

Je crois qu’il s’agit d’une proposition et je ne crois pas que les choses soient matures, surtout sur l’exercice 2017. C’est un scénario parmi d’autres, et même sur le plan réalisation, on ne peut pas entamer ce processus sur l’exercice 2017. Ce n’est pas réalisable.

Le départ volontaire a été aussi un des scénarios évoqué par la ministre pour réduire la masse salariale. Partagez-vous cette idée?

L’État n’a pas de choix, c’est une solution parmi d’autres, il faut étudier cela de manière sereine et très approfondie. Il est clair que recourir à cette solution n’est pas une solution de facilité.

Mais certains experts ont mis en garde contre le départ des compétences du public. Peut-on craindre ce scénario?

Dans un certain nombre de secteurs, il est clair que faire partir des gens proches de l’âge de 50 ans c’est faire de l’écrémage et faire partir les meilleurs, or ce n’est pas l’objectif. Il faut étudier au cas par cas parce qu’il n’y a pas une règle bien précise. On a besoin d’une politique active, de renouer avec la croissance et de créer de l’emploi plutôt que financer l’inactivité.

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