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Tunis : «On ne peut pas vouloir le beurre, l’argent du beurre et le téléphone de la crémière», s’offusque Chedly Ayari

Dire, à la lecture des chiffres du 1er budget du gouvernement Habib Essid, que le budget 2016 est un budget de consommation ressemblerait à une lapalissade. En effet, 70 % des dépenses de ce budget iront aux salaires (13 milliards DT sur un total de 29,2 milliards DT) qui avaleront 13,8 du PIB. 2,6 autres milliards DT iront à la compensation des produits de consommation. Tout cela, avec une croissance (du PIB) souhaitée de 2,5 % si elle se réalisait (Pour rappel, le gouvernement prévoyait 3,5 % en 2015, il n’en réalisera que 0,5 %) et un indice de la production industrielle, déjà en baisse de 1,8% en juillet dernier. On n’est pourtant pas les seuls à le dire et à faire une telle lecture des mêmes chiffres.

«La Tunisie vit largement au-dessus de ses moyens et on sent cette espèce de hiatus  qu’il y a entre le niveau de vie en général et les moyens, depuis la révolution. Ce gap existait certes avant, mais il s’était creusé depuis la révolution. On vit à crédit», dit le gouverneur de la BCT (Banque Centrale de Tunisie) à Africanmanager.

L’exemple par excellence, maintes fois évoqué par la BCT, est celui d’une importation toujours en hausse de produits carburants, sans que cela ait un impact visible sur la production et sur l’exportation, l’autre levier de la croissance. «L’autre jour, je disais en conseil des ministres que les aspects du ventre mou de l’économie tunisienne et que nous traînerons longuement, c’est que notre modèle de consommation et notre modèle de production sont prisonniers des énergies fossiles, gaz et pétrole qui nous coûtent cher».

Il en résulte «donc une dépendance énergétique catastrophique et la demande est de plus en plus forte. La chose la plus curieuse et dont  j’ai du mal à m’accommoder, c’est que  la demande augmente lorsque la croissance baisse. Cela veut dire que cette énergie ne va pas à la production. Le problème devient plus grave lorsqu’on n’exporte plus, pour des raisons diverses comme les grèves et  l’article 13 de la Constitution, le peu qu’on produit. Dans un pays qui vit donc largement au-dessus de ses moyens, le gap s’est produit depuis la révolution parce qu’on ne produit plus. Il y a donc un problème de fond qui se pose», selon le gouverneur de la BCT.

Et lorsqu’on lui pose la question « quelle solution donc ? », Chedly Ayari ne tourne pas en rond et ne louvoie pas. «Moi je dis, si vos besoins sont de 100 et que vous n’avez de moyens intérieurs que de 80, il vous faut emprunter 20. Si vous ne voulez pas emprunter, il vous faudra consommer moins et épargner plus, ou bien vous produisez plus. Il faut choisir, car on ne peut pas vouloir le beurre, l’argent du beurre et le téléphone de la crémière. Pour en sortir, il faut agir sur les deux paramètres de l’équation, d’abord celui de la création de richesses intérieures à distribuer pour que l’on puisse aspirer à un niveau de vie supérieur. Ensuite, prendre des mesures qu’il y a lieu de prendre en matière de modèle de consommation», conclut-il, droit dans ses bottes d’une institution qui dit ce qu’elle pense, même si cela ne plaît pas au gouvernement, comme lorsqu’elle avait annoncé la récession technique, une nuance qui n’a pas toujours été comprise.

Pour l’instant, le peuple tunisien a bien mangé tout le beurre de la révolution. Il a même déjà consommé tout l’argent du beurre (les 3 milliards DT de la cession de 35 % de Tunisie Télécom, les 45 MDT de la confiscation et les milliards de crédits du FMI et de la Banque Mondiale), attend les 1.369 MDT d’augmentations salariales au titre de l’année 2015 et refuse toujours de se remettre à travailler. Les augmentations salariales, au public et ensuite au privé, entraîneront certainement une hausse du pouvoir d’achat. Cela relancera la consommation qui ira croissant et les importations de tous genres, produits de consommations, produits pétroliers et produits alimentaires, toujours sans croissance et sans création de valeur ajoutée ni de richesses.

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1 COMMENTAIRE

  1. Inspirez vous du système économique de Malte….c’est simple comme bonjour. Diminuez la bureaucratie, ouvrez le commerce et concevez des impôts intelligents …..et moins complexes pour ne pas user les nerfs des opérateurs et laisser porte ouverte au abus et malversation…..et vous verrez la croissance se mettre en place.

    Les tunisiens ont l’art de s’enfermer dans des formalismes stériles en tout ……et se demandent comment ils n’évoluent pas. Le pays est endétté jusqu’à la fin des temps et on se pose encore des questions sur le commerce régulier – vis à vis du commerce informel (ou contrebande) et le pays ne produit rien …..et quelles activité est sensée protéger la douane ?L’insignifiante activité industrielle, les grands groupes de l’import/exports et leurs filiales de distribution …..beaucoup d’énérgie pour un résultat minime puisque le pays n’a jamais pu se redresser. Et on ne cherche pas à encadrer en toute bonne foi le commerce informel qui occupe la moitié des transactions commerciales du pays. Il est courant d’entendre diaboliser les opérateurs de ce commerce informel, ceci n’améliorera ni la situation économique du pays, ni le niveau de vie des tunsiens car ce commerce « informel » emploi quelques millions de tunisiens.

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