AccueilLa UNETunis : L'UGTT commence sa guerre froide contre le secteur privé !

Tunis : L’UGTT commence sa guerre froide contre le secteur privé !

La crise entre les deux partenaires censément sociaux, l’UGTT et l’UTICA, semble tourner au psychodrame au regard des préliminaires à une escalade à laquelle appellent des Unions régionales de l’Organisation ouvrière, singulièrement celles de Sfax et de Ben Arous. Pas plus tard que dimanche dernier, le secrétaire général adjoint de l’URT de  Sfax, a annoncé lors d’un rassemblement ouvrier revendiquant des majorations salariales, que 165 préavis de grèves dans le secteur privé  de la région seront déposés si aucun accord n’est conclu avec l’organisation patronale. Lui emboîtant le pas, le groupe du secteur privé de Ben Arous a d’ores et déjà appelé « tous les travailleurs et travailleuses de la région à porter le brassard rouge les 8, 9 et 10 octobre » pour dénoncer «  la politique de fuite en avant suivie par l’UTICA …tenue pour responsable de la détérioration du climat social ».

Il est difficile de ne pas rattacher ces appels à la menace proférée quelques jours plus tôt par le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Belgacem Ayari, qui avait averti que « si l’UTICA ne prend aucune décision, nous entamerons si nécessaire, une grève générale dans le secteur privé dont la dimension sera historique », accusant, au demeurant, l’organisation patronale de « continuer de bloquer les négociations, de s’attacher à  des conditions déloyales et de ne pas prendre en considération l’érosion du pouvoir d’achat des employés  du secteur privé. »

 On y verrait moins une passe d’armes ponctuée d’échanges de propos vifs qu’un épisode bien plus sérieux où le passage à l’acte ne serait qu’une pure formalité. C’est sans doute pourquoi les premiers responsables des deux organisations ont vite fait de monter au créneau pour ainsi dire calmer le jeu.  Wided Bouchammaoui, a exalté « les relations historiques entre les deux organisations » affirmant que « nous n’avons pas de problème avec la centrale ouvrière »,  sans pour autant omettre de reprocher  aux responsables syndicaux les « déclarations faites ces derniers jours et leur approche de gérer les différends avec l’organisation patronale » et dire avec vigueur que  son organisation refuse les menaces et les diktats.

Quasiment de la même eau était la position du secrétaire général de l’UGTT, Houcine  Abassi qui a affirmé que son organisation « œuvre à apaiser les tensions et à surmonter la crise avec le secteur privé en vue de parvenir à une solution au sujet des majorations salariales », ajoutant que « le dialogue demeure la seule voie pour résoudre les problèmes majeurs ».

A ce point du récit, il pouvait tomber sous le sens que la crise pouvait négocier un autre virage, celui de trouver un terrain d’entente pour « en découdre » autour de la table des négociations, d’autant qu’il a été fait appel aux services du ministre des Affaires sociales. D’ailleurs,  Belgacem Ayari avait pris sur lui d’annoncer que  « Le litige entre  l’UGTT à l’UTICA sur les majorations salariales dans le secteur privé sera tranché par ministère des Affaires sociales, en tant que tierce partie neutre ».

Un rôle d’amiable compositeur !

Pour l’heure,  aucune suite  ne semble avoir été donnée à cette requête, même si le ministre dont il s’agit s’est borné à appeler les deux organisations à une trêve et à exprimer son refus de toute grève qui pourrait semer le désordre et plonger le pays dans un état chaotique, pour souligner plus tard que son département « ne pourrait intervenir que  pour rapprocher les points de vue, les  négociations étant menées directement entre les deux organisations ».

Manifestement, le blocage demeure entier, et rien n’est venu donner à penser que l’on s’achemine vers un dégel si peu symptomatique qu’il soit d’un retour à la table des négociations. La recrudescence des appels à la grève, sans être uniquement une technique de négociation et un moyen de pression sur la partie adverse, semblent revêtir, cette fois-ci,  un caractère plus sérieux. Au reste, les craintes s’amplifient de voir la passe d’armes des derniers jours se transformer en un bras de fer dont les conséquences seraient incalculables pour les uns et pour les autres, mais encore plus pour l’économie du pays en son entier, alors que les prémices d’un automne chaud se font sentir.

Il reste à dire que la pomme de discorde sur le lien entre l’augmentation salariale et la productivité est en train de prendre un relief tout particulier. Du point de vue de l’UTICA,  cette équation a valeur d’un paramètre essentiel en plus de  la situation que traversent les secteurs et les entreprises, ainsi que les  indicateurs  de l’économie nationale. D’ailleurs, les chefs d’entreprises n’ont de cesse de dénoncer, et ce depuis plusieurs années, « une baisse notable de la productivité qui se répercute négativement sur les performances de l’entreprise » sans rappeler que la croissance économique en 2015 se situera aux alentours de la valeur nulle.

Visiblement, ce sera le nœud gordien à trancher lors des négociations s’il leur arrivait de reprendre. Et ce ne sera pas chose aisée, car c’est à cette aune que sera déterminée la pérennité des  entreprises et des emplois qu’elles assurent.

12118855_967142326679449_6644730573328580198_n

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -