AccueilLa UNETunis : Une fonction publique pléthorique, surrémunérée, flemmarde et frondeuse !

Tunis : Une fonction publique pléthorique, surrémunérée, flemmarde et frondeuse !

La loi sur la fonction publique en Tunisie sera repensée pour être fin prête avant la fin de l’année en cours. C’est le directeur général de la Fonction publique qui vient de l’annoncer. Le processus de la révision avait démarré voici plus d’une année, plus précisément en juillet 2014. Et pour une fois, l’Etat  n’a pas fait cavalier seul pour réfléchir à un périmètre régalien qui ne doit, croyait-il dur comme fer, relever que de son seul exclusif ressort. Il a sollicité les suggestions et les avis des composantes de la société civile, au motif que « la  loi sur la fonction publique est une composante principale du nouveau modèle de développement en Tunisie ».

Peu de détails ont filtré sur ce que la nouvelle loi va apporter de nouveau. Tout ce l’on en sait pour l’heure, c’est qu’un nouveau mécanisme sera adopté pour la rationalisation des ressources humaines dans l’administration tunisienne et leur redéploiement en fonction des besoins. Tout un programme !

Et pour cause, la fonction publique en Tunisie aligne bien des records, forcément peu recommandés. D’abord par ses effets pléthoriques. Avec 795 000 employés du secteur public (dont 180 000 dans les entreprises publiques), le ratio emplois public sur le total de la force de travail employée en Tunisie est de l’ordre de 24 %, soit trois fois plus qu’au Maroc ou dans des pays tels que le Chili, le Mexique et le Brésil. Ensuite, par la masse salariale qui, selon la Banque mondiale, présente un niveau élevé et en croissance. Elle a augmenté de 10,7 % du PIB en 2010 à 12,5 % du PIB en 2013, niveau supérieur à celui de la plupart des pays comparables. Cette masse salariale en augmentation, en raison des quelques 70 000 nouveaux recrutements dans le secteur public entre 2010 et 2012, notamment dans les catégories peu qualifiées, et de l’augmentation moyenne des salaires de 13 %,  absorbe aujourd’hui près de 60 % des recettes fiscales et plus de 30 % des dépenses totales, ratios nettement supérieurs à ceux de la plupart des pays dans le monde. Enfin par des  salaires relativement élevés au bas de l’échelle salariale. En effet, le salaire annuel moyen des agents de la fonction publique se situe aux alentours de 7.800 dollars, soit 75 % de plus que le PIB par habitant et un niveau nettement supérieur à celui de la moyenne en Égypte ou en Jordanie, mais niveau nettement inférieur à celui du Maroc où cet indicateur est multiplié par cinq. Le salaire mensuel moyen des catégories inférieures, qui  correspond à un tiers de la population active du secteur public, est  de l’ordre de 470 dollars, soit le double du salaire minimum (excepté pour une petite partie des travailleurs du BTP). Cette prime salariale fait que le secteur public attire davantage que le secteur privé après avoir fait la part des prestations en matière d’éducation et autres avantages, notamment pour les nouveaux arrivés sur le marché du travail.

Cette situation cultive le paradoxe où la forte augmentation salariale accordée aux catégories les plus faibles (34 %), est aux antipodes du salaire des catégories supérieures, à l’exclusion des primes de productivité qui  sont restées  inchangées en termes nominaux, à un niveau moyen de 1.200 dollars.

La viabilité des finances publique en danger

La nouvelle loi sur la fonction publique aura-t-elle vocation à  congédier les travers internationalement diagnostiqués ? Avec une centrale syndicale aussi « ardente à défendre les intérêts des salariés, surtout ceux du secteur public », il ne faudra jurer de rien. Pourtant, il, est devenu d’une extrême urgence d’assurer la viabilité des finances publiques et d’accroître la productivité du secteur public. Cela signifie qu’il va falloir alléger le poids considérable de la masse salariale sur les finances publiques et permettre de dégager une plus grande marge de manœuvre pour les dépenses sociales et les dépenses d’investissement, tout en augmentant la productivité du secteur public. Pour ce faire, il est impératif, selon les experts, de  réduire les employés redondants au moyen d’un système d’incitations au départ volontaire et de la mise en place d’un dispositif de protection au moyen du micro emploi et du renforcement des capacités. IL est tout aussi important de corriger le manque de main-d’œuvre dans les domaines hautement qualifiés et d’améliorer  la compétitivité de la rémunération de la fonction publique, notamment aux niveaux supérieurs.

Surtout, il faudra sévir contre l’improductivité dans les administrations qui ne sont pas peuplées de « stakhanovistes ». C’est l’expression d’un phénomène qui se nourrit d’une vraie culture tire-au-flanc qui n’a de cesse de s’ancrer dans le paysage administratif du pays avec les conséquences que l’on peut aisément constater pour les administrés, pour les finances publiques, et bien évidemment sur l’économie en son entier.

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