AccueilLa UNETunisie : Une croissance de 3%. A la bonne heure !

Tunisie : Une croissance de 3%. A la bonne heure !

2017 apportera-t-elle dans son sillage pour la Tunisie un léger mieux économique ? Une question rituelle qui se pose au début de chaque année mais souvent démentie par les faits, surtout après la Révolution du 14 janvier. Plus précisément, la croissance remontera-t-elle à 3% comme le prévoient les conjoncturistes de la Banque mondiale et comme semble le penser sans la chiffrer le Directrice générale du Fonds monétaire internationale, Christine Lagarde ? Les propos qu’elle a tenus au sortir d’un entretien à Davos avec le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, ne peuvent pas passer inaperçus s’agissant d’un pays qui a continuellement maille à partir avec des chiffres de croissance qui peinent à concorder avec les anticipations des experts, si sérieux et éclairés soient-ils, interdisant toute perspective de redressement. Mais en prenant sur elle de dire que « les perspectives de croissance pour l’économie tunisienne se présentent mieux en 2017 qu’en 2016… avec un redémarrage dans un certain nombre de secteurs dont celui des phosphates », d’ordinaire, elle ne s’autoriserait pas à s’exprimer ex nihilo, pour autant qu’elle concède la difficulté des réformes qu’il y a strictement lieu d’engager.

En tout cas, des déclarations de cet aloi ont vocation à arranger la démonstration du chef du gouvernement qui se convainc déjà que « les tendances économiques sont en cours de renversement positif » pour donner corps à son ambition déclarée de voir l’année 2017 être celle de la relance économique et de l’accélération du rythme de croissance, grâce à l’investissement, la production, l’exportation et la création d’opportunités d’emplois pour les jeunes. Peu suspect de rhétorique, Youssef Chahed a l’ardente obligation de sortir des sentiers battus et rebattus par ses prédécesseurs, en fixant un cap clair à ce qu’il entend faire et surtout en ne se bornant plus à réagir aux événements pour passer vigoureusement à l’action, et rien que cela. De l’imagination, de la rigueur, de la lucidité, voilà ce qu’il importe de déployer pour donner désormais un sens à la gestion de la chose publique, sérieusement et fréquemment mise à mal en parfaite égalité par la classe politique et les citoyens qui n’ont pas encore pris la juste mesure des défis qui assaillent le pays et retardé d’autant la relance économique et la paix sociale, si nécessaires au redressement tant clamé mais jamais réalisé.

« Six ans, ça suffit » !

On se prend à se demander si le gouvernement a la ressource de s’engager dans cette voie et ultérieurement d’y aller de l’avant. Six ans, ça suffit ! C’est sous cette bannière que devra s’ordonner l’action de l’Etat en son entier, et pas uniquement celle de l’Exécutif. On entend par là une Représentation nationale qui se morfond sans fin dans des chicaneries dont elle a hérité de la précédente assemblée, laissant en jachère un travail législatif pourtant indispensable pour impulser et soutenir celui du gouvernement, et puis encore un pouvoir judiciaire plus occupé à faire des grèves et autres dérivés qu’à administrer la justice comme le lui prescrit sentencieusement sa vocation. Une conjonction qui grève immensément toute l’ordonnance du pouvoir et renvoie une piteuse image de son exercice.

Une configuration où l’on ne serait pas surpris de voir le chômage s’enfoncer profusément dans une spirale en tout point frustrante pour les jeunes, notamment pour les diplômés d’entre eux, un endettement extérieur flirter avec les sommets avec un stock de plus de 60 milliards de dinars, une productivité qui peine à se relever de son indigence presqu’endémique, des hommes d’affaires qui hésitent à investir, surtout dans les régions de l’intérieur et une balance commerciale qui ne finit pas de creuser son déficit. Le tout périclitant à l’enseigne d’un modèle économique unanimement jugé obsolète et d’un autre âge et que personne ne cherche à bousculer, au moins par des réformes fatalement douloureuses dont il est plus ou moins convenu, mais qui, telle l’Arlésienne, on ne les voit jamais. Pourtant, comme l’affirme l’expert Fayçal Derbel et néanmoins conseiller économique du chef du gouvernement, un modèle économique est d’une nécessité absolue, en précisant qu’aux fins de sa réalisation, il est indispensable de réaliser un taux de croissance de 7% sur les trois prochaines années. Une bouteille à la mer ! Ce serait déjà un exploit si on arrivait à en faire 3% cette année, 3,7% l’année prochaine et 4% celle d’après, comme le prévoit la Banque mondiale. Une perspective qui laisse en tout cas sceptique le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie. Alors !

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -