AccueilLa UNEPrivatisation des banques : Chahed va foncer, malgré les risques de déflagration

Privatisation des banques : Chahed va foncer, malgré les risques de déflagration

La décision du Fonds Monétaire International (FMI) de geler une partie du crédit réservé à la Tunisie a poussé le gouvernement à étudier la possibilité de vendre des parts dans certaines banques publiques ou à participation non stratégique, au cours de l’année 2017. Une proposition qui a été à l’origine d’une grosse polémique dans le pays. Certains experts en la matière ont considéré que la privatisation de ces banques est une ligne rouge alors que d’autres se réjouissent de cette orientation, estimant qu’une telle décision serait bénéfique pour l’État, notamment dans le renflouage des caisses et la réduction, entre autres, du déficit des finances publiques. Nous apprenons toutefois d’une source proche du dossier que le gouvernement de Chahed s’apprête à lancer officiellement la décision de privatiser prioritairement les banques à participation non stratégique, mais attend le moment opportun pour l’annonce. Il semble que le dernier remaniement ministériel ait bouleversé les choses, surtout avec le changement du ministre de la Fonction publique. Une décision n’a pas plu à la partie syndicale, qui a accusé Chahed de ne pas respecter l’esprit du pacte de Carthage, alors imaginez la réaction de l’UGTT avec une annonce officielle de privatisation!

Le député du Front populaire (FP) et président de la Commission des finances à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) Mongi Rahoui a affirmé, dans une déclaration,ce lundi 27 février 2017 à Africanmanager, que l’affaire de la privatisation des banques publiques ne date pas d’aujourd’hui, mais a été de nouveau mise sur la table à cause de l’énorme pression que subit Youssef Chahed de la part du FMI.

Il a par ailleurs indiqué que l’ARP s’opposera à cette orientation, avant de souligner que la privatisation des banques publiques est une ligne rouge. Dans une déclaration faite aux médias, il a en outre indiqué que le gouvernement n’a fourni aucun effort pour atteindre ses objectifs : « Qu’attendez-vous d’un gouvernement qui sert les intérêts des lobbies ? », s’est-il interrogé, avant de lancer qu’il est persuadé que l’État pourra céder des parts dans les banques publiques.

Et Rahoui de rajouter que les banques publiques appartiennent au peuple tunisien et que la décision de privatiser ces banques revient exclusivement à l’ARP.

De son côté, l’expert en économie et ancien ministre des Finances Houcine Dimassi a, dans une déclaration à Africanmanager, indiqué que la privatisation des banques publiques n’est pas la bonne décision et que cela aura certainement des effets négatifs. Et de préciser que les banques publiques appliquent les politiques et les stratégies financières et économiques que l’État a élaborées pour un certain nombre de secteurs dont le tourisme et l’agriculture, et que si elles sont privatisées, on ne peut plus parler de plan d’action.

Pour dépasser la crise financière des banques publiques, Dimassi a appelé à revoir la relation entre l’État et ces institutions financières à travers la signature d’un accord définissant les prérogatives de chaque partie. Les rapports actuels entre l’État et les institutions financières sont à caractère administratif, ce qui a aggravé, selon ses déclarations, la crise des banques publiques.

Il a fait savoir, en outre, que le FMI ne va pas encore accorder de crédit à la Tunisie parce qu’elle n’a pas tenu ses promesses et ses engagements en termes de réformes, rappelant l’augmentation récente des salaires dans le secteur public, une décision contraire à ce qui a été convenu entre le gouvernement tunisien et le FMI, qui a exigé la réforme de l’administration tunisienne, de la fonction publique et de la fiscalité. « La décision du gel des crédits aura certainement un impact négatif sur les autres bailleurs de fonds, telles que la Banque Mondiale ou encore la Banque africaine de développement (BAD) », a assuré Dimassi.

Quant à lui, l’ancien ministre du Commerce Mohsen Hassan a indiqué, dans un statut posté sur sa page Facebook, que la privatisation (totale ou partielle) des trois banques publiques, STB, BNA et BH, qui accaparent 40% des actifs bancaires en Tunisie, est un dossier épineux à gérer par le gouvernement de Youssef Chahed. « Beaucoup d’arguments plaident en faveur de ce désengagement de l’État de ce secteur vital pour l’économie tunisienne. Gain immédiat pour le gouvernement qui va trouver des ressources indispensables pour réduire le déficit des finances publiques », a-t-il expliqué.

De plus, un business model a été mis en place afin « d’améliorer leur compétitivité, de renforcer leur notoriété et de faciliter l’accès à de futurs partenaires stratégiques ou techniques privés »
La privatisation pourrait, ainsi, selon ses déclarations, encourager les partenaires de la Tunisie et être un facteur de dynamisation de la croissance. « Cela dit, la partie n’est pas gagnée. les partenaires sociaux et les employés de ces institutions, estimés à 6000, ont besoin d’être sensibilisés et impliqués dans cette grande reforme », a-t-il dit.

Et Mohsen Hassan d’ajouter que la situation économique et sociale dans le pays et le manque de visibilité de la classe politique risquent de constituer des handicaps qui empêcheraient l’opération d’aboutir dans des délais rapides.

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