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Tunis : Opérations du Kef, de Souk Lahad et de Chebaou : la grande supercherie?

Le terrorisme a toujours fait mal parce qu’il tue indistinctement, et s’attaque perfidement aux points faibles des nations, mais son projet n’a jamais été à l’origine d’un quelconque changement pour le mieux, dans nul pays. Il dit qu’il prend pour cible l’Etat pour changer l’ordre des choses, mais son programme se résume à des attaques contre la société et les petites gens qui étaient au mauvais moment, pendant l’exécution de l’acte criminel.

Son point fort n’a jamais été la stratégie qu’il adopte ou l’arsenal de guerre qu’il possède mais simplement deux faits importants. D’abord, la facilité d’accéder à ses cibles qui sont au coin de la rue facilement touchables et ensuite, la cécité politique d’une frange des élites qui ne parviennent pas à saisir le danger qu’il représente à ses débuts (ou ne le veulent pas), et ne réalisent la nature du phénomène que lorsqu’il franchit un point de non-retour dans la destruction de la société.

Evidemment, lorsque les forces politiques se mettent en opposition les unes par rapport aux autres et souvent dans des équations à résultante nulle, le terrorisme peut servir d’argument dans le débat politique non pas pour expliquer mais pour accabler, et ses effets douloureux donnent l’occasion d’évacuer les rancunes. Et au lieu de le voir, de par sa nature abjecte, banni du système politique, sa fonctionnalité lui réserve une place dans ce système.

Ce sont les contradictions politiques mal gérées dans un environnement social non maîtrisé qui constituent le vivier du terrorisme.

Au-delà de ces données structurelles, la conjoncture peut apporter aux djihadistes un appui inespéré. La Tunisie est en train de vivre un processus électoral qui est l’aboutissement d’un autre processus beaucoup plus sinueux et complexe baptisé transition démocratique. Plusieurs parties politiques veulent le bloquer et le faire échouer. Il y a ceux qui ne croient pas à la démocratie par crédo et ceux qui y ont adhéré à reculons, sans grande conviction, peut-être pour gagner entre-temps des points et revenir le moment venu, en force, auréolés d’une grande représentativité, à leur projet anté-démocratique. Il y a également ceux qui pensent que les prochains scrutins leur seront défavorables. Toutes ces catégories estiment que ces scrutins ne doivent pas avoir lieu ou au mieux, ils sont malvenus. Ils ont cherché à perturber le scrutin mais le processus a pris tellement de l’avance que leurs manœuvres n’ont rien donné. Que reste-t-il donc dans le magasin des accessoires ? Les menées terroristes.

Il se trouve, cependant, que le tissu des organisations djihadistes s’est effiloché depuis le premier semestre de 2014. Gadhgadhi et les siens ont été arrêtés ou tués au mois de février, et la grande offensive d’avril est venue à bout des groupes sur les hauteurs de l’Ouest tunisien. Et ce n’est qu’en juin-juillet, à la faveur de l’émergence de Daech en Irak et en Syrie et de la contestation des frères musulmans et des extrémistes libyens du scrutin législatif, que le terrorisme tunisien a eu son second souffle. Il a annoncé qu’il prend pour cible le scrutin, et qu’il finira par faire échouer le processus électoral.

Aujourd’hui, à trois jours des élections, en faisant parler de lui en 3 endroits différents (Souk Lahad à Kébili, Chabaou dans le Grand Tunis et dans sur les hauteurs de Sakiet Sidi Youssef au Kef), il veut montrer qu’il est toujours opérationnel et qu’il peut faire mal à tout moment. Or, en analysant de plus près ces opérations, on s’aperçoit qu’elles sont de simples gestes de désespoir qui, à défaut de plans biens conçus et de moyens bien agencés, les terroristes s’adressent à l’opinion publique à travers les médias surtout étrangers. Il s’adresse, en fait, à une opinion publique nationale lassée et quelque peu étourdie par le discours électoral d’une classe politique très déconnectée de la réalité et une opinion publique internationale qui n’a ni le temps ni la patience de saisir les spécificités de chaque société et les caractéristiques propres de chaque processus révolutionnaire dans les pays de la région , pour détourner la première du scrutin du 26 octobre et impressionner la seconde pour montrer que la Tunisie est sous emprise djihadiste et que Daech avance du Golfe arabique à l’océan atlantique comme le disait avant le jargon panarabe. Mais tout le monde a compris qu’il s’agit d’une supercherie que les Tunisiens ne sont pas près à gober.

Aboussaoud Hmidi

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