Autant qu’on le sache, c’est l’un des rares sinon le seul article où il est question de la Tunisie publié par le site « Vice News » qui, selon son staff, a vocation à « mettre en avant les sujets d’actualité internationale délaissés par les grands médias et envoyer ses reporters sur des zones de conflits, avec des formats longs de plus en plus rares à la télévision ».
Le 31 août, il a révélé que certaines activités classées « top-secret » ont été menées par les forces spéciales américaine en Tunisie la semaine dernière. Et de préciser que « le 25 août, à 13h24 (heure locale), un avion de transport tactique des opérations spéciales des États-Unis a quitté Tunis et s’est dirigé vers la frontière sud-ouest de la Tunisie avec l’Algérie. Le vol, utilisant l’indicatif d’appel radio Magma 30, était un Wolfhound C-146A appartenant au 524e Escadron d’opérations spéciales du Commandement des opérations spéciales de la Force aérienne (AFSOC), situé à la base de l’Armée de l’air Cannon au Nouveau-Mexique. La mission principale de l’appareil Wolfhound est l’infiltration et l’exfiltration des forces spéciales et d’autres opérateurs « top-secret » à partir d’aérodromes aménagés ou sommairement aménagés dans le monde entier. Il est donc relativement sûr de supposer qu’il a soit pris soit largué certains éléments des forces spéciales ».
Vice News ajoute: “Un jour plus tard, un appareil civil Beechcraft King Air 350ER , enregistré auprès du Groupe de logistique aérienne de l’Oklahoma, a quitté Pantelleria, une île au large des côtes italiennes et tunisiennes, pour une mission de soutien de l’US Africa commandement (AFRICOM), à la recherche des terroristes impliqués dans l’attaque terroriste du Musée du Bardo , le 25 mars 2015. L’avion (dont le suffixe numérique est N351DY) est la version civile du MC-12W, un avion de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (RSR) exploité par l’US Air Force. L’avion est équipé d’une série de capteurs et de matériels de communication, ainsi que d’un désignateur de cible laser, et est utilisé pour « trouver, repérer et achever » des méchants sur le terrain. Pas besoin des trésors d’imagination pour supposer que ce vol faisait partie des missions de reconnaissance pour le compte des éléments des forces spéciales américaines dans la région. Peut-être ceux qui avaient été largués un jour plus tôt par l’avion Wolfhound C-146A ».
Fait intéressant, souligne Vice News, ces missions qui entrent dans le cadre d’opérations spéciales à l’intérieur de la Tunisie sont la preuve des efforts de lutte contre le terrorisme de plus en plus déployés par Washington en Afrique. Encore plus intéressant que cela, cependant, est le fait que toutes ces informations provenaient du site Web public Flightradar24.com.
Flightradar24 (FR24) permet à quiconque de rechercher des détails sur les avions et de suivre les vols en ligne. FR24 (ainsi que certains portails similaires, disponibles sur smartphone et applications tablette) repose sur un réseau de plusieurs milliers d’antennes de desserte des bénévoles du monde entier qui collectent et partagent des données qu’ils reçoivent de l’aéronef dans leur voisinage en utilisant quelque chose qui répond à l’acronyme ADS-B (Surveillance dépendante automatique en mode diffusion).
ADS-B est l’un des éléments des systèmes de contrôle du trafic aérien de nouvelle génération à la fois aux USA et en Europe, un système de surveillance coopérative qui un jour remplacera le radar. Plutôt que de suivre les aéronefs par radar au sol, les avions eux-mêmes seront équipés de transpondeurs spéciaux (émetteurs de signaux radio) qui transmettent leur indicatif d’appel radio, la position GPS calculée, l’altitude et la trajectoire de vol aux stations terrestres de contrôle de la navigation aérienne, permettant un suivi précis.
La diffusion de l’information n’est pas chiffrée, de sorte qu’elle peut être reçue par les appareils à proximité pour aider à prévenir les collisions, par les récepteurs FR24 commerciaux, en vente libre service, ainsi que par des trousses de fabrication artisanale.
Un avion américain survolant la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan peut être suivi ou vu. Et les Etats-Unis ne sont pas le seul pays à diffuser les emplacements de leurs avions militaires en temps réel. La tendance à laisser le transpondeur allumé est très répandue parmi les nombreuses forces de l’air, y compris le Royaume-Uni, le Canada et la Russie. Les États-Unis sont peut-être les seuls à dévoiler l’emplacement de leurs avions en mission dans le cadre d’opérations spéciales alors qu’ils sont à la chasse aux terroristes.
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