AccueilLa UNETunis-OPA sur la Stip : Ça sera du «vend qui peut» !

Tunis-OPA sur la Stip : Ça sera du «vend qui peut» !

«Le Conseil du Marché Financier informe les actionnaires de la Stip (Société Tunisienne des Industries de Pneumatiques) et le public qu’il a été informé de l’acquisition par la société Africa Holding d’une quantité de titres STIP, lui conférant une part de droits de vote dépassant le seuil de 40% dans le capital de ladite société. Par conséquent, le CMF a décidé de soumettre la société Africa Holding à une OPA (Offre Publique d’Achat) visant le reste du capital. En attendant, le CMF a décidé de suspendre la cotation des actions de la société STIP à partir du mardi 19 juillet 2016 et ce, jusqