AccueilLa UNETunisie : Les jihadistes de retour, de vraies bombes à retardement !

Tunisie : Les jihadistes de retour, de vraies bombes à retardement !

Déjà copieusement tumultueux, le débat public en Tunisie vient de se lester d’un casse-tête dont personne ne conteste le bien-fondé tant ses conséquences sont potentiellement désastreuses pour la sécurité du pays. C’est celui des jihadistes de retour des zones de tension, des « returnees » qui se préparent à revenir en masse sous les coups de boutoir qui leur sont assénés en Syrie, en Irak et en Libye. Que faudra-t-il en faire : les accepter, les refouler, les laisser dans la nature ou les punir ? Chacun y va de sa petite idée. D’aucuns préconisent de les déchoir de la nationalité tunisienne, d’autres de les interner dans des centres dédiés, d’autres encore de tenter de les « réformer ».Mais aussi, il y a ceux qui estiment qu’il faut faire avec en leur permettant de revenir au bercail moyennant soit des poursuites judiciaires, soit des thérapies d’autant plus fantaisistes qu’elles sont rigoureusement inopérantes.

La confusion s’installe même à la tête de l’Etat avec les palinodies du président de la République qui dit la chose et son contraire et au sein du gouvernement qui, là encore, se signale par une absence de vision qui ajoute à la complexité du dossier. La société civile, elle, et comme à son habitude, se répand en manifestations et mouvements assimilés pour relayer, dit-elle, le fin fond du tempérament national qui est hostile au retour de ces jihadistes « irrécupérables », alors que nombre de politiques plaident pour la déchéance de nationalité.

A première vue, pareille préconisation enfreint une disposition majeure de la Constitution qui, dans son article 25 stipule que « il est interdit de déchoir de sa nationalité tunisienne tout citoyen, ou           l’exiler ou l’extrader ou l’empêcher de retourner dans son pays ». Mais dans le même temps, il existe une disposition légale toujours en vigueur, qui soutient le contraire. C’est l’article 32 du code de la nationalité libellé en ces termes : « Perd la nationalité tunisienne, le Tunisien qui, remplissant un emploi dans un service public d’un Etat étranger ou dans une armée étrangère, le conserve, passé le délai d’un mois après l’injonction de résigner qui lui aura été faite par le Gouvernement tunisien, à moins qu’il ne soit établi qu’il a été dans l’impossibilité de le faire. Dans ce dernier cas, le délai d’un mois court seulement du jour où la cause de l’impossibilité a disparu. L’intéressé est libéré de son allégeance à l’égard de la Tunisie, à la date du décret qui prononcera la perte de la nationalité tunisienne ».

Dans ce sac de nœuds juridique, chacun peut avoir raison comme il peut avoir tort, mais, s’agissant de terrorisme, le principe de la hiérarchie des textes peut se prêter à des interprétions dictées par l’intérêt supérieur de la Nation, comme cela a été fait dans maints Etats en proie au terrorisme. Les gouvernants tunisiens succomberont-ils à cette tentation ou choisiront-ils d’amender la Constitution, indiscutablement par voie de référendum, pour se donner les moyens légaux d’immuniser le pays contre un danger réel ? En tout cas, il apparaît comme urgentissime qu’un mécanisme juridique soit trouvé pour que le problème des « returnees »           soit abordé avec tout le sérieux que dicte son extrême et imminente gravité, sans se perdre dans les palabres dont la classe politique est coutumière.

Les autres voies de la déradicalisation

Incontestablement, la Tunisie est en face d’une question qui ne souffre aucun atermoiement ni contretemps. Déjà 800 jihadistes de retour se trouvent sur son territoire, selon un décompte officiel du ministère de l’Intérieur qui tempère en affirmant détenir toutes les données les concernant. Un chiffre qui est appelé à passer du simple au quadruple voire au quintuple au vu de la cadence à laquelle s’accélère la déroute des organisations terroristes dans les foyers de conflits.

Visiblement, c’est l’option sécuritaire qui est, pour l’heure, la plus privilégiée pour s’attaquer à l’incommensurable problème des « returnees » même s’il n’y a pas assez de place pour les incarcérer. Certes, d’autres alternatives sont débattues comme par exemple les centres de « désintoxication » jihadiste qui ont essaimé dans maints pays aux prises avec pareille situation. Mais pourrait-on les repliquer en Tunisie, sachant que tels établissements requièrent d’immenses moyens financiers et des ressources humaines hautement qualifiées pour des résultats hypothétiques.

Le cas le plus fréquemment cité sur ce registre est celui de l’Arabie saoudite qui a lancé en 2004 un vaste programme de déradicalisation et de réhabilitation dont les initiateurs affirment qu’il a été un « énorme succès » avec 90 % de pensionnaires ayant renoncé à leur vision du monde radicale et 1.500 prisonniers sur les 3.200 insérés dans le programme libérés. Mai selon le Middle East Institute, ce sont les 10% restants qui posent problème, car ce chiffre inclut les extrémistes emprisonnés les plus violent et les plus dangereux. Bien que ces prisonniers soient peu susceptibles d’être libérés, réhabilités ou non, leur pourcentage signifie surtout que la campagne de réhabilitation n’est efficace que sur les délinquants mineurs et les sympathisants djihadistes lesquels peuvent être déjà à la recherche d’une alternative au djihadisme, compte tenu des déceptions dues aux circonstances de leur capture.

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