Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, enchaîne les interviews. Après son apparition télévisée, mercredi sur les chaînes publiques, il a accordé un entretien à l’agence Reuters, publié vendredi, où il a annoncé qu’il va avoir des discussions clés avec les syndicats pour un gel des salaires dans le secteur public tout en prévoyant une croissance économique d’environ 3 pour cent l’année prochaine et évoquant un ensemble de réformes visant à appuyer la démocratie issue de la révolution de 2011 par des dividendes économiques.
Youssef Chahed, en fonction depuis bientôt un mois, cultive une particulière sensibilité à la fragilité de la paix sociale est en Tunisie, mais s’est déclaré confiant qu’il pouvait conduire les réformes avec son nouveau gouvernement d’union nationale.
« Toutes les réformes sont sensibles, mais nous allons tout résoudre par le dialogue et le consensus », a-t-il assuré dans son interview à Reuters.
Il a affirmé que son gouvernement s’attellera d’abord à stabiliser le déficit public, en maîtrisant l’énorme grande masse salariale dans le secteur public et en se concentrant sur la création de nouvelles sources de revenus. « Nous allons exiger des efforts exceptionnels », a-t-il souligné.
Il a rappelé qu’un plan quadriennal a estimé à 2,5% le taux de croissance, sachant que ce taux a été de 0,8 pour cent suite aux trois attaques terroristes qui ont gravement touché le secteur du tourisme. Le déficit se creuserait, cette année, à 6,5 pour cent contre 4,4 pour cent l’année dernière.
La Tunisie doit payer un service de la dette de 3 milliards de dollars en 2017, et la Banque centrale a estimé que le gouvernement serait en peine de réunir les 450 millions de dollars par mois pour payer ses fonctionnaires.
Les salaires du secteur public constituent une part énorme des dépenses publiques de la Tunisie. Avec 13,5 pour cent du PIB, ils représentent l’un des taux les plus élevés au monde.
Mais le succès de la maîtrise des salaires publics dépend des négociations avec les puissantes organisations, l’UGTT et l’UTICA, et de leurs positions sur un gel des augmentations salariales et des recrutements dans le secteur public.
«Nous avons un dispositif complet pour stabiliser le budget : un impôt exceptionnel sur les entreprises (et) l’appel à l’UGTT de geler les augmentations salariales. Il s’agit d’obtenir un accord sur une politique complète pour la croissance », a déclaré Chahed.
Dans son interview, le chef du gouvernement a affirmé qu’il croyait que la politique d’inclusion du gouvernement qui comprend des membres des grands partis et des personnalités proches des syndicats, contribuerait à un consensus sur la mise en place de dures mesures. Ces mesures comprennent la réduction de l’évasion fiscale et l’intégration du commerce informel qui échappe à l’impôt dans l’économie formelle. Il est projeté en outre un nouvel impôt sur les entreprises.