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Tunisie : la réforme du système financier mérite mieux que la loi bancaire, selon Moez Labidi

« La réforme du secteur bancaire tunisien est-elle à la hauteur des défis ? » tel a été le thème d’un débat organisé ce mercredi 25 mai 2016 à l’initiative de North Africa Bureau of Economic Studies Intl (NABES), une société dirigée par l’universitaire et l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) Mustapha Kamel Nabli qui a soulevé un nombre de lacunes dans la loi bancaire récemment adopté par l’Assemblée du peuple. Cette loi souffre selon lui de quelques faiblesses citant le cas de la finance islamique qui n’aurait pas dû  faire partie de cette loi : « La finance islamique n’est pas le  banking mais plutôt un fonds d’investissement », a assuré Nabli, faisant remarquer que la finance islamique ne doit pas être considérée comme une fenêtre. De même, la loi bancaire n’a pas résolu la question des banques universelles, selon ses dires.

Mustapha Kamel Nabli a toutefois critiqué la « mainmise » du gouvernement sur le conseil d’administration de la BCT dans le cadre de la loi régissant le statut de cette institution financière. Le conseil d’administration de la BCT devrait inclure  plus de 3 membres du gouvernement, selon MKN.

Quant à lui, l’universitaire et économiste Moez Labidi a tenu à préciser que la réforme du secteur bancaire nécessite l’élargissement du périmètre de la régulation qui doit passer principalement par le système financier (banque centrale, marché des capitaux et secteur bancaire).

Labidi a aussi appelé à l’amélioration des fondamentaux de l’économie nationale tout en mettant en place des réformes audacieuses basées sur la restructuration financière et la bonne gouvernance.

« Trois décennies de réformes ont transformé le paysage bancaire mais n’ont pas réussi, jusqu’à présent, à remettre le secteur bancaire tunisien sur le sentier des standards internationaux de bonne gouvernance, de rentabilité, de qualité des actifs, de solvabilité », c’est ce qu’a indiqué l’universitaire et économiste Moez Labidi lors de ce débat.

Dans une déclaration à Africanmanager, il a expliqué que  le chemin est très long et les défis sont énormes (la concurrence, l’innovation, la performance, la bonne gouvernance, le financement du développement régional, l’intégration internationale, …), surtout pour une économie plombée dans un processus de transition politique où l’activité économique flirte avec la récession.

Selon lui, un package de réformes a été engagé récemment  dans le secteur (restructuration et recapitalisation des banques publiques, la loi bancaire et la refonte du statut de la BCT). « La dernière en date : la Nouvelle loi bancaire. Une loi innovante par la création d’un fonds de garantie des dépôts dans le but de  protéger les personnes physiques des risques qui peuvent secouer les établissements de crédit. De même, la bonne gouvernance gagne des points par l’intégration des dispositions de la circulaire de la BCT n°2011-06 », a-t-il précisé.

Moez Labidi a toutefois assuré que le bât blesse du côté du capital minimum requis pour l’octroi de l’agrément bancaire, qui a été ramené à 50 millions de dinars. Un niveau très insuffisant pour déclencher une véritable dynamique de concentration dans le secteur, débouchant sur des banques de grande taille capables d’accompagner les entreprises sur les marchés étrangers, et de rénover leur système d’information afin de moderniser davantage leur gestion de risque.

« Mais rien ne justifie le manque de profondeur dans les réformes. Rien ne justifie l’absence d’une vision ».

Moez Labidi a dans le même contexte indiqué que la réforme du système financier tunisien mérite mieux. « Le poids du secteur bancaire dans le financement de l’économie, l’importance des actifs détenus par les banques publiques, les relations « privilégiées » entre entreprises publiques et banques publiques, la marginalisation du marché financier (surtout obligataire), le potentiel inexploité des modes de financement alternatif,…, imposent l’urgence d’une réforme plus réfléchie et du coup, plus profonde, permettant au secteur bancaire tunisien de rattraper ses benchmarks. De ce fait, un certain nombre de ruptures s’avèrent incontournables », a-t-il dit.

Labidi a à ce propos noté une rupture avec une approche uniquement micro-prudentielle de la réforme et l’adhésion à une approche à la fois micro et macro-prudentielle qui intègre la réforme du secteur bancaire dans une démarche globale allant de l’ensemble du système financier aux entreprises stratégiques et aux secteurs systémiques.

Il a aussi proposé une rupture avec une rigidité réglementaire qui cache un excès de conservatisme, très néfaste pour la compétitivité de l’économie, mais aussi une rupture avec  le laxisme dans l’application de certains textes rénovateurs.

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