L’année 2015, selon les chiffres de la BCT, a été marquée par un repli de 44,4% pour les nuitées touristiques globales (16,2 millions d’unités), de 30,8% pour les entrées de touristes étrangers (4,2 millions de personnes) et de 35,1% pour les recettes touristiques (2.355 MDT).
En relation avec la baisse de l’activité touristique, «l’activité du transport aérien a enregistré, au mois de décembre 2015, un repli du trafic aérien de passagers (-9,9% en glissement annuel contre -13,8% au même mois de l’an passé), soit une baisse de 32% durant toute l’année 2015 », affirmait encore mercredi la BCT.
L’année 2016 ne sera certainement pas meilleure, sinon pire. Déjà, trois grands opérateurs de vacances à forfait, qui sont Thomas Cook (Allemand à la base mais dispose d’une filiale britannique), First Choice (TO anglais) et Thomson (ce dernier a été racheté par l’allemand TUI qui a déjà quitté la Tunisie), ont annulé toutes les réservations vers la Tunisie jusqu’au 31 octobre. Une décision qui vaut déprogrammation de toute la destination pour les deux prochaines saisons, estivale et celle de l’entre-saison. Une décision inédite prise, disent les TO, suite à la dernière vague de troubles dans le pays. Mais aussi et surtout, en application des consignes du site «Foreign and Commonwealth Office » qui déconseille actuellement tout voyage en Tunisie.
- Des déprogrammations qui tueront toute la saison
La déprogrammation touristique de la Tunisie n’était jamais arrivée avant sur une si longue période. La décision verse pourtant dans le même objectif de ceux qui ont, à deux reprises, au Bardo et à Sousse, frappé le tourisme de la Tunisie. Ce secteur, qui est en effet l’épine dorsale de l’économie tunisienne, est déjà en situation de catastrophe naturelle. Une situation qui met aussi à genou toute l’activité du transport aérien ayant déjà essuyé une baisse de 32% durant toute l’année 2015. La catastrophe touristique est aussi, même si ce n’est qu’en partie, derrière les problèmes du secteur laitier qui écoulait grande partie de sa production chez les hôteliers.
A tout cela, s’ajoutent les nouvelles perspectives du secteur agricole. «Sur le plan sectoriel, le secteur agricole et de pêche devrait enregistrer, au cours de la campagne 2015-2016, un ralentissement en relation avec le repli sensible de la production et des exportations de l’huile d’olive après la récolte exceptionnelle durant la campagne écoulée », affirmait mercredi la Banque Centrale de Tunisie. Résultat, une année tout aussi catastrophique pour toute l’économie tunisienne que les Anglais auront mise à genoux !
- Cherche ministre désespérément !
La décision des TO anglais et la décision d’interdire tout voyage non essentiel en Tunisie par le MAE anglais, intervient certes après la remise en vigueur de l’état d’urgence. Mais la même chose existe en France où ont eu lieu aussi des attentats terroristes». La décision anglaise ferait suite également à un rapport britannique sur la situation de la sécurité dans les aéroports en Tunisie. Nous savons, pourtant, que l’OACA a déjà mis en place un plan de sécurisation de ses aéroports d’une valeur de 35 MDT.
On voudrait en vouloir aux autorités britanniques, mais il nous faudrait d’abord en vouloir aux autorités tunisiennes d’abord. On se demanderait alors, même de manière candide, où est la ministre du Tourisme ? Pourquoi n’est-elle pas allée voir le MAE britannique pour lui parler, par exemple, du plan de sécurisation des aéroports que prépare l’OACA ? Et si les Britanniques ne voulaient pas la recevoir, ne devrait-elle pas militer pour l’être et aller jusqu’à faire un sit-in devant Whitehall à Westminster ? La demande est certes anecdotique, mais elle donne une idée de ce que devrait faire cette ministre pour essayer d’endiguer le fléau des déprogrammations des TO, une affaire qui dépasse les hôteliers et qui est du domaine de la diplomatie économique. Or, ni le ministère de l’avenue Mohamed V, ni celui des Affaires étrangères, n’ont essayé de se bouger le… pour faire ce qui pourrait aider le chef du gouvernement à éviter les prochaines émeutes qui ne tarderont pas !
On lui aurait posé toutes ces questions, à Mme la ministre. Mais elle ne reçoit pas ceux qui la critiquent. Elle est pourtant de Nidaa Tounes !
