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Tunisie-Libye : Syrte, et après !

L’organisation  terroriste Daech est en train de perdre un à un ses bastions en Syrie, en Irak, et plus remarquablement encore en Libye. Elle vient d’être chassée du port de Syrte, son fief « historique »  une ville située à la charnière de la Tripolitaine (Ouest) et la Cyrénaïque (Est).

Daech avait  fait de cette localité du littoral central le laboratoire de la société djihadiste rêvée par Abou Bakr Baghdadi, une sorte de version libyenne de Rakka en Syrie ou Falludja et Mossoul en Irak. En Libye, la débandade de Syrte fait  suite à l’éviction de l’organisation de deux autres de ses implantations à Derna (Est) et à Sabratha (Ouest).

Depuis le 12 mai, Syrte est la cible d’une attaque coordonnée par l’ouest, le sud et l’est de katibas (unités combattantes) affiliées au nouveau gouvernement d’« union nationale » dirigé par Faïez Sarraj, activement soutenu par les Nations unies et les capitales occidentales.

L’occupation de Syrte a constitué durant une année un sérieux atout pour les djihadistes. Elle leur a permis de tenir un territoire de plusieurs dizaines de kilomètres de long et donc de former un embryon d’Etat en Afrique du Nord comme ils l’ont fait au Proche-Orient. Situé à proximité d’importants gisements de pétrole, à mi-chemin des deux «capitales» du pays, Tripoli et Benghazi, une telle position était en outre susceptible de favoriser d’autres conquêtes à la faveur du chaos ambiant.

La Tunisie s’en est douloureusement ressentie, les terroristes qui y ont commis les attentats les plus sanglants en 2015, avaient reçu leur funeste formation dans des camps d’entraînement à Syrte devenue une véritable machine à produire des kamikazes, en majorité des Tunisiens, et d’autres variétés de terroristes à multiples usages.

On ne dispose pas de chiffres exacts sur le nombre des Tunisiens s’entraînant au maniement des armes et aux techniques terroristes en Libye, mais ils se comptent par centaines, peut-être 2000, ce qui représente un danger réel pour le voisin tunisien au cas où  les jihadistes qui sont en train de fuir en débandage, décideraient de revenir en Tunisie, même s’il se confirme que les terroristes de Syrte ont obliqué vers le désert libyen.

Conjectures et scénarios

La foudroyante progression des forces anti-Daech n’en soulève pas moins des interrogations sur la « résistance » des jihadistes. Une question cruciale dont dépend la suite des événements, selon les analystes qui avancent trois scénarios.

Le premier est que Daech  n’était pas aussi puissant que l’on craignait  Ses forces auraient été largement surestimées par les services secrets occidentaux et ne comptaient pas 6000 combattants, comme prétendu, mais quelques centaines. Les djihadistes auraient par ailleurs été défaits d’autant plus rapidement qu’ils se seraient aliénés la population locale et, le moment venu, se seraient retrouvés isolés.

Une seconde explication est que Daech aurait reculé pour mieux bondir. En d’autres termes, il aurait décidé de quitter certains quartiers en laissant derrière lui une quantité suffisante de snipers et d’explosifs pour saigner ses adversaires. Et il serait aujourd’hui tapi dans l’ombre pour reprendre leur bastion aux premiers signes de faiblesse des milices de Misrata ou des Gardes des installations pétrolières.

Selon un troisième scénario enfin, Daech aurait décidé de se replier durablement vers une autre région, susceptible de lui fournir un abri plus sûr. Une région qui pourrait bien être le Fezzan, dans les profondeurs du Sahara, où gravitent déjà d’autres groupes djihadistes aux côtés de mouvements armés touareg et toubou. Une telle implantation serait moins glorieuse que les bords de la Méditerranée. Mais elle offrirait les conditions d’une résistance durable aux autorités de Tripoli, voire d’une extension de la guerre vers d’autres pays de la zone, comme le Niger, l’Algérie et la Tunisie.

Au demeurant, la Tunisie et l’Algérie se sont placées en alerte rouge car elles craignent la fuite vers leurs frontières de groupes djihadistes désertant le théâtre des opérations. Mardi dans l’après-midi, un groupe de huit terroristes a été intercepté et abattu par l’ANP algérienne (Armée nationale populaire) près de Guelta Zarka, dans la wilaya de Sétif. En Tunisie, c’est à Mnihla et à Tataouine  que des terroristes ont été abattus au cours de la dernière période outre, le démantèlement de cellules dormantes et les nombreuses arrestations de présumés terroristes.

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