AccueilLa UNEMal notée, la Tunisie emprunte encore et toujours

Mal notée, la Tunisie emprunte encore et toujours

Manifestement, la Tunisie a, depuis la Révolution, maille à partir avec les dégradations des notes que lui infligent les agences de notation, singulièrement les majeures d’entre elles, Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings. Sollicitées et payés par l’Etat tunisien, elles s’accordent le plus souvent à se fendre d’appréciations qui ne donnent pas fière allure à l’économie de pays auprès des investisseurs internationaux. C’est particulièrement le cas de la notation souveraine attribuée voici deux jours par Fitch à la Tunisie qui lance un roadshow pour une émission obligataire d’un milliard d’euros, qui sera suivie d’au moins une autre sortie sur le marché financier international pour des fonds destinés à combler le déficit budgétaire.

Ramenée de BB- avec perspective négative à B+ à BB- assortie de perspective stable, la note souveraine de la Tunisie passe du « Non-investment grade, speculative » (Spéculatif) au « Highly speculative » (Très spéculatif). Autrement dit, le doute s’accentue sur la capacité de la Tunisie, pays émetteur de rembourser normalement l’emprunt souscrit, une perspective contrariée du fait des conditions économiques, politiques, sociales et financières sévissant dans le pays du débiteur. Et cela se reflète fatalement sur le taux d’intérêt fixé et sur le spread, c’est-à-dire l’écart entre le taux de rentabilité actuariel de l’obligation et celui d’un emprunt sans risque de durée identique. Comprenons que plus la solvabilité de l’émetteur est perçue comme mauvaise, plus élevé est le spread. Peu d’informations sont disponibles à cet égard, mais on sait que depuis 2011, la Tunisie a emprunté à un spread de plus de 400 points de base, soit le taux le taux le plus élevé connu par le pays depuis qu’elle sollicite les marchés en 1994. Si on rapporte cette marge actuarielle au taux d’intérêt auquel la Tunisie a annoncé pouvoir négocier son emprunt obligataire (5-6), elle ne serait pas loin des 400 points de base, soit à des années-lumière, par exemple, des 75 points de base de sa sortie en 2007 sur le marché japonais avec un spread de 75 points de base pour un emprunt d’une maturité de 20 ans.

La spirale des dégradations

Sachant comme cela a été confirmé de source officielle que la Tunisie aura besoin, cette année, de 2,8 milliards de dollars en financements sur les marchés internationaux pour réduire son déficit budgétaire, la perspective apparaît comme extrêmement peu reluisante en termes de couple risque/rendement et de marge actuarielle. D’autant que l’enchaînement des dégradations des notes par les agences de notation ne serait pas près de se briser au regard de la détérioration des paramètres économiques et financiers de la Tunisie. Le Centre de Prospective et d’Etudes sur le Développement (CPED) a été le premier et pour l’heure l’unique think tank, à s’en alarmer publiquement, en constatant que «la Tunisie a perdu durant les six dernières années 7 rangs, comparativement au plus haut rating de la Tunisie obtenu en 2010 toutes agences confondues («A-» accordé par l’agence Japonaise R&I)». Surtout, il pointe l’apathie des autorités face à cette spirale qui participe, selon lui, d’un déficit de vision et de stratégie, alors que la priorité devrait être accordée à la maîtrise des déficits à travers une gestion rigoureuse du budget de l’Etat, par la maîtrise des dépenses de fonctionnement et en particulier de la masse salariale et l’amélioration des ressources, grâce à la recherche d’un meilleur rendement fiscal.

A la vérité, on ne peut pas choisir pire moment pour solliciter des financements sur le marché international. Concours de circonstances ou impérieuse obligation, la Tunisie, déjà sous les fourches caudines du Fonds monétaire international qui lui dicte des réformes dont elle s’accommode mal et au prix fort, ajoute à son éventail d’écueils un autre plus funeste encore de devoir emprunter et abonder dans sens dans l’unique but de financer son budgétaire et payer les salaires de ses fonctionnaires et employés et guère pour les besoins de financement de projets de développement, créateurs d’emplois et d’infrastructures, levier de croissance.

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