AccueilLa UNETunisie : La descente aux enfers du dinar. Délibérée ou aléatoire !

Tunisie : La descente aux enfers du dinar. Délibérée ou aléatoire !

Le dinar tunisien dégringole et ce sera le cas pour des mois encore. Mercredi, il était négocié à 2,47 contre l’euro et 2.13 contre le dollar, et hier jeudi, il s’échangeait  à 2,43 contre la devise européenne et à 2,16 contre le billet vert. Une descente aux enfers qui devrait mener tout droit à la barre fatidique des 2,5 dinars pour un euro. Ce n’est pas une vue de l’esprit, mais une perspective sur laquelle s’accordent pratiquement tous les conjoncturistes.

L’essentiel, désormais, est moins d’enrayer la baisse du dinar que d’empêcher son effondrement total. Tel sera l’objet des mesures « urgentes et décisives » que le gouvernement s’apprête à annoncer lors d’une conférence de presse, lundi 20 juin. Pas besoin de faire un dessin : des restrictions sur les importations notamment des produits de luxe seront décrétées, et pour faire plaisir au chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, le gouvernement interdirait l’importation des bananes et des pommes. Mais, que les « fines bouches » de ces fruits se rassurent, il en existera toujours sur le circuit parallèle par voie de contrebande, à profusion et meilleur marché.

La thérapie, comme on peut le deviner, est on ne peut plus classique, mais c’est à l’exercice qu’elle révèle d’habitude son efficacité. Toutefois, avec une contrebande qui fait toujours florès, on imagine mal quel dividende l’économie pourra engranger alors que des matelas  de devises s’empilent en dehors des circuits réguliers et que, surtout, la demande de devises est excédentaire par rapport à l’offre.

La Banque centrale de Tunisie, par le truchement de son gouverneur Chedly Ayari, explique que la chute de la monnaie nationale est due à la baisse des exportations, notamment celles des produits miniers, et au déficit d’investissement extérieur, qui ont réduit les réserves de change. Il faut dire que les exportations ont chuté de 2,6% durant les cinq premiers mois de l’année en cours, alors que l’investissement direct étranger a dégringolé de cinq pour cent, au cours de la même période, soit 268 millions de dollars.

S’y ajoutent les recettes en devises du tourisme qui fondent de  44,6% entre 2015 et 2016 (janvier-mai), à 556,2 millions de dinars. La chute des recettes est encore plus brutale en comparaison avec 2010, touchant quasiment la moitié des revenus (-48,1%). Pis, durant les 5 premiers mois de 2016, les entrées des non-résidents n’ont pas dépassé 1, 190 million de personnes (-24,2%) alors que les entrées européennes ont été de seulement 301,3 mille touristes, enregistrant ainsi une baisse de 47,8%.

Une dégringolade « pilotée » !

Mais il n’y a pas que cela, surtout pas que cela, et nombreux sont ceux qui soupçonnent le Fonds monétaire international  d’y avoir partie liée, en « ordonnant » aux autorités financières tunisiennes de ne pas intervenir et de laisser faire car cela fait partie des réformes qu’il a exigées pour accorder puis débourser, en tranches biannuelles, le prêt de 2,9 milliards de dollars. Dès lors, la dépréciation du dinar par rapport au dollar et à l’euro ne pouvait pas surprendre, d’autant que la valeur a reculé de 55% par rapport au billet vert depuis 2011 et de 23% vis-à-vis de la monnaie unique durant la même période.

A vrai dire, cette chute du dinar est le fidèle reflet de la situation économique du pays en proie à la crise plus grave de puis elle de 1986, envenimée par un taux d’inflation de 6-7% et un taux de croissance qui peine à sortir de la zone nulle.

D’après l’économiste Ezzeddine Saïdane, l’Institut d’émission  a  pris une décision souveraine pour « baisser la valeur du dinar de 10% afin de tenter de sauver la donne ».

Au demeurant, on trouvera écho à cette « décision souveraine », dans la note adressée en date du 2 mai 2016 par le gouvernement tunisien au FMI, où il est signifié noir sur blanc que les autorités monétaires vont jouer le jeu en « limitant les interventions de la BCT sur le marché des changes au lissage des fluctuations excessives du taux de change, en recourant entre autres aux adjudications en devises qui permettent au marché de jouer un rôle prépondérant dans la détermination du dinar ». Pour ce faire, ajoute la bafouille du ministère des Finances, «  nous sommes résolus à strictement limiter les ventes nettes de change et uniquement lorsque les solutions de marché ont été épuisées ».  Ce faisant, « un taux de change plus flexible contribuerait à résorber progressivement la surévaluation du dinar et à favoriser un meilleur alignement sur les fondamentaux macroéconomiques. Nous entendons également intervenir en achetant des devises chaque fois que les conditions du marché le permettent ». D’ailleurs, les interventions sur le matché des changes se sont remarquablement rétrécies passant de 37% en moyenne du marché en 2014 à 24% au cours du 4ème trimestre 2015.

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