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Ces trous d’air qui minent Nidaâ et Ennahdha!

Signe des temps ou d’essoufflement, les deux partis prépondérants de la scène politique en Tunisie, Nidaâ Tounès et Ennahdha, donnent la très nette impression qu’ils sont exposés à des trous d’air et sont en panne d’inspiration et de mobilisation alors qu’ils sont pratiquement à mi-mandat, électoral, cela s’entend. Sortis auréolés des urnes suite à une victoire, pourtant, dans un mouchoir, voici bientôt deux ans et demi, les deux formations politiques sont aux prises, chacune à son échelle, à des convulsions qui pourraient sérieusement affecter leur pérennité et même leur existence. Si pour le parti fondé par le président de la République, la bataille des chiffonniers qui le traverse depuis un bail s’est soldée par le démembrement que l’on sait, le mouvement débaptisé islamiste se heurte à une dissidence feutrée dont l’enjeu est de mettre fin aux velléités « présidentialistes » de son chef historique, autrement dit à sa dérive d’exercice solitaire du pouvoir.

Sommairement dit, ce parallèle a ceci de significatif qu’il accable l’une et l’autre formation politique du grief de ne pas avoir su tenir le rang que leur a conféré l’urne. Et elles n’ont pas mis beaucoup de temps pour commencer à dysfonctionner, chacune à sa manière, sous la houlette de deux patriarches, jadis ennemis mais assez espiègles pour enterrer contre toute attente la hache de guerre, dans l’intérêt bien compris des deux parties, de toutes les parties, en fait, car les bienfaits de ce « gentleman’s agreement » ont rejailli sur des tiers, et ils sont nombreux. Max Weber ne définit-il pas le parti politique comme une « formation reposant sur un engagement libre ayant pour but de procurer à [ses] chefs le pouvoir au sein d’un groupement et à [ses] militants actifs des chances – idéales ou matérielles – de poursuivre des buts objectifs, d’obtenir des avantages personnels ou de réaliser les deux ensemble ».

Béji Caïd Essebsi est, visiblement, celui qui a le mieux tiré son épingle du jeu. Le palais de Carthage, c’est, pour lui, la suprême des magistratures et des récompenses, tout en ne s’accommodant que peu des pouvoirs que lui reconnaissent la Constitution. Ses conseillers comme ses partisans plaident pour une révision de la Loi fondamentale de façon à conférer au chef de l’Etat des attributions voisines de celles d’un régime présidentiel. Au demeurant, BCE ne s’est pas exempté, lors d’une apparition télévisée, de s’irriter de ne pas disposer de plus larges prérogatives pour mener à bien ses missions et ses politiques. En tous cas, en migrant à Carthage, il a laissé derrière lui une formation politique qui s’est vite dépecée en autant de clans que d’ex-lieutenants, dont le controversé fils du fondateur de ce parti « attrape-tout », prenant sous son aile une myriade de fugaces ex-militants d’autres formations qui meublaient alors l’échiquier politique. Une macédoine regroupant sous une même enseigne des hommes et des femmes politiques de tous bords mais unis dans l’unique objectif de se tailler une place et un statut politique nouveau et reconnu. Un assortiment qui a été prompt à voler en éclats et à donner lieu à d’autres reconversions sous de différentes appellations.

La dissidence mine Ennahdha

L’itinéraire suivi par l’autre parti prépondérant, Ennahdha, est sensiblement différent, mais réunit les ingrédients d’une rébellion qui couvait sans doute depuis des mois et ayant pour cible le chef du mouvement, Rached Ghannouchi. Les langues, au sein de ce parti, commencent à se délier pour reprocher au patriarche son penchant prononcé pour l’exercice « présidentialiste » du leadership et de la direction du parti. Des dirigeants comme Abdellatif Mekki, Samir Dilou, et sans doute Ali Laarayedh, ne voient pas d’un mauvais œil que le chef soit déboulonné pour imprimer une touche nouvelle et des orientations en prise directe avec la réalité politique. C’est dire combien Ghannouchi peut être ouvertement contesté malgré la mainmise qu’il exerce sur l’appareil du parti dont il est l’un des fondateurs. Dans cette configuration, le changement envisagé dans le dogme d’Ennahdha est perçu par de nombreux militants comme une vue de l’esprit, d’autant que la décision de séparation entre la prédication et l’action politique n’a reçu qu’un très timide début d’application, demeurant pour l’essentiel à l’état de profession de foi. En attendant, le leader du mouvement s’emploie à museler ses boutefeux avant peut-être de s’en débarrasser. Mais, il est de plus en plus clair que le parti qu’il a fondé et qu’il continue de diriger a cruellement besoin de changer… avec ou sans lui !

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