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Tunis : Ô Baguette magique, combien de pirouettes fait-on en ton nom ?

« Nous n’avons pas de baguette magique ». L‘expression est comme par un effet féérique dans les bouches des ministres du gouvernement et de son chef, Habib Essid, pour expliquer la difficulté voire l’impossibilité de satisfaire les revendications des sans-emploi, surtout les diplômés d’entre eux, et ils ne sont pas du petit nombre, quelque 300 mille, selon des chiffres convenus, peut-être davantage, d’après d’autres. Certes, la vérité oblige à dire que, dans le maquis des chantiers qui l’assaillent, le gouvernement ne peut pas faire grand-chose, sauf dire que ce sera chose faite dès lors que la croissance et l’investissement le permettraient. Mais, les chômeurs qui le demeurent plus que raison, ne l’entendent pas de cette oreille, rongés qu’ils sont par le désespoir, par les tourments d’un vécu qu’ils avaient rêvé bien autrement et surtout désabusés par une révolution dont ils n’ont récolté que promesses encore et toujours trahies, une révolution qu’ils entendraient ressusciter même sous les contours d’un modèle réduit. Et ce fut cette vague de mouvements de protestation qui ont vite fait le tour de la République tant elle a été torrentueuse et véloce.

Les protestataires exigeaient des actes et rien d’autre, même s’ils l’ont fait sur un mode jugé unanimement pacifique , appelant , au demeurant , les uns, autant qu’ils étaient, à s’interdire toute politisation de leur mouvement, et les autres, tous les autres, à ne pas chercher à semer le désordre et le chaos, comme on le verra plus tard avec l’entrée en lice des casseurs , des pillards, des contrebandiers et même des mentors du terrorisme avec la dévastation que l’on a vue sur les écrans de la télévision.

Pour légitimes et totalement fondées qu’elles soient, ces convulsions n’ont pas, à vrai dire, surpris les autorités, et elles l’ont dit, rappelant qu’elles y travaillaient d’arrache pied, notamment en ce qui concerne le gouvernorat de Kasserine avec une batterie de mesures , sorties du tiroir , mais très mal communiquées , comme on l’a vu à travers les déclarations du nouveau porte-parole officiel du gouvernement, et les démentis du ministre des finances, ajoutant manifestement au désarroi et à la méfiance des manifestants , confortés ainsi dans le peu de sérieux et de crédit qu’il importait de témoigner à tout ce qui peut venir du gouvernement.

La question qui vaut d’être posée à cet égard est de savoir si le gouvernement a fait assez pour fournir de l’emploi à ceux qui n’en ont pas ou ceux qui croient dur comme fer que le travail qui leur est proposé ne correspond nullement à leurs qualifications académiques, étant noté que quasiment tous les demandeurs exigeaient d’être incorporés dans la fonction publique, déjà surpeuplée et dont les prestations sont ce que tout un chacun sait. Il est presque donné pour un fait avéré que le potentiel existe pour que les chômeurs, du moins une partie d’entre eux, cessent de l’être. Et il n’y a qu’à se référer à ce que disait le président de la République, Béji Caïd Essebsi , dans sa brève et tardive adresse au peuple , en se déclarant « confiant le gouvernement trouvera les financements nécessaires pour remédier à cette situation et satisfaire les revendications des chômeurs ».

Pour autant, devrait-on en déduire que le gouvernement traînerait les pieds et ne prendrait pas à cœur et à bras le corps la lancinante question du chômage ? Probablement, car le problème du chômage, tout crucial qu’il est, ne semblait pas être pris pour une toute première urgence, ayant été inscrit dans une approche de long terme, au mieux de moyen terme dans le cadre du Plan quinquennal de développement. En lieu et place, les sans-emploi avaient droit à des solutions de replâtrage par le biais de mécanismes dont on entrevoit d’autant moins l’efficacité qu’ils sont mal compris, mal expliqués et pour tout dire de dérisoire effet. D’aucuns y voient des pirouettes qui servent plus à temporiser qu’à s’attaquer au problème à la racine. Pourtant, la classe politique n’avait pas été avare en promesses, et l’on se remémore celles, à profusion, faites lors de la campagne électorale aussi bien des Législatives que des Présidentielles et qui se sont avérées sans lendemain, alors même que rien n’autorisait de les faire au regard de la détestable situation économique et sociale dans laquelle se débattait déjà le pays, et qui n’a fait qu’envenimer , depuis et en chemin, sous l’effet des attentats terroristes à répétition, dévastateurs pour le tourisme, d’abord, mais aussi pour l’investissement.

Davantage dans la littérature politique que dans l’exercice, l’obligation de résultat est un paramètre sans merci, et tous ceux qui exercent le pouvoir sont impérativement tenus d’y déférer au risque de s’exposer aux pires sanctions de la rue. Les exemples abondent qui le démontrent partout dans le monde. Le gouvernement, une nouvelle fois ébranlé dans ses certitudes, a juré qu’il avait compris, qu’il ne fait qu’écouter les Tunisiens et que la prochaine fois, il ferait tout qu’il n’en soit plus ainsi.

Le gouvernement Essid se placerait-il effectivement dans semblable perspective ? Dans tous les cas de figure, et la crise du politique étant avant tout une crise du résultat, l’enjeu de ce gouvernement est justement d’arriver à donner des résultats. Et le plus tôt serait le mieux !

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