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Tunisie : L’équation de la ministre des Finances… sans finances

Où vont les ressources financières de l’État ? Comment les caisses ont été vidées et comment l’argent a été dépensé, sachant que les fonds alloués au développement n’ont, depuis la Révolution, cessé de baisser ? Il semble aussi que les prêts qu’on a pu avoir auprès du FMI et de la Banque Mondiale (BM), après plusieurs années de discussions, n’ont servi à rien, ou presque, sauf à entretenir une machine étatique de plus en plus lourde. Le gouvernement tunisien continue encore de solliciter les institutions financières internationales et ce, malgré sa décision de geler les augmentations salariales et imposer de nouvelles taxes sur les entreprises. Que peut-on dire d’un gouvernement qui gèle les augmentations salariales, mais continue à s’endetter à l’extérieur ? N’est-ce pas une contradiction ? Le président de l’Association des économistes tunisiens (ASECTU), Mohamed Haddar, a copieusement critiqué le projet de la loi de finances 2017 dans ce sens, un projet qui n’apporte aucune solution à la crise des finances qui sévit depuis plusieurs années dans le pays, selon ses dires.

Lors d’une rencontre, organisée, hier jeudi 27 octobre 2016, dans l’un des hôtels de la capitale, en présence de Lamia Zribi, ministre des Finances, le président de l’ASECTU a indiqué que ce projet de loi n’apporte pas de réponses claires aux objectifs de la Révolution et aux grandes lignes de la période prochaine, principalement en ce qui concerne la création de richesses, l’emploi et la justice fiscale.

En outre, Mohamed Haddar a dénoncé l’absence de politique claire, d’un audit ou d’une évaluation des fonds débloqués auparavant : Quel effet ont ces mesures sur l’emploi et le pouvoir d’achat? « Pratiquement aucun, le Tunisien vit, aujourd’hui, dans des conditions financières très difficiles et sa situation se dégrade de jour en jour », répond Haddar.

« Bien qu’il soit en hausse de 77% par rapport à l’année 2010, le budget de l’année 2017 ne prévoit aucune solution pour résoudre la crise des caisses et des entreprises publiques. Au contraire les dépenses de développement ont baissé », a assuré le président de l’AECTU, avant de s’exclamer : « Où vont les dépenses de l’État alors que la croissance est en baisse ? ».

Le président de l’ASECTU a, dans le même contexte, indiqué que le service de la dette représente actuellement 5 fois celle de l’année 2010, alors que la Tunisie demande de reporter les échéances, appelant ainsi à procéder à des évaluations de l’efficacité des politiques entreprises auparavant.

Mohamed Haddar a, sous un autre angle, indiqué qu’il est trop difficile aujourd’hui de rétablir la confiance avec l’investisseur alors que le gouvernement vit encore dans un climat marqué par des perturbations.

Dans un message adressé au ministre des Finances, il a dit : « Vous êtes la 7ème ministre après la Révolution… vous êtes venue dans des conditions très difficiles… Les caisses sont vides alors que les dépenses ont monté en flèche. Votre mission devient de plus en plus difficile. Comment vous allez clôturer le budget de 2016 dans les délais? Avez-vous une stratégie? comment vous allez trouver les financements nécessaires? Les choses deviennent ingérables, vous devrez gérer le passif des gouvernements qui se sont succédé après la Révolution « , a-t-il dit.

Quant à elle, la ministre des Finances, Lamia Zribi, a indiqué que le taux de croissance prévu pour cette année est estimé à 2,5%, un taux qui semble être difficile à atteindre vu les difficultés financières qui assaillent le pays, précisant toutefois que des négociations sont en cours avec l’UGTT pour reporter les majorations salariales pour au moins deux ans.

Elle a par ailleurs expliqué que cette mesure est inévitable pour préserver les équilibres financiers et renflouer les caisses de l’État : « Il faut partager le fardeau entre tout le monde », a indiqué la ministre, avant de rappeler la taxe exceptionnelle de 7,5% imposée aux entreprises.

Selon elle, un accord est sur le point d’être conclu avec le Qatar pour reporter le paiement des emprunts. Le report est motivé par les difficultés financières de la Tunisie à rembourser ses dettes contractées à l’extérieur.

La ministre des Finances a, dans le même contexte, indiqué qu’à partir de la semaine prochaine, des séries de réunions auront lieu avec l’UGTT, l’UTICA, les avocats et les médecins concernant les points de litige dans le projet de la loi de finances 2017, évoquant la possibilité de faire des amendements sur ce projet de loi mais sans toucher aux équilibres financiers.

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