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Tunisie-Plan quinquennal : L’heure de vérité !

Mis entre parenthèses depuis la Révolution du 14 janvier, le Plan de développement, véritable déclinatoire des politiques, économique et sociale de la Tunisie, est en train de renaître de ses cendres pour devoir fixer le cap stratégique du pays pour ce qui reste du quinquennat 2016-2020, qu’il était censé couvrir. L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) vient tout juste de s’en saisir, et sachant sa propension à discutailler, on ignore quel temps elle va prendre pour l’approuver et en adopter le projet.

En tout cas, il est de la toute première urgence qu’il le soit. Et la ministre des Finances, Lamia Zribi, rongeant son frein, n’a pas caché son irritation de voir l’absence d’un plan de développement comme cadre référentiel rendre difficile l’élaboration du budget de l’Etat et de la loi de Finances qui participent généralement de ce plan. D’autant qu’il a rang de cadre pour le développement durable, la préservation des équilibres financiers et la réduction de la pression sur le budget de l’Etat.

Sans aucun doute, cet acte fondateur de toute l’architecture économique, sociale, culturelle et environnementale du pays pour les années à venir, intervient comme le point d’orgue d’un processus qui n’a que trop duré mais qui résume une succession d’étapes et d’événements de différents ordres : d’abord la Révolution et les objectifs qu’elle porte, la Constitution de 2014, l’accord de Carthage , la mise en place du gouvernement d’union nationale et enfin la Conférence internationale pour l’investissement « Tunisia 2020 ». Ce document de 192 pages qui fixe les objectifs à atteindre pour ladite échéance a été une œuvre collective à laquelle ont pris part pas moins de 25 mille personnes, selon le ministre Fadhel Abdelkéfi, ce qui en fait une production empreinte d’un notable esprit participatif où les régions, les secteurs, l’Etat, la société civile ont eu voix au chapitre pour forger une vision qui les engagent les uns autant que les autres.

Lieux communs, aléas !

Tout cela est bien beau, serait-on enclin à penser. Mais force est de relever qu’on est là en présence d’idées, d’aspirations, également de données chiffrées et de mécanismes de mise en œuvre qui , cependant, sont fatalement sujets à des aléas que nul ne peut, à ce stade, prévoir ni en calculer les répercussions. D’autant que les lieux communs, les professions de foi, les idées forcément vagues y font florès, suscitant d’énormes interrogations sur une réelle exécution du Plan.

On ne s’en consolerait pas moins en apprenant que bien des paramètres auront l’heur de s’améliorer d’ici 2020. Par exemple, le taux de croissance, englué présentement au dérisoire taux de 2%, gagnera un point en 2017, pour ensuite s’établir à 4,4% l’année d’après et s’envoler à 5,5% en 2020. Le déficit courant sera épongé pour être ramené à 5,2% en 2020 contre 7,7% en 2016. Idem pour l’inflation dont on attend qu’elle soit contenue aux alentours de 3,5% à ladite échéance, alors qu’elle gravite actuellement autour de 4%. Mais la prévision la plus optimiste est celle qui a trait au revenu par tête d’habitant : 12.520 dinars en 2020 contre 8.680 DT à l’heure actuelle, ce qui signifie qu’il augmentera de presque la moitié. Enfin, les exportations feront mieux que maintenant, elles passeront du taux de 5,5% à 10,4% en termes d’augmentation à l’horizon 2020.

L’impératif d’aller au charbon

Brossée à grands traits, cette perspective pourrait sembler réjouissante autant que rassurante sur l’avenir du pays. Mais faut-il la prendre pour parole d’Evangile alors que bien des écueils, et non des moindres, grèvent ce take-off appelé de tous les vœux. Les Tunisiens trouveront-ils la ressource, mieux la volonté, de mouiller la chemise pour faire de ce plan quinquennal le véritable creuset d’une réelle rupture avec leur situation présente funestement aggravée par les effets , tant primaires que secondaires de la Révolution ? L’Etat retrouvera-t-il le chemin d’une autorité qui lui a filé entre les doigts, pour affirmer sa présence, accompagner le développement, faire preuve d’une constructive imagination, renoncer une fois pour toutes à l’improvisation qui a entaché l’exercice de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011 ? Les partis politiques entendront-ils enfin raison pour s’engager dans la vraie voie de la gestion de la chose publique, bien loin de ces errements et néfastes calculs qui ont sérieusement malmené l’exercice politique dans le pays ? De la réponse à ces questions et à bien d’autres dépendra le futur du pays dont le Plan quinquennal est un outil, certes majeur, mais qui dicte une mobilisation aussi large et énergique que possible.

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