AccueilLa UNETunisie : Slim Besbes tire sur une ambulance, Habib Essid

Tunisie : Slim Besbes tire sur une ambulance, Habib Essid

Slim Besbes, ancien ministre des Finances et membre de la commission des finances à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), s’ajoute à la liste des économistes qui passent à la loupe le bilan de l’ex-chef du gouvernement, Habib Essid. Son réquisitoire sur le rendement de l’ancien gouvernement est très sévère.

Dans une interview accordée ce mercredi 31 août 2016 à Africanmanager, il a affirmé que le pays a vécu une véritable crise économique durant le mandat de Habib Essid. C’est ce qui explique, selon ses dires, l’initiative pour mettre en place un gouvernement d’union nationale.

Besbes a dans le même cadre indiqué que le gouvernement Essid a été incapable de rétablir la confiance des Tunisiens (entrepreneurs, investisseurs, jeunes…), de plus tous les indicateurs économiques clignotent au rouge (déficit budgétaire, inflation, dinar, balance de paiement…).

Selon ses déclarations, l’année 2015 a été clôturée avec un taux de croissance médiocre ne dépassant pas les 0,7%. Pour le premier semestre de cette année, la croissance a été de l’ordre de 1,2%, un taux qui a été boosté par les recettes provenant des services non marchands, sachant que tous les secteurs productifs n’ont pas atteint les résultats escomptés, principalement ceux du tourisme et de l’agriculture. Ajoutons à cela la dépréciation du dinar, la montée de l’inflation et la dégradation du pouvoir d’achat. Tout cela a, selon lui, alimenté la crise de confiance qui sévissait déjà depuis la Révolution.

Des prévisons révisées à la baisse!

Slim Besbes a en outre indiqué que, durant le mandat d’Essid, le ministère des Finances s’est trouvé contraint de réviser à la baisse ses prévisions de croissance. Pour les dépenses de gestion, le gouvernement table actuellement sur une hausse de seulement 7,9 % contre 8% auparavant, sachant que le taux de consommation des dépenses de gestion a dépassé les 50% contre 45% auparavant. La masse salariale dans la fonction publique passera ainsi à 13,4 milliards de dinars contre 13 milliards de dinars dans les prévisions du ministère des Finances.

Avec ce GUN, le président de la République, Béji Caied Essebsi, a voulu provoquer un choc positif et ouvrir de nouveaux horizons visant principalement à rétablir la confiance et relancer la croissance et l’investissement. L’objectif aussi est d’élargir la coalition en associant certains partis de gauche ainsi que trois organisations nationales, à savoir, l’Utica, l’Utap et l’UGTT, a expliqué Besbes. Il a souligné la nécessité de mettre en place des mesures audacieuses et courageuses, faisant remarquer que le retard au niveau des réformes n’a fait qu’assécher les sources de financement du pays, principalement celles provenant de la taxation.

Besbes a souligné que le premier grand défi de Youssef Chahed est le bouclage du budget 2016. Selon lui, Youssef Chahed doit rationaliser les dépenses et rétablir les équilibres financiers, surtout en ce qui concerne la charge relative à la masse salariale dans la fonction publique. Il a fait toutefois savoir que le déficit budgétaire atteindra 6,5% du budget de l’État si le gap (2400 millions de dinars) n’est pas financé par des ressources extérieures.

« Il faut trouver des solutions pour maîtriser les dépenses et éviter une crise de dette publique », déclare-t-il. Youssef Chahed doit revoir tout dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2016n tout en assurant les équilibres financiers et l’évolution modeste de certaines recettes, a indiqué Besbes.

Le deuxième défi de Youssef Chahed est celui relatif à l’élaboration d’un budget sain permettant de maitriser la dette publique, sinon un plan d’austérité s’imposera. « La Tunisie risque, en 2017, d’adopter une politique d’austérité très lourde et insupportable ». Le député a appelé ainsi à mettre en place des mesures d’urgence le plus tôt possible. « Si on ne mobilise pas des recettes pour l’année 2017, on risque certainement une politique d’austérité pouvant aller jusqu’au licenciement d’employés et la diminution des dépenses de la santé ainsi que celles à caractère secondaire « , a-t-il dit.

Appel à retarder les accords conclus avec l’UGTT!

Le cadre idéal et l’enjeu c’est la loi de finances 2017, estime Besbes. Là il faut stimuler l’exportation et l’investissement, promouvoir  l’entrepreneuriat, identifier de nouveaux marchés et encourager le secteur privé à investir et créer de l’emploi vu la saturation du secteur public. « C’est le seul salut pour le rétablissement des équilibres financiers », a-t-il dit. Une autre mission devra être accomplie par le gouvernement de Chahed, c’est le déblocage des secteurs productifs dont le phosphate et l’industrie chimique.

Slim Besbes a également appelé à maitriser les finances publiques, surtout au niveau de la masse salariale dans la fonction publique qui risque d’aller jusqu’à 15 milliards de dinars suite à l’application des accords conclus avec l’UGTT concernant les augmentations salariales. Or, le FMI exige que cela ne dépasse pas les 13 milliards de dinars sinon la Tunisie va se trouver en difficulté pour mobiliser des ressources de l’extérieur. Il faut aussi, selon Besbes, agir au niveau de la caisse de compensation.

L’ancien ministre des Finances a appelé à retarder l’application des accords conclus avec l’UGTT portant sur les hausses salariales, au moins pour 2017, l’année record au niveau du remboursement des services de la dette, selon ses dires. « La tâche n’est pas simple. Il faut respecter nos engagements avec le FMI pour éviter une politique d’austérité », a ajouté Besbes.

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