AccueilLa UNETunisie-Attaque de Nice : Nul n’est assez protégé

Tunisie-Attaque de Nice : Nul n’est assez protégé

En l’espace d’un an et demi, la France a été endeuillée par trois attentats où dans l’un comme dans l’autre, l’ignominieux le dispute à l’épouvantable, surtout le dernier en date, celui perpétré, samedi soir, sur la promenade des Anglais, à Nice, avec un bilan hélas provisoire de 84 paisibles personnes tuées  et de 50  autres entre la vie et la mort. Une attaque « dont le caractère terroriste n’est pas à nier », selon le président français François Hollande et dont les enquêteurs s’échinent à démêler l’écheveau en cherchant à savoir si l’auteur du carnage a agi seul ou dans le cadre d’une conspiration terroriste franchisée Daech. En attendant une revendication qui ne saurait tarder, l’organisation «  Etat islamique » mettant habituellement quelques jours pour s’approprier la responsabilité d’un attentat perpétré par un « affilié » et dont elle n’est pas le commanditaire direct, il est établi qu’un individu de nationalité française et d’origine tunisienne en est l’auteur. C’est le dénommé Mohamed Lahouji Bouhlel, 31 ans, chauffeur-livreur de son état, connu des services de police essentiellement pour des faits de droit commun, des affaires assez mineures de violences, notamment conjugales, mais n’est pas fiché S pour radicalisme et n’est pas connu pour des faits en lien avec le terrorisme.

Ses voisins disent de lui que « c’était un homme peu religieux, ne priant pas, n’allant pas à la mosquée, aimant la salsa et les gonzesses » et que « le mois dernier il avait commencé le jeûne de Ramadan mais ne l’avait pas terminé ». Ils le décrivent aussi comme « un homme seul et en rupture avec ses proches, notamment fâché avec sa famille en Tunisie où il n’était pas retourné depuis des années, récemment divorcé ou en instance de divorce ».  Une rupture confirmée par le délégué de la région de Msaken du gouvernorat de Sousse dont il est natif où il n’a pas remis les pieds depuis au moins trois ans, précise la même source.

La consonance patronymique du conducteur du camion a vite fait les choux gras des médias français qui mettent en relief son origine tunisienne oubliant qu’il est un citoyen français, au point que l’ambassadeur de Tunisie en France, Mohamed Ali Chihi a appelé à « cesser de présenter l’auteur de l’attentat comme étant un Tunisien », ajoutant ce matin sur Mosaïque fm, que « même s’il s’avère qu’il est un Français d’origine tunisienne, nous allons demander aux autorités françaises de se contenter de mentionner son identité française uniquement».

Il n’en demeure pas moins que la Tunisie, gouvernement et opinion publique, a été profondément bouleversée par cet épouvantable attentat avec la dévastation qu’il a provoquée et les très lourdes pertes qu’il a causées. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, qui s’est rendu, ce matin, au siège de la résidence de l’ambassadeur de France, pour exprimer la solidarité de la Tunisie, a affirmé que   » cet acte ignoble nous interpelle de nouveau pour unir nos efforts afin de combattre le terrorisme qui menace la sécurité, la stabilité et la démocratie dans le monde ».

La Tunisie sait de quoi elle parle pour avoir été la cible de trois attentats particulièrement meurtriers en 2015, et de tentatives d’attaques terroristes qu’elle a réussi à déjouer, mais qui vit  toujours sous la menace que d’autres puissent être perpétrées sur son sol malgré la massive mobilisation décrétée. Une menace universellement présente, étant  protéiforme, décentralisée et qui peut s’adapter à tout moment et à tout endroit.  C’est que le terrorisme n’a de cesse d’ « innover » et de varier ses modus operandi, surtout quand il se trouve au pied du mur, comme c’est présentement le cas en Irak, en Syrie et dans une moindre mesure chez le voisin libyen. Et ceci ne vas pas sans rendre plus difficile l’anticipation des attaques, notamment celles commises par ceux que les experts appellent les « proto-terroristes », ces individus affiliés idéologiquement, mais qui ne participent pas, au quotidien, à une organisation structurée. Les auteurs des attentats du Bardo, de Sousse et contre la garde présidentielle sont de ceux-là. Celui de Nice sans doute aussi, qui,  sans faire principalement usage d’armes, a causé beaucoup plus de pertes humaines avec un camion fou qu’il n’en aurait fait avec une kalachnikov et des grenades.

Voilà rigoureusement pourquoi il est de la première urgence que des mécanismes conséquents doivent être mis en place ou renforcés par les Etats qu’ils soient militairement est sécuritairement puissants comme la France ou qui le soient moins comme la Tunisie. A ce titre, la coopération est appelée à être de tous les instants et par tous les moyens, quitte à offusquer ceux qui, sous le couvert de la préservation de la souveraineté du pays, sont toujours prompts à crier au loup.

La lutte contre le terrorisme est une guerre cosmique qui ne s’embarrasse d’accès d’angélisme, de professions de foi lénifiantes ni d’approches tolérantes. D’autant qu’un Etat droit et une démocratie ne peuvent pas et ne pourront jamais lutter à armes égales avec des groupes terroristes toujours prêts à jeter dans la bataille des bombes humaines et des kamikazes. Un Etat de droit a l’obligation ardente de ne point  reculer devant ce que d’autres appelleraient la tentation de la force  pour prendre des mesures qui aillent à l’encontre de certains droits si l’intérêt de la communauté l’exige. C’est certes dur à accepter, mais le plus souvent incontournable.

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