AccueilLa UNETunisie : Les préceptes, encore abrupts, du FMI

Tunisie : Les préceptes, encore abrupts, du FMI

Une activité économique anémique,  un emploi faible et  des déséquilibres extérieurs élevés. Pour le Fonds monétaire international, la Tunisie demeure ce pays dont il faut soutenir la vision économique d’une croissance dont les bienfaits sont mieux partagés. L’approbation tout récemment d’un prêt de 2,9 milliards de dollars sur quatre ans  s’inscrit dans cette trajectoire.

Plus explicite encore, le chef de mission du FMI pour la Tunisie, Amine Mati pose un diagnostic où se côtoient  une composition des dépenses détériorée, des déséquilibres extérieurs élevés, un dinar toujours surévalué, des banques fragiles et des  réformes du climat des affaires encore lentes.

Il existe 5 piliers sur lesquels les autorités tunisiennes vont devoir et promis de travailler. D’abord, une réduction progressive du déficit budgétaire global afin de stabiliser la dette publique aux environs de 50 % du PIB, une amélioration de la composition des dépenses publiques avec une maîtrise des salaires permettant de doubler les investissements publics prioritaires qui soutiennent la croissance et la réduction de la pauvreté. S’ajoutent un assouplissement du taux de change afin d’améliorer la compétitivité extérieure de la Tunisie et de reconstituer les réserves de change, une amélioration de l’intermédiation du secteur financier, notamment en poursuivant la restructuration des banques publiques et des réformes structurelles, y compris des institutions et des entreprises publiques, une réduction des subventions énergétiques, un système fiscal plus progressif et équitable, un renforcement de la gouvernance et une amélioration du climat des affaires.

De tout cela, il est escompté et au cas où ces réformes porteraient leurs fruits,  une croissance à 5 %. Dans l’entretemps, il va falloir modifier le modèle de développement qui existe de longue date, un modèle qui repose sur une omniprésence de l’État conduisant  à une économie tributaire d’exportation à faible valeur ajoutée, à une réglementation excessive et à une concurrence limitée. Il s’agit d’adopter rapidement le nouveau code de l’investissement et de mettre en œuvre la nouvelle loi sur la concurrence

Le pays peut aussi mettre en œuvre des partenariats public-privé qui attirent des capitaux privés pour des projets d’infrastructure. Toutes ces améliorations du climat des affaires, facilitées par une nouvelle rationalisation de la réglementation existante, encourageront le développement du secteur privé et signaleront l’ouverture de l’économie tunisienne aux investisseurs locaux et internationaux. Il sera nécessaire aussi de réformer le marché du travail, même s’il faut probablement du temps pour dégager un plus grand consensus. Entre-temps, les autorités ont engagé des politiques actives du marché du travail (par exemple, travaux publics, micro finance) et des programmes de formation professionnelle qui peuvent contribuer à réduire le chômage parmi les diplômés universitaires.

La fonction publique, un mal endémique !

La réforme de la fonction publique est la priorité absolue, affirme le FMI qui souligne que la qualité des services publics  laisse à désirer et la trajectoire actuelle de la masse salariale, qui représente 65 % des recettes fiscales, 14 % du PIB et 45 % des dépenses totales, n’est pas viable. La réforme contribuera  à maîtriser la masse salariale en la réduisant à 12 % du PIB d’ici 2020, ce qui permettra de créer l’espace budgétaire nécessaire pour doubler l’investissement public. Cette réforme devra être suivie d’autres dans bien des domaines. Par exemple, elle doit aller de pair avec une réforme fiscale qui améliore l’équité en élargissant la base de l’impôt et en accroissant le pouvoir d’achat des contribuables aux revenus les plus bas (par exemple, en relevant le seuil de l’impôt sur le revenu). Comme les autorités le reconnaissent, la mise en œuvre de cette réforme est essentielle car seul le secteur privé, et non le secteur public, peut créer des emplois viables.

Fonction publique, mais aussi gouvernance dont l’amélioration est une priorité pour le gouvernement. Le renforcement de la lutte contre la corruption et de la gouvernance est prévu par la constitution tunisienne. Il s’agit maintenant de passer à l’action. Les autorités sont en train d’établir une loi portant création d’un organe constitutionnel indépendant de haut niveau qui sera chargé de lutter contre la corruption.

De nouvelles lois qui seront adoptées d’ici la fin de l’année protégeront les lanceurs d’alerte, s’attaqueront aux conflits d’intérêts dans le secteur public et exigeront des hauts fonctionnaires qu’ils divulguent leur patrimoine financier net. L’amélioration de la gestion des finances publiques et la publication de davantage de documents officiels contribueront à promouvoir la transparence et à renforcer la gouvernance. Le nouveau ministère de la fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, mis en place au cours des derniers mois, contribuera aussi à la mise en œuvre de cette réforme. Le programme appuyé par le FMI aidera les autorités dans ce domaine, notamment en ce qui concerne le renforcement du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

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