AccueilLa UNETunisie-Municipales : Quand Ennahdha avance masqué !

Tunisie-Municipales : Quand Ennahdha avance masqué !

Serait-il écrit dans le ciel qu’en Tunisie la classe politique, déjà affublée d’un impénitent esprit de chicane, prenne toutes ses aises chaque fois qu’elle a à se saisir d’un dossier majeur comme, dans le cas qui nous occupe actuellement, celui des élections municipales. S’étant prêté à une succession d’accrocs et d’adversités qui ont failli le renvoyer aux calendes grecques, ce scrutin dont on a pourtant réussi à faire sauter le verrou de la loi électorale, s’offre une autre incertitude, celle de la date à laquelle il devra avoir lieu : à la fin de l’année en cours ou plus tard, inévitablement, au premier trimestre de 2018. Le président de l’ISIE penche pour la première échéance, avec une préférence pour le mois de novembre qu’il juge idoine, car celle de décembre coïncide avec deux aléas de taille, les mauvaises conditions climatiques avec leur cortège d’écueils dans certaines régions, et le marathon budgétaire. Au demeurant, l’Instance assure qu’elle sera, tous les cas de figures, dans les meilleures dispositions pour organiser cette consultation pour peu que « les autres parties » valident le calendrier y afférent.

Mais voilà qu’un autre accroc commence à se faire jour. Il tient à la promulgation du code des collectivités locales en l’absence duquel les élections municipales ne pourront pas se tenir. Prévu pour passer devant la Représentation nationale en juillet 2016, il ne l’a pas été pas plus qu’il n’a été adopté. Et rien n’indique concrètement que ce serait le cas dans un proche avenir pour permettre à l’ensemble du processus électoral de démarrer avec le découpage électoral, les inscriptions au registre, la fixation de la durée de la campagne et la validation des candidatures. Une articulation en l’absence de laquelle toute l’opération électorale sera caduque.

Les politiciens réaliseront-il l’importance de l’enjeu ? Rien n’est moins sûr, et ils l’ont montré plusieurs fois plutôt qu’une en faisant étalage de leurs griefs, de leurs querelles de clocher et leurs manœuvres dilatoires d’autant plus dévastatrices qu’elles ont retardé d’autant l’ordonnance de cet essentiel épisode électoral, le premier de l’ère de la Révolution dont il est unanimement attendu un redressement de la cité et de la commune partout dans le pays. Bien que les partis politiques protestent de leurs bonnes intentions et claironnent qu’ils sont attachés comme jamais à cette échéance, ils ne donnent que peu de gages qu’ils s’y investissent. On en a vu un des échantillons lors de l’examen et du vote de la disposition de la loi électorale autorisant les corps armés à voter. Un épisode qui aurait pu être expédié en cinq sept mais qui a pris de long mois inutiles et fastidieux.

Agitation tous azimuts

Les choses étant désormais ce qu’elles sont, tout le monde s’active ou plus exactement s’agite pour s’arroger le meilleur positionnement possible sur l’échiquier politique en prévision des Municipales, car on y voit un test grandeur nature des échéances électorales ultérieures, nommément les Législatives et les Présidentielles. Maintes formations politiques s’y préparent en négociant des alliances         pour être en mesure de faire bloc autour d’une force à même de barrer la route au mouvement Ennahdha, qui semble avoir en main l’essentiel des atouts pour rafler la mise. D’ailleurs, le parti de Ghannouchi, qui avance masqué sur cette voie, a mis au point, et depuis longtemps, une stratégie bien sentie pour devenir la première force politique du pays, alors que son rival, Nidaâ Tounès, étêté, et émietté qu’il est devenu, est bien en peine de lui tenir la dragée haute. Les autres formations politiques, à l’avenant. C’est tout juste si elles cherchent à se partager le vivier d’électeurs qui a permis au parti de Béji Caïd Essebsi, de conquérir les places fortes de l’échiquier politique. Une charogne sur laquelle sont en train de se ruer ces partis, minuscules et de peu de poids pour s’arroger un territoire s’ils faisaient cavalier seul dans la bataille électorale qui se prépare.

Un enjeu éminemment politique

Dans pareille configuration, le mouvement Ennahdha, avec des militants déterminés, disciplinés et très soudés, s’estimerait en pool position pour arriver à ses fins même s’il se dit toujours et viscéralement attaché à son entente avec Nidaâ Tounès ou ce qu’il en reste, et à son acte fondateur, la « collusion » scellée à Paris par BCE et Rached Ghannouchi.

C’est à cette aune qu’il faut appréhender l’enjeu principal des élections municipales. A ce titre, le scrutin, censé être une élection de proximité intéressant directement les citoyens, sera de nature éminemment politique donnant lieu à une mobilisation de la même essence. On sera alors à mille lieues de ce que doit être une consultation électorale municipale avec des édiles et des échevins occupés exclusivement à donner une direction stratégique à la ville, capables de construire une cohésion, d’organiser un bien vivre-ensemble en s’appuyant sur les réseaux économiques, associatifs et les partenaires sociaux, et surtout, à même de mettre en œuvre une action publique qui produit des résultats.

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