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Tunis : La vraie histoire du faux scandale de la vente de Dar Naouar (Photos & Vidéo)

Beaucoup de choses ont été dernièrement dites à propos de la vente de l’hôtel Dar Naouar au groupe qatari «La Cigale». Il y a quelques jours,  un ancien ministre des Finances dénonçait la vente à un groupe qatari de «l’un des plus grands hôtels de Gammarth» et appelait à l’ouverture d’une enquête au sujet de cette cession «laquelle ne doit  pas être passée sous silence», disait Houcine Dimassi sur les ondes de la radio privée Jawhara.

Le meilleur commentaire et certainement le plus juste aura finalement été celui de notre confrère «Destinationtunisie» où Hédi Hamdi parlait d’une «tempête dans un verre d’eau». Nous avons pourtant essayé d’aller plus loin dans les détails de cette vente et avons même visité ce «meilleur hôtel de la Tunisie». Le constat est était plus qu’affligeant et la conclusion est que cette tempête n’est pas fortuite, au moins pour deux raisons. Vérifions et commençons par les détails de la vente.

  • Une vente «à la régulière» et des offres tunisiennes, parvenues hors délais !

Cette vente  a été faite dans le strict respect des procédures administratives et d’une manière transparente. Elle a été pilotée par la BAT (Banque d’affaires de Tunisie). Le ministère des Finances fait partie de la commission de pilotage de la vente, du fait qu’il siège au  conseil d’administration d’au moins l’une des trois banques vendeuses détenant le capital de ce qui n’était finalement qu’un village de vacances, jusque-là loué à  l’hôtelier Saïd Boujbel. Le bail devrait venir à expiration  fin décembre et l’actuel locataire n’a pas exprimé sa volonté de reconduire un site qui vieillit à vue d’œil et à grande vitesse.

17 personnes, physiques ou morales, ont retiré le cahier des charges après un appel d’offres, dont le lancement avait malheureusement coïncidé avec l’attentat du Bardo. Sur les 17 intéressés, uniquement 2 offres ont été faites. La seconde offre, après celle des Qataris qui était de 18,2 MDT et qui englobait l’actif et le passif de 8 MDT, émanait du libanais Joseph Saad. Elle était à seulement 12 MDT. Notons cependant que l’expertise officielle a évalué le bien à vendre à 21 MDT. L’accord pour la vente nécessitant un certain nombre de procédures qui avaient pris du temps, deux hommes d’affaires tunisiens ont fait des offres, après le délai réglementaire, qui ont été envoyées par Fax et donc en dehors de l’appel d’offres. Les deux offres étaient, comme par hasard, à 21 MDT comme le mentionnait l’expertise, mais avec des différences dans le mode de paiement. La première offre émanait d’un homme d’affaires connu dans le secteur des BTP et la seconde d’un groupe tunisien, déjà dans le tourisme, mais aussi dans la distribution et la promotion immobilière. Ces deux offres, étant arrivées après délai et faites en dehors de l’appel d’offres, n’ont pas été retenues. Tout cela constituerait la 1ère raison de la tempête autour de la vente de Dar Naouar.

  • Qatar, l’acheteur dont le nom ne plaît pas

La vente, pour laquelle les conseils d’administration des 3 banques ont déjà donné leur accord, y compris les représentants du ministère des Finances, n’est pourtant pas passée par la case «Carep». La commission d’assainissement et de restructuration des entreprises publiques, siégeant à la Primature à La Kasbah, ne l’aurait jugé nécessaire, selon nos informations. Mais comme la vente se fait au profit d’un  étranger, elle doit avoir l’aval de la commission supérieure d’investissement (CSI) au Premier ministère. Cette dernière n’a pas encore statué, et sans son accord, tout tomberait à l’eau. Cela pourrait avoir lieu, si la mesure d’accorder aux hôteliers la possibilité d’utiliser 30 % de leurs terrains à des fins de projets immobiliers, devenait officielle, ce qui n’est pour l’instant pas le cas et seulement une simple proposition au gouvernement de la part de certains hôteliers fortement endettés auprès des banques tunisiennes. Cela, sans compter qu’une improbable annulation de cette vente pourrait aussi créer un sérieux différend commercial tuniso-qatari, alors que le chef de l’Etat tunisien prépare une visite officielle au Qatar.

C’est en tout cas et surtout, de l’avis de plus d’un observateur, l’identité de l’acheteur qui constitue le  second motif du refus de cette vente par certaines parties en Tunisie. L’acheteur eût  été d’une autre nationalité, il n’y aurait pas eu d’affaire Dar Naouar.

A noter que l’acheteur «au prix du mètre carré tel que vendu pour les entreprises du secteur touristique par l’AFH » nous dit-on de manière officielle, s’est engagé au maintien de la soixantaine d’employés. La vente ne sera définitive que lorsque la CSI aura donné son accord final. L’acheteur se serait aussi engagé à faire un investissement hôtelier sur le site de Dar Naouar, d’un montant estimé entre  250 à 300 MDT.

