AccueilLa UNETunis : Tunisiens et fiers de l’être ; voilà, c’est tout !

Tunis : Tunisiens et fiers de l’être ; voilà, c’est tout !

En Tunisie, tout est à la joie et à la fierté ce vendredi 9 octobre 2015. Le pays a arraché sa place au Panthéon des lauréats du prix Nobel de la paix, moins de cinq ans après s’être affranchi d’un régime où ses citoyens ne savaient ce que sont  la démocratie et la liberté que par ouï-dire. Sous tous les rapports, c’est une performance à nulle autre pareille dans son environnement, sauf peut-être en Afrique du Sud et plus rarement dans le monde arabe où les lauréats ont été récompensés pour autre chose que la démocratie.

Cela va-t-il de soi dans une Tunisie assaillie par des défis de maints ordres comme venait d’en témoigner la tentative d’assassinat contre le député Ridha Charfeddine, qui s’ajoutait aux troubles sociaux à répétition, aux négociations sociales en panne et à un échiquier politique dont les acteurs ne faisaient que s’étriper à longueur de journée et sur toutes les fréquences? C’est assurément pour cette raison que la surprise a été totale d’abord chez les lauréats eux-mêmes, les Tunisiens et ailleurs dans le monde. C’était compter sans le génie de ce peuple,- le terme n’est pas excessif- qui sait où trouver sa planche de salut, se réinventer même, et surtout se donner la ressource de se délivrer au moindre coût de situations données pour inextricables.

C’est ce potentiel que le Comité semble avoir voulu récompenser à travers les parrains et les artisans du Dialogue national, qui s’étaient attelés à leur tâche alors que le pays sombrait corps et biens dans un marasme politique chargé d’une floraison de périls dont le moindre pouvait être le naufrage de la Révolution et de ses acquis et partant le chaos généralisé. A ce titre, le Comité norvégien a fait mouche et, de surcroît, a apporté la démonstration que la dictature n’est pas invincible et qu’il est possible d’y substituer son antipode. Il faut y voir un hommage appuyé à un parcours qui n’est pas allé sans accrocs, par moments , majeurs ni sans menées à la périphérie du sabotage ni encore de pressions insoutenables venues de l’extérieur, avec une Libye, terreau d’agitation et repaire de terroristes de tout bord et de tout acabit.

A la réflexion et loin du feu de l’action, on est porté à prendre la mesure de ce qui a été fait par le Dialogue national, un mécanisme inédit qui, plus est, a fait ses preuves pour servir de modèle pour des pays au sortir de soulèvements et de conflagrations civiles. Cela se nomme en toute rigueur sémantique culture du consensus, un concept autant qu’une pratique qui ont tout pour prendre rang d’article d’exportation. Ne serait-ce pas là l’autre signification qu’il conviendrait de donner au choix opéré par les cinq membres du Comité Nobel ?

 Il est fort à parier que les Tunisiens ne vont pas se dessiller, une fois retombée leur jubilation, pour se retrouver dans leur situation d’avant le 9 octobre 2015. Ce prix  Nobel doit être regardé comme une aubaine providentielle dont il faudra tirer le meilleur parti possible pour réinventer le pays, le mettre sur de nouveaux rails et engranger en peu de temps  les dividendes que les Tunisiens n’ont pas su ou pu tirer en cinq ans. Cela doit vouloir dire que les politiciens sont rigoureusement tenus de ranger leurs querelles et tout l’attirail d’empoignades qui est le leur au magasin des accessoires, qu’ils doivent tenir leur rang en tant que pays élevé internationalement sur les fonts baptismaux en termes de paix  politique et civile, qu’il leur est commandé de se convaincre et de s’y investir que la Tunisie n’est pas un pays comme les autres et qu’elle devra l’être encore davantage par la volonté et le labeur de ses propres citoyens pour se tailler le statut qui est nécessairement le sien en termes de développement, de prospérité et de concorde.

Ce petit pays de la Méditerranée, du monde arabe et du continent africain a la ressource de devenir grand, de décoller, de rayonner sur sa région et de devenir la Tunisie dont rêvent les Tunisiens et dont ils ont l’intime et la plus partagée des ambitions. D’autant plus que son nouveau statut d’après le 9 octobre 2015 lui en donne les moyens et surtout lui procure le soutien dont elle a besoin auprès de la communauté internationale. Les Grands de ce monde, particulièrement ceux de Deauville,  auront toutes les raisons de le lui apporter et d’abord de tenir au moins leurs engagements à son égard, comme le leur a demandé François Hollande en décrétant que  « L’Europe et le monde doivent ne pas simplement remettre un prix à la Tunisie mais apporter du prix aux aides qui doivent être accordées à la Tunisie ».

Rien n’interdit d’y croire pour peu que les Tunisiens relèvent le gant pour tourner une page de leur histoire qui leur a causé d’insoutenables tourments mais qui leur a montré qu’ils sont capables beaucoup moins du pire que du meilleur.

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