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Tunis-Négociations salariales : L’Utica « achète » moins cher sa paix sociale !

Après de longues discussions et des pourparlers plus tendus que jamais, la centrale syndicale cède au patronat qui achète moins cher sa paix sociale. L’accord portant sur une augmentation salariale dans le secteur privé a été signé ce mardi 19 janvier 2016 à la Kasbah, entre l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (Utica) sous le patronage du ministre des Affaires sociales, Mahmoud Ben Romdhane, et le conseiller du chef du gouvernement chargé des Affaires sociales, Sayed Blel. Cette augmentation qui prévoit une majoration de 6% plus une indemnité kilométrique de 10 dinars et une indemnité de présence de 3 dinars, bénéficiera à quelques 1,5 millions de salariés répartis sur plus de 50 branches d’activités régies par des conventions collectives sectorielles. Une  augmentation salariale décidée avec effet rétroactif à compter du mois de septembre 2015.

La signature de l’accord en question apporte la démonstration que le secteur privé aura su tenir tête à la centrale syndicale et lui faire prendre conscience de la gravité  de la conjoncture économique et donner par conséquent raison aux réserves du patronat quant à une augmentation qui hypothéquerait les chances de toute reprise économique grâce au secteur privé. Une  augmentation salariale de 15 % proposée par exemple par l’UGTT dans le privé a été jugée « irrationnelle » par l’organisation patronale compte tenu de la situation économique par laquelle passe le pays actuellement. L’Utica avait également exprimé son opposition aux menaces de grèves générales annoncées dans le secteur privé, les qualifiant pareillement d’irraisonnables. Ce n’est pas seulement le patronat qui a alerté de ces menaces de grèves. Plusieurs experts économiques ont aussi mis en garde contre la dégradation de l’économie nationale qu’entraîneraient ces grèves dans la mesure où une grève de un (1) ou deux jours dans le secteur privé engendrera une perte de 1 ou 2% de la valeur ajoutée produite dans le pays.

A vrai dire, le secteur privé a su résister à une augmentation salariale malgré les pressions de la présidence du gouvernement et celle de la République. Notons à ce propos que le  secrétaire général de l’UGTT, Houcine Abassi s’est entretenu lundi 18 janvier 2016 avec le président de la République Béji Caied Essebssi. La rencontre a porté sur les majorations salariales dans le secteur privé, la situation socio-économique du pays ainsi que sur les questions politiques. Dans une déclaration à la presse à l’issue de cet entretien, Abassi a estimé, cependant,  que les négociations ont enregistré une avancée importante, sans pour autant entrer dans les détails. Le lendemain,  soit aujourd’hui, mardi 19 janvier, l’accord a été signé.

A vrai dire, l’intervention du président de la République dans l’augmentation des salaires du privé ne devrait pas être comprise comme une forme d’ingérence dans les affaires de l’UGTT ou celles de l’Utica et si BCE s’est entretenu avec Abassi, c’était juste pour le convaincre de la situation fragile du pays. Beaucoup sont ceux qui en ont tenu le gouvernement pour responsable. Plusieurs sont ceux aussi qui ont pointé du doigt le gouvernement, lequel doit en porter responsabilité dans la mesure où il a autorisé l’ouverture des négociations salariales dans le secteur tant public que privé. Dans une déclaration lundi 18 janvier 2016 à Africanmanager, l’ancien ministre des Finances, Houcine Dimassi avait reproché au gouvernement en place de permettre une augmentation salariale dans le secteur privé dans un pays qui peine à s’affirmer et à amorcer une reprise économique ou au moins à reprendre son rythme habituel à toutes les échelles.

Par ailleurs, selon des observations de la scène syndicale, le secteur privé aura acheté la paix sociale moins cher que le gouvernement. Pour rappel, l’augmentation salariale décidée dans le secteur publique avait profité à tous les agents de la fonction publique et tous les agents des entreprises et établissements publics (agents permanents et contractuels),  qui ont obtenu une augmentation entre 50 et 60 dinars, selon les catégories. S’agissant des primes spécifiques, l’augmentation est  comprise entre 105 et 150 dinars. Quant au secteur privé, l’augmentation est toujours moins importante que celle décidée dans le public et elle est seulement de l’ordre de 6% avec une indemnité kilométrique de 10 dinars et une indemnité de présence de 3 dinars.

L’accord en question a été trouvé deux jours avant la tenue de la grève du privé annoncée par l’UGTT pour jeudi prochain dans le Grand-Tunis. Celle-ci devrait être  annulée suite à l’accord final portant sur une augmentation salariale. La grève en question a été annoncée suite à l’échec des négociations et le blocage des pourparlers entre les deux organisations patronale et syndicale.

les négociations salariales entre l’UGTT et l’UTICA se sont poursuivies pendant plusieurs mois ponctuées d’embûches et d’échanges d’accusations, au point que la syndicale avait décrété une série de grèves régionales et interrégionales dans la majorité des gouvernorats, lesquelles ont été annulées suite à l’attaque terroriste survenue à Mohamed 5 contre un bus de la Garde présidentielle. La récente grève annulée est celle qui devrait avoir lieu le 21 janvier prochain.

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