AccueilLa UNETunisie : Pourquoi s’étonne-t-on du recul de l’investissement ?

Tunisie : Pourquoi s’étonne-t-on du recul de l’investissement ?

Les chiffres sur l’investissement ne cessent de décevoir. C’est très logique eu égard au paysage économique actuel. Mais que fait le gouvernement pour y remédier? Rien, sinon inviter le secteur privé à investir notamment dans les zones défavorisées.

Mais pourquoi le privé investirait-il dans ces régions ou même dans des régions plus gâtées?

Tout d’abord, l’investissement a pour but de créer des richesses qui engendrent un retour sur investissement. Ces objectifs microéconomiques devraient logiquement recouper ceux,  globaux, de l’Etat en matière de développement régional et d’emploi.

Or, toutes les variables politico-socio-économiques vont à l’encontre de ces objectifs, le gouvernement veut atteindre ses objectifs, qui sont en fait des promesses électorales, sans passer par celui de l’investissement, ou du moins sans mettre en place les conditions de leur réalisation.

Tout d’abord, l’élément essentiel et déterminant en la matière est la sécurité. Certes, l’Etat ne peut, par une baguette magique, assurer la sécurité totale sur tout le territoire tunisien, mais peut par contre donner des signaux effectifs positifs. Or, nous avons l’impression que l’Etat n’y fait pas preuve d’une grande fermeté. Bien que la dernière opération de Ben Guerdane ait été  une réussite pour le système sécuritaire et notamment pour l’armée, les soucis de sécurité restent prépondérants. Ainsi en est-il des procès qui n’aboutissent pas tel que celui du cas du martyr Chokri Belaid, ou les procès qui tout simplement n’auront jamais lieu. Des centaines sinon des milliers de terroristes ont été arrêtés mais on n’entend point parler de procès.  Ensuite, le manque de moyens de notre armée, notamment les moyens humains, et même les réservistes rappelés pour reprendre du service ont été renvoyés chez eux faute de budget. En effet, après l’annonce par le Chef du gouvernement du recrutement de 12.000 personnes dans l’armée, le budget prévu pour les réservistes devrait servir pour les nouvelles recrues.  Il paraît même que c’est une idée de notre chère Assemblée des représentants du peuple.

Le deuxième élément déterminant en matière de relance des investissements tient au  climat social. Jamais la Tunisie n’aura connu une situation aussi anarchique et décadente avec une union syndicale qui ignore complètement sa vocation de partenaire socio-économique et qui se limite à son rôle de revendicateur rarement à raison, mettant en péril les énergies, et de l’exécutif et des sécuritaires qui se retrouvent en train de combattre les feux provoqués par ci par là par ses adhérents.

La corruption est le pire ennemi de l’investissement, elle démolit toute transparence et répand l’injustice. Elle entache la visibilité et renforce l’aléatoire. La règlementation anti-corruption ne s’avère guère être un moyen suffisant de lutte. Ce phénomène, doublé d’un surpeuplement des agents de l’administration, fruit d’une pseudo révolution, contribue activement au manque à gagner de l’Etat et à la mauvaise allocation des ressources.

Déjà, sans la résolution des problèmes au titre de ces volets, toute autre mesure en vue de relancer les investissements, restera de nul effet. N’empêche que les réflexions sur ces mesures doivent continuer et même s’intensifier.

Des plans de développement déconnectés de la réalité régionale !

On ne développe pas une région en y créant une zone industrielle, nombreuses sont les zones créées et qui n’ont jamais accueilli  d’entreprises. Le développement exige la transformation des zones défavorisées en de véritables centres de vie ; il exige la mise en place d’une infrastructure solide à même d’anéantir l’enclavement  de ces zones.

Appliquer la même stratégie à tout le territoire ne serait pas d’un grand apport, le plan de développement d’une région devrait tirer ses ressources de ses propres  particularités. On ne peut créer un chantier naval dans un lieu loin de la côte comme on ne peut pas créer une conserverie de poisson dans les palmeraies de Tozeur. Ceci pour dire que même les législations sur l’investissement devraient tenir compte des différents environnements, et ce n’est nullement les avantages liés aux « zones de développement» qui vont assurer l’attraction et la consolidation des investissements.

Pourquoi avoir le même code des investissements pour tout le pays ? Pourquoi les citoyens d’une région ne peuvent-ils  pas mettre en place leurs propres stratégies de développement et leurs propres codes pour attirer les investisseurs ? Pourquoi l’Administration a-t-elle peur de perdre des recettes fiscales d’entreprises qui n’existent même pas.

Malheureusement là aussi, le bât blesse. L’administration continue de traiter la question de l’investissement et du développement comme si le faisait dans des conditions normales. Elle continue de calculer le manque à gagner dû à tel ou tel avantage qui serait accordé, un manque à gagner d’un projet qui n’existe pas et qui n’existerait pas en l’absence de ces avantages.

Le gouvernement devrait prendre conscience qu’à des situations exceptionnelles, il faudrait des réponses exceptionnelles. Dans les conditions actuelles, il faut être créatif et innovatif, on ne traite pas un cancer par de l’aspirine, et si le remède n’existe pas, il faudra l’inventer.

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