AccueilLa UNETunis-attentat de Mohamed V : Comment cela a-t-il pu arriver ?

Tunis-attentat de Mohamed V : Comment cela a-t-il pu arriver ?

Trois attentats meurtriers en l’espace de neuf mois de la même année. D’abord le Bardo en mars. Ensuite Sousse en juin. Enfin,  en novembre au centre même de Tunis, à quelques encablures du ministère de l’Intérieur, à deux pas De celui du Tourisme et à quelques centaines de mètres de la plus importante manifestation cinématographique de la Tunisie et ses centaines d’invités.

L’endroit de l’attentat est connu. C’est une petite ruelle, entre le bâtiment désaffecté de l’hôtel du Lac et l’immeuble de l’ancien parti du RCD dissous. L’endroit est connu pour être le point de ralliement de tous les bus qui doivent, par exemple, prendre des journalistes pour accompagner une visite officielle ou tout autre évènement, public ou privé. C’est aussi, manifestement, le point de ralliement des dizaines de gardes présidentiels. Cette garde prétorienne est en effet engagée, depuis la révolution, dans l’accompagnement sécuritaire de dizaines de personnalités, politiques, médiatiques ou d’affaires menacées de mort par les terroristes. C’est donc visiblement au moment de la relève des équipes de cette garde, que ses éléments se retrouvent à cet endroit où les attend le bus pour le ramassage et pour les ramener chez eux. Tout cela suppose que les terroristes connaissaient l’endroit et en avaient guetté les allées et venues autant que les horaires. Cela indique que l’opération n’était pas accidentelle, mais minutieusement bien préparée.

Selon les premiers éléments de l’enquête, révélés ce mercredi 25 novembre 2015, par Hichem Gharbi, secrétaire  général du Syndicat de la sécurité présidentielle et des personnalités officielles, «l’auteur de l’attentat portait un sac à dos contenant des explosifs. Il a gravi les premières marches du bus avant  de se faire exploser», rapporte l’agence de presse officielle Tap. Dans une autre déclaration à une radio privée, le même responsable syndical avait même laissé entendre que le conducteur du bus lui avait ouvert la porte, «lui a demandé ce qu’il voulait. C’est à cet instant qu’il s’est fait exploser». Une version confirmée depuis mardi soir par un témoin oculaire interrogé par téléphone sur Nessma TV. Tout cela laisserait à penser, d’abord, que le bus n’était pas gardé, ensuite que le chauffeur aurait fait preuve de relâchement, en le laissant approcher et en lui ouvrant la portière pour parler avec lui.

Cet attentat terroriste intervient aussi au moment où d’importantes mesures policières ont été prises pour les journées cinématographiques de Carthage, allant jusqu’à affecter  un responsable de sécurité pour l’unique esplanade de la rue Habib Bourguiba où se déroulaient ces JCC. Comme un boxeur qui aurait un moment baissé la garde, le MI aurait oublié de sécuriser l’endroit de l’attentat, pourtant attenant au  siège du RCD qui est déjà sous protection de l’Armée. Juste en face, il y a pourtant le siège de la BCT, lui aussi sous bonne garde des militaires. Le relâchement de l’attention, la routine des rondes où il ne se passait jusqu’ici rien chez toute une population, vivant depuis 50 ans en sécurité et qui n’a aucun réflexe sécuritaire, ont fini par avoir raison d’une des plus importants corps de sécurité, le mieux outillé, en hommes et en équipements. Un relâchement qu’on retrouve, d’ailleurs, presque partout et notamment autour des ministères de souveraineté notamment et des institutions sensibles comme par exemple la Radio nationale. Située en plein centre de Tunis et ayant déjà reçu des menaces, elle ne dispose même pas de caméra de surveillance.

Quant aux terroristes, tout le monde sait en Tunisie qu’ils sont plus intra muro, que sur les monts Chaambi. Banalisation  et défaut d’application stricte des législations d’exception pour les forces de l’ordre, laxisme d’une certaine justice et lobbying des ONG de droits de l’home, empêchent encore la mainmise définitive des forces de l’ordre sur ces éléments. De plus, l’entrée, brusque et massive, de personnes provenant de la Libye et nombre d’entre eux, sans aucun papier attestant leur identité, sauf le fait qu’ils faisaient partie du groupe de personnes relâchées par des forces libyennes qui les avaient prises en otage contre la libération de terroristes libyens arrêtés en Tunisie, n’a pas été traitée de manière sécuritaire. Quant aux armes et aux explosifs, la contrebande transfrontalière  en   fournit aisément depuis des années. TNT et même des autocollants explosifs en font partie et des quantités de ces autocollants auraient déjà été saisies en Tunisie en provenance d’un pays voisin.

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