  • Un Club de vacances envahi par les herbes folles et aux bâtiments menaçant ruine

Dimanche dernier, après accord de la direction de l’hôtel et sous escorte du service de sécurité de l’hôtel, nous décidons d’aller voir de plus près ce que l’ancien ministre appelait «un des plus grands hôtels de Gammarth». C’est en fait un simple village de vacances, composé de chambres aux toits en voûte et qui s’étend sur 15 mille mètres carrés.

Dans une réception complètement vide de tout client, un grand hall au toit en chaume troué de partout et au parquet en bois fissuré à tout-va et cassé dans plus d’un endroit. Partout, de hautes  herbes folles envahissaient t toutes les ruelles en dédales du village. Des bâtiments aux murs fissurés. Des portes défoncées, des fenêtres en bois cassées, des meubles par terre en grand désordre ou jetés en vrac dans certaines chambres vides transformées en dépôts. Des climatiseurs éventrés. Des appareils de chauffage d’eau rouillés, jetés dans les allées ou sur les toits. Des murs de chambres, éventrés ou bouffés par l’humidité (Voir Vidéo) et une grande piscine «qui perd beaucoup d’eau et coûte donc beaucoup d’argent», selon les vendeurs. Des sacs de poubelles jonchent partout les allées en majorité défoncées. Des cuisines qui n’ont rien de sanitaire car envahies de rouille. A aucun moment, le visiteur ne pourrait croire qu’il se trouvait dans «un grand hôtel» et encore moins dans un hôtel tout court, même s’il affiche faussement un «4 étoiles». A la simple vue de ce village de vacances, il est impossible de l’imaginer autrement que rasé et reconstruit, car l’emplacement est simplement divin. «Cela fait un bail qu’on n’a pas vu l’ombre d’un client » nous confiait l’agent de sécurité, «et même les estivants locaux, attirés par sa grande piscine, fuyaient les chambres dès qu’ils sentent l’odeur ocre de l’humidité» ajoutait-il. Juste en face du même hôtel, un autre était pourtant en activité, nous certifie un autre agent de sécurité.

[youtube= »https://www.youtube.com/watch?v=hB64UuM2_TI »]

Khaled Boumiza

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3 Commentaires

  1. Ce n’est pas fair-play de donner une description vidéo de cet hôtel en son état d’abandon, et surtout le vandalisme flagrant de ses équipements. C’est une démarche bien douteuse, qui laisse planer une envie de justifier, et avec une remarquable insistance, le prix dérisoire de cette vente …. qui s’aligne sur un prix fictifs de l’AFH à une époque donnée. Il est d’ailleurs anormal que le consortium vendeur n’a pris aucune disposition pour un minimum d’entretien et veiller à la salubrité des lieux afin de mieux apprêter l’hôtel à la vente.

  2. C TROP EXAGERE C UNE HONTE POUR L HOTEL . JE NE SUIS JAMAIS RENTREE DANS UNE CHAMBRE COMME CA . CA C APRES LES LYBIENS QUI ONT TOUT CASSE. C LEUR SEULE MODE DE VIVRE COMME DES PAYSANS

  3. Vous décrivez cet hôtel avec dédain et et qualifiez de simple village de vacance.
    Alors il s’abime faute d’entretien et a été enlaidi avec ces couleurs caribéènnes qui dénature son ancienne aura qui ressemblait davantage à sidi bou said.
    J’y ai passé mes plus belles vacances en 1988. C’était effectivement un village de vacance paisible et authentique.

    Il m’a inspiré, j’ai écris sur lui dont voici un extrait :

    [ [ Sur la belle côte de Carthage, blotti dans un écrin de verdure, ce lieu d’exception, avec son nom un rien évocateur « le palais des fleurs » semblait m’attendre.
    Un dédalle de ruelles tortueuses courant au cœur d’une opulente végétation, par delà les patios paisibles et les menzels éblouissants.
    Seulement troublé par le piaillement répétitif des moineaux et la nonchalance de quelques chats, ce village mauresque enchanteur m’a inspiré.

    Un contraste de chaque instant.
    Au cœur des buissons de lauriers rose fleurant le pain d’épice, des palmiers, des cactus et des cascades colorées de bougainvilliers croulant des pergolas turquoise, les petits bungalows, d’une blancheur immaculée se distinguent par leur sobriété.
    La porte de bois turquoise mal ajustée, le carrelage artisanal mal nivelé, les couleurs locales du mobilier et la douceur des murs blanchis à la chaux, jusqu’à la lumière tamisée filtrant au travers des persiennes bleues, l’aura de la méditerranée est bien là, dans cet écrin de tiédeur.

    Du haut de l’amphithéâtre, vues imprenables sur ce monde que j’aurais voulu mien :
    Vue imprenable sur une baie, étirant ses longues côtes sableuses,
    Vue imprenable sur les dômes blancs des menzels, sur la piscine,
    Vue imprenable sur le lac de Tunis, sur cette montagne inoubliable,
    Vues imprenables dans le claquement sourd des drapeaux flottants.

    Dans ce nid éblouissant et pétillant, un souffle chaud a enflammé mon cœur.
    Un souffle de vie et de liberté qui n’a depuis, cessé de me murmurer « ferme les yeux et viens ». ] ]

    Vos propos et vos images font mal. Ce village de vacance était fabuleux.

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