La productivité des entreprises privées dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) n’a cessé de chuter au cours des dernières années, les plaçant loin derrière leurs concurrents et vis-à-vis dans d’autres parties du monde. A qui la faute? L’agitation politique qui secoue la région depuis le printemps arabe de 2011 n’a certainement pas rendu la vie plus facile pour quiconque tente de gérer une entreprise, mais il y a aussi d’autres inhibiteurs.
Un nouveau rapport intitulé « Qu’est-ce qui retient le secteur privé dans la région MENA? » tente d’aller au fond du problème et d’y proposer des solutions. Le rapport, qui a été publié conjointement par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque européenne d’ investissement et la Banque mondiale, et repris par le magazine Forbes, est basé sur une enquête auprès de plus de 6.000 entreprises dans huit pays à revenu intermédiaire dans la région : Tunisie Égypte , Jordanie, Liban, Maroc, Djibouti , Cisjordanie et Gaza et Yémen.
Chacun de ces pays a ses propres défis, mais le rapport en cite quatre qui entravent les entreprises sur ces marchés. Le premier d’entre eux est, sans surprise, l’instabilité politique qui est le problème majeur en Tunisie, en Egypte, au Liban, en Cisjordanie et Gaza et au Yémen et le troisième plus gros problème en Jordanie.
Les autres principaux écueils cités par les entreprises comprennent l’aléatoire alimentation en électricité, qui a prend rang parmi les trois premiers problèmes dans cinq des pays étudiés. Il y a ensuite la corruption qui figure parmi les trois maux endémiques dans quatre des économies et la difficulté d’accès au financement, classée parmi les trois premiers obstacles dans trois des pays (en Jordanie, il est considéré comme le plus gros problème parmi tous). En outre, la plupart des entreprises interrogées ont affirmé que leur innovation et leur croissance ont été obérées par les obstacles au commerce et le manque de main d’œuvre dûment et adéquatement formée pour répondre à leurs besoins.
Comme toujours, ces écueils sont beaucoup plus faciles à identifier qu’à résoudre, mais le rapport n’en recommande pas moins un certain nombre de politiques qui pourraient aider à résoudre une partie de ces problèmes.
Sur le plan financier, le rapport insiste sur la nécessité pour les banques d’améliorer leurs systèmes d’évaluation des risques de crédit et d’offrir de conséquents schémas de garantie du crédit. « Trouver un moyen de reconnecter les banques et les entreprises est essentiel pour améliorer les opportunités de croissance dans la région », a déclaré Debora Revoltella, économiste en chef de la Banque européenne d’investissement.
Sur le marché de l’emploi, il est également nécessaire de rendre plus facile la possibilité pour les femmes d’intégrer la population active, ce qui est un gros problème dans les pays les plus conservateurs du Moyen-Orient, notamment l’Arabie Saoudite. Et les enfants doivent recevoir une éducation qui les dote des compétences et du savoir-faire dont ils auront besoin à l’avenir, plutôt que d’être simplement dispensée pour mémoriser des faits et des connaissances comme c’est trop souvent présentement.
Une plus grande compétitivité pourrait également stimuler l’augmentation de la productivité et de l’innovation, selon le rapport. Cela nécessite des services de douanes plus souples et plus rapides et des processus commerciaux qui le soient autant pour les importations et les exportations, ainsi que moins de restrictions sur l’investissement étranger.
Enfin et surtout, l’émergence de gouvernements honnêtes, réactifs et stables serait la meilleure prescription politique parmi toutes. Malheureusement, cela semble être une perspective aussi lointaine que jamais dans des pays comme l’Egypte, la Cisjordanie et Gaza et le Yémen, se lamente le rapport.