AccueilLa UNETunis : Les crimes économiques de «l'anesthésiste»

Tunis : Les crimes économiques de «l’anesthésiste»

Lorsqu’il s’agit de définir la «criminalité économique»,  les professionnels retiennent généralement la proposition de Nicolas Queloz qui est  professeur de droit pénal et de criminologie à l’université de Fribourg et co-auteur d’une vaste étude sur les processus de corruption en Suisse.

Queloz  la définit comme «l’ensemble des activités illégales dont l’une des spécificités essentielles est que la criminalité économique représente un abus de la confiance et de la bonne foi dans les relations d’affaires et porte ainsi atteinte à la crédibilité et à la sécurité des certains secteurs d’activité économiques, voire de l’ordre économique et financier dans son ensemble. Elle provoque des dommages ou des préjudices considérables, non seulement sur un plan strictement patrimonial, mais également à divers niveaux économiques et sociaux, par des dégâts difficilement estimables causés aux ressources humaines, à la viabilité des entreprises, aux assurances sociales, aux collectivités publiques ou encore à la qualité de vie et de l’environnement».

Sans vouloir offenser quiconque, il nous semblait utile d’attirer l’attention du chef du gouvernement tunisien sur ce que les syndicats laissent dire par une certaine presse, à propos des prochaines négociations salariales pour l’exercice 2015 et sur son accord pour accorder à tout le monde toutes les indemnités spécifiques. De nouvelles augmentations qui ressembleraient plus à des actes criminels envers le budget, envers la capacité financière et d’endettement et toute la capacité de résilience de l’économie tunisienne. Des augmentations, non balancée, ni par une croissance du PIB, ni par une hausse de la production. Le dernier communiqué de la BCT remarquait à cet effet que, «Sur le plan sectoriel, la production industrielle a poursuivi son fléchissement, durant les quatre premiers mois de l’année courante, à un rythme plus accentué que celui de l’année précédente, soit -1,4% en glissement annuel contre -0,2% en 2014, sous l’effet de la poursuite de la baisse de la production des industries non manufacturières (-7,8 % contre -4%) et le ralentissement de celle des industries manufacturières (1,3 % contre 1,4%)».

Comme nous l’écrivions, dans notre précédent article intitulé «Habib Essid ou le gouvernement des salaires». Nous y rapportions les propres chiffres du ministère des Fnances qui indiquent clairement que les 3 quarts des dépenses du budget de l’Etat pour l’exercice 2015, vont aux salaires (5,7 milliards DT en 6 mois sur un total de 7,7 milliards DT).

Cela n’a pas échappé à la vigilance du Fonds Monétaire International (FMI), qui a attiré l’attention des autorités tunisienne sur l’inflation salariale.

«Tous les critères de réalisation quantitatifs fixés pour fin mars 2015 ont été respectés à l’exception du plancher indicatif des dépenses sociales», a commencé par dire le FMI, avant d’être plus incisif et de remarquer que  «la mission [ndlr : du FMI dans son communiqué du 26 août 2015] a noté la masse salariale croissante du secteur public et a recommandé sa maîtrise afin de dégager les ressources nécessaires pour réaliser les dépenses en capital prioritaires et productives, qui sont au niveau le plus bas jamais enregistré».

Une remarque, à notre sens, essentiellement adressée au chef du gouvernement tunisien qui présente désormais un taux élevé de «sociolémie», une mauvaise capacité de négociation avec les syndicats ouvriers et une grande aptitude à caricaturer le pas de fourmi dans la réalisation des réformes, structurelles et urgentes. «Compte tenu du taux de chômage, actuellement de 15,2 %, il est urgent de faire avancer les réformes structurelles pour stimuler la création d’emplois et répondre aux attentes de la population tunisienne, qui aspire à vivre dans une société plus inclusive». Des mots qui tomberont certainement dans les oreilles des sourds et des autistes.

Pour l’instant, le chef du gouvernement tunisien ressemble plus à un anesthésiste qu’à un médecin appelé à faire des coupes et des opérations chirurgicales. Nous avons emprunté une partie de notre  titre au Magazine français l’Express qui dépeignait (toutes proportions bien gardées) ainsi le président français. Il nous semblait que cet adjectif allait comme un gant à la méthode de gouvernement d’Essid qui ne cherche pas encore, à force de vouloir contenter syndicats et politiciens, à guérir l’économie tunisienne, mais plutôt à lui donner des excipients dont l’effet d’anesthésie plonge tout le pays dans la torpeur.

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1 COMMENTAIRE

  1. La Tunisie peut se prémunir des crimes économiques qui détruisent une économie d’un pays ….

    S’inspirer de la loi R.I.C.O ….

    la RICO définit le racket d’une manière très large qui englobe le meurtre, l’enlèvement, le jeu, l’incendie criminel, le vol qualifié, la corruption, l’extorsion et le trafic de stupéfiants de même qu’une série d’infractions fédérales dont l’usure, la contrefaçon, la fraude postale et la fraude électronique …..

    La loi RICO avait été élaborée pour lutter contre le crime organisé.
    Son but était de fournir aux procureurs les moyens de poursuivre en justice les membres de gangs criminels accusés d’avoir participé à deux actes répréhensibles sur une période de temps donné. Et permettant de les condamner automatiquement à vingt ans de prison …

    Que la Tunisie s’en inspire …..

    https://africanmanager.com/17_tunis-les-crimes-economiques-de-lanesthesiste/

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