Dans une interview accordée à Africanmanager, le ministre du Commerce Mohsen Hassen a annoncé le lancement d’une série de mesures et d’ approches novatrices visant le renforcement de partenariat avec l’Algérie, le développement des régions frontalières et la redynamisation de l’économie tunisienne. Interview :
- Quels sont les domaines de coopération entre la Tunisie et l’Algérie ?
Nous sommes en train de tisser une véritable coopération entre la Tunisie et l’Algérie au niveau du développement des régions frontalières, et ce pour lutter contre le terrorisme. Pour combattre ce phénomène, la coordination sécuritaire n’est pas suffisante, il nous faut aussi une coopération économique.
De multiples domaines de coopération seront renforcés avec l’Algérie surtout dans des secteurs promoteurs comme par exemple les composants automobiles, l’industrie agroalimentaire… Ces projets seront orientés vers les marchés internes tuniso-algériens et vers l’export. S’agissant du secteur agricole, une commission dédiée a été créée pour la gestion de la surproduction de produits entre les deux pays dont notamment celle du lait tunisien, notamment le lait en poudre dont l’Algérie est un grand importateur.
Les ministres algériens du Commerce, de l’Agriculture et de l’Industrie nous ont assurés qu’ils favoriseront davantage la demande du lait en poudre tunisien et nous ont promis d’associer la Tunisie aux appels d’offres lancés par le gouvernement algérien à cet effet.
- Y aura-t-il un programme d’investissement dans des grands centres commerciaux ?
L’investissement dans les grands centres commerciaux, c’est l’un des mécanismes conçus pour organiser les circuits de distribution en Tunisie aux fins de la stabilité des prix, l’organisation de l’approvisionnement, la réduction du commerce parallèle. La superficie des grands espaces commerciaux est de l’ordre de 20% contre 80% pour les circuits traditionnels. C’est d’ailleurs le contraire en Europe.
Aujourd’hui, nous avons une grande opportunité pour développer l’investissement dans les grands surfaces. De récentes études relèvent que ce genre d’investissement n’a aucun impact négatif sur les petits commerces. Nous avons reçu 13 demandes d’autorisation pour la construction d’espaces commerciaux sur tout le territoire tunisien. Nous avons accepté sept demandes, permettant aux investisseurs concernés de commercer bientôt les travaux de leurs projets, et prochainement nous étudions les autres demandes.
- Les professionnels de l’habillement estiment que le secteur de la friperie est mal organisé, qu’en pensez-vous ?
C’est vrai que le secteur de la friperie n’est pas organisé et est dominé par les intrus. La corruption y sévit et l’évasion fiscale totalise 100 millions de dinars. Nous avons préparé un dossier visant la restructuration de ce secteur en collaboration avec toutes les parties concernées .Ce dossier sera bientôt examiné lors d’un conseil ministériel afin de prendre des mesures concrètes visant le développement et l’organisation de ce secteur mal organisé
- En quoi consiste les problèmes des chambres de Commerce?
Aujourd’hui, les chambres de commerce sont un facteur clé pour le développement des régions tunisiennes et la croissance économique. Elles représentent aussi un grand partenaire pour le gouvernement en matière de développement .Ces chambres sont absentes, elles souffrent de problèmes financiers et elles n’ont pas pu organiser leurs élections.
Nous sommes en train de préparer un projet de loi qui sera présenté au gouvernement pour l’organisation des élections des chambres de Commerce. Un plan de mise à niveau intégrale pour les chambres de commerce sera prêt d’ici le mois d’octobre prochain.
- Des experts économiques soutiennent que la situation économique du pays est « catastrophique ».Qu’en pensez-vous?
Non, ce n’est pas vrai, l’économie tunisienne n’est pas dans une situation catastrophique. J’appelle les experts tunisiens à être objectifs et à ne pas mélanger politique et économie. J’essaye d’être un économiste avant d’être un ministre. A l’heure actuelle, il est vrai que nous avons des problèmes économiques pour de nombreuses raisons ; cependant, nous devront être positifs .Les fondamentaux de l’économie tunisienne sont encore solides. Nous avons une économie ouverte, moderne, libérale….Nous avons des atouts, de grands avantages compétitifs.
Sur le plan international, la stabilité et la reconstruction de la Libye et le renouvellement des relations politiques avec ce pays demeurent un bon indice. L’ouverture sur d’autres marchés européens nous aussi procurent un espoir pour redynamiser notre économie.
- Y aura-t-il un manque en produits de consommation de base durant le mois de Ramadan?
Je rassure les consommateurs tunisiens que tous les marchés seront approvisionnés en produits de grande consommation (lait, œufs, viandes, farine, l’huiles, fruits, légumes…) pendant le mois de Ramadan et ce d’une manière plus que suffisante.
Le département du Commerce s’est bien préparé pour ce mois sacré, en coopération avec celui de l’Agriculture. De vastes campagnes de contrôle économique seront menées dans tout le territoire tunisien durant le mois saint . Nous avons également préparé des campagnes de sensibilisation qui seront diffusées sur les médias concernant la consommation durant le mois de Ramadan.