AccueilLa UNETunisie : Des startups du 3ème type !

Tunisie : Des startups du 3ème type !

Le financement bancaire ! Les jeunes entrepreneurs tunisiens n’en ont cure. La mauvaise situation économique, pareillement. D’autres voies sont disponibles pour créer des startups qui réussissent et qui font du chiffre. Les exemples ne viennent pas uniquement de la Tunisie. Le Maroc et l’Egypte sont sur les rangs, comme le souligne un intéressant article publié par les sites «  start up smart » et « the Conversation ». Dans ces trois pays, les innovations solidaires fleurissent les plaçant à la pointe de l’entreprenariat social. En témoignent les réfrigérateurs du désert au Maroc, un bracelet qui prévient les crises cardiaques en Tunisie ou encore un système de levée de fonds charitables en Égypte.

La Tunisie, avec une centaine de jeunes pousses, se positionne à la 7ᵉ place du classement Seedstars World, une société d’investissement ayant répertorié les pays offrant les meilleures conditions pour lancer une start-up. Le Maroc compte désormais plus de 250 start-up. L’Égypte enfin, écrase tous les records avec des milliers de start-up nées entre 2012 et 2013 d’après l’institut de recensement égyptien.

Remontant jusqu’aux premiers commencements de la « croissance fulgurante de ce type d’entreprises dans des pays aux indicateurs économiques fragiles », l’article, citant des données de Mattermark de l’année 2015, note que, pendant plusieurs années, les start-up se développaient surtout dans des secteurs comme le mailing et le dating. Mais, depuis 2012-2015, elles s’intéressent aussi à la banque, la santé, le prêt, le bitcoin, e-commerce etc. Des domaines d’activité plus classiques comme le transport et le logement sont aussi au cœur des préoccupations, l’objectif étant de consommer autrement en favorisant l’entraide sociale. Selon l’Atlas des start-up qui se focalise sur l’écosystème français, on retrouve les mêmes tendances en retrouvant l’économie collaborative, le big data, les MOOC ou encore le crowdfunding ou « le pouvoir financier de la foule ».

Cette tendance vers une économie dite collaborative trouve tout son sens dans les pays émergents où des start-up se lancent depuis un peu moins de dix ans. Fait essentiel, ces pays ont commencé à intéresser les bailleurs de fonds étrangers et depuis, plusieurs programmes d’accélération de start-up en général sont nés, tels que Flat6labs en Tunisie, Innov Invest et Numa au Maroc.

Ces fonds étrangers viennent répondre à un besoin de financement de ce type d’entreprises considéré comme volatile et peu sûr, d’où une quasi-absence de financement bancaire classique qui reste réticent face à un retour sur investissement peu rapide. Ces pays ont gardé un mode de financement dit continental axé sur les établissements bancaires essentiellement. Pour les jeunes entrepreneurs c’est peut-être même l’unique mode de financement disponible.

Le « gap financier » des banques

Hormis le « gap financier » laissé par le secteur bancaire de ces pays qui ont refusé de financer les start-up, les investisseurs étrangers (fonds d’investissements, accélérateurs d’investissement) ont vu aussi un potentiel social loin d’être négligeable.

Ces sociétés sont constituées de populations jeunes avec une moyenne d’âge entre 25 et 32 ans (selon l’Institut National de statistiques tunisien, INS et l’Institut national de statistiques et économie appliquée Maroc). Ces derniers et notamment les jeunes diplômés sont terrorisés par la peur d’un chômage endémique, dont les chiffres frisent l’indécence. Selon l’INS, en 2016 la Tunisie comptait 267 7000 chômeurs diplômés pour le troisième trimestre, soit un taux de 31, 9 % du nombre total des chômeurs.

Or, le profil même de ces jeunes chômeurs, pour la plupart friands de nouvelles technologies, talentueux, ambitieux et aucunement rétifs aux changements, est un point tout particulièrement bénéfique pour les investisseurs misant sur la nouvelle économie.

Le changement n’est pas impossible !

Les révolutions en Égypte et en Tunisie n’ont pas nécessairement été le point de départ de ces start-up mais plutôt le moteur de prolifération de celles-ci. Cette nouvelle génération s’est rendue compte qu’elle est capable de changer les règles du jeu. Le Printemps Arabe a désinhibé les jeunes qui ont appris que le changement n’est pas impossible et qu’ils sont capables de prendre leur destin en main.

Un point fort unit la plupart d’entre eux qu’ils soient tunisiens, marocains ou égyptiens : leur sensibilité sociale. Conscients des difficultés économiques de leurs pays, ils sont portés par l’envie de combattre le chômage en créant leurs entreprises mais aussi en améliorant la vie de leurs concitoyens.

Bon nombre de ces start-uppers sont porteurs de projets en transport et santé, l’objectif est de pallier un investissement public peu suffisant. Ainsi, BeThree, start-up tunisienne créée par trois étudiants de l’école d’ingénieurs Esprit, a réussi à mettre au point un bracelet intelligent détectant les changements brutaux du rythme cardiaque ainsi que l’hypertension artérielle, prévenant une possible crise cardiaque. Cette start-up qui a vu le jour en 2015 dans le labo d’Esprit (école d’ingénieurs à Tunis) évoquait il y quelques mois la possibilité d’un partenariat avec le Wonka Lab, un accélérateur basé à Los Angeles, en Californie. « Notre incubation à Esprit touchant à sa fin, Wonka Lab a proposé de nous aider à nous développer sur le marché américain » déclarait l’un des entrepreneurs au quotidien Le Monde.

Sont aussi cités les cas de Carmine, née à Casablanca, qui favorise le partage des voitures, une solution pour les jeunes actifs n’ayant pas les moyens d’acheter un véhicule, et d’autres se positionnant dans le clickfunding comme Bassita (simple en arabe) en Égypte qui a utilisé un mécanisme innovant pour la collecte des fonds permettant ainsi l’accès à l’eau potable dans plus de 1000 foyers. Ce modèle lui a permis de financer en 2014 mille paires de lunettes à des brodeuses d’une province des plus pauvres. En 2015, 30 enfants n’ayant jamais vu la mer, ont passé un jour à la mer Rouge.

Cependant, quelle que soit sa nationalité, quel que soit son domaine d’activité, la start-up aujourd’hui garde le même talon d’Achille : une forte dépendance de financements privés durant sa phase de démarrage ce qui peut la rendre fragile et aliénée à ses bailleurs de fonds, conclut « The Conversation ».

M. L.

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