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Tunis : Coup de tonnerre à la STB. Une perte abyssale de presque 750 MDT et une augmentation du capital, décidée mais qui reste pour l’instant sur le papier

On s’attendait, il est vrai, à quelque chose de grave dans les comptes du bras financier de l’Etat tunisien lorsque la STB (Société tunisienne de banque) publiera ses états financiers pour l’exercice 2013. Cette dernière vient enfin de le faire après 10 mois de la fin de l’exercice et c’est un coup de massue qu’elle assène à tous ses actionnaires. Les états financiers de l’exercice 2013, publiés sur le site de la BVM le jour même des AGO & AGO, font état d’une perte de 115,674 MDT. Cela aurait pu être plus lourd, si le provisionnement supplémentaire de plus de 403 MDT, demandé par la circulaire 2013 de la banque centrale de Tunisie, n’avait pas été en grande partie constaté en diminution des capitaux propres de la banque. Ce report fera tout de même en sorte que la STB s’affiche en cette fin d’année 2014 avec des capitaux propres, négatifs de 113,328 MDT. Les reports cumulés des pertes de la STB augmentent, de fait, les pertes à 748,883 MDT. Et ce n’est pas tout.

– Une situation financière, pour le moins très délicate, mais qui ne met pas la banque en danger !

La 1ère banque publique affichait aussi un ratio de solvabilité négatif de 6,21 % contre un minimum exigé de 9 %. La STB affichait aussi un ratio de liquidité de 79,4 %, soit une insuffisance de 20,6 %. Une qualité de ratios qui met la STB dans une situation délicate face notamment à ses correspondants et à tous les autres acteurs de la scène financière, locale et même internationale.

Pour la première fois, les commissaires aux comptes (CC) de la plus importante banque nationale, évoque le mot «dissolution». En effet, dans leur rapport, les CC de la STB indiquent que «en application des dispositions de l’article 388 du Code des Sociétés Commerciales, une Assemblée

Générale Extraordinaire est à convoquer dans les quatre mois de l’approbation des comptes, et ce afin de statuer sur la question de savoir s’il y a lieu de prononcer la dissolution de la banque, l’augmentation de son capital ou bien sa réduction à concurrence des pertes enregistrées». Rassurons cependant tout de suite les actionnaires : de tout cela il n’y aura rien. On le sait bien sûr, ce ne sont là que des termes que le CC est obligé de mettre dans son rapport pour se dédouaner. On sait aussi que la STB ne sera jamais dissoute, comme l’avait déjà répété le gouverneur de la BCT lors de son dernier entretien avec Africanmanager. L’Etat tunisien soutiendra sans aucun doute la STB, même si ses relations avec le prochain Parlement ne sont pas au beau fixe et qu’un doute persiste sur la possibilité de mettre en exécution son ancienne décision du milliard de dinars en faveur de la recapitalisation des banques publiques, en exécution avant la fin du mandat du gouvernement de Mehdi Jomaa.

– 650 MDT d’augmentation du capital, encore sur le papier !

Sans attendre tout cela, c’est-à-dire surtout la décision finale d’octroyer les 400 MDT à la recapitalisation de la STB, comme le disait Chedly Ayari, ni d’autres schémas d’augmentation de capital avec leur cohorte de documents comme le business-plan et autres, la STB a convoqué et tenu ce jeudi 23 octobre 2014, coup sur coup l’AGO et l’AG Extraordinaire. Au menu, une décision d’augmenter le capital de la banque de 650 MDT. «Nous avons décidé cette augmentation, car on ne pouvait pas attendre [les décisions des autorités tunisiennes] et pour répondre aux normes prudentielles, notamment de solvabilité», nous a indiqué Abdelwaheb Nachi, PDG de la banque.

Les réunions des AG de la banque ont été houleuses ce jeudi. Mais le management a fini par remporter l’adhésion des actionnaires en faveur de l’augmentation du capital, sans trop savoir encore comment elle sera faite. La concrétisation de cette augmentation, qui a été confiée au Conseil d’Administration de la banque, reste pour l’instant hypothétique et objet à beaucoup d’hypothèses qui ne sont pas encore claires et définitivement décidées par les autorités financières tunisiennes. A. Nachi reste pourtant optimiste et compte au moins sur les BTNN (bons de trésor non négociables) de l’Etat dont il pourrait recevoir au moins partie avant la fin de l’année ou au début de l’année 2015, en attendant de trouver d’autres solutions. Des solutions qui restent tout aussi hypothétiques ou qui demanderont du temps, comme la vente de certains hôtels endettés auprès de la STB à l’hypothétique SGA (société de gestion des actifs).

Le PDG de la STB n’aimait, lors de notre entretien téléphonique de ce jeudi 23 octobre 2014, cette expression, mais l’augmentation de capital de 650 MDT décidée par l’AGE du même jour, reste pour l’instant du simple noir sur blanc et uniquement sur le papier. Une position qui devrait, à notre sens, pousser les politiciens et notamment ceux qui sortiront des urnes du 26 octobre 2014, à se pencher en priorité et avec un peu d’attention sur le cas STB et ceux du reste du secteur bancaire public tunisien.

Notons par ailleurs, sans aucune arrière-pensée de notre part, que l’AGO où le Conseil d’administration était majoritaire, a aussi donné quitus «entier et sans réserves de la gestion 2013» et a même voté des jetons de présence de 5.000 DT par administrateur et de 1.000 DT par réunion pour le comité d’audit. Un comité qui n’a certainement fait que lire du bout des lèvres cette remarque des CC, disant que «Nos rapports font état d’insuffisances majeures au niveau du système d’information susceptibles d’impacter l’efficacité du système de contrôle interne». Nous disons cela et nous ne disons rien !

Khaled Boumiza.

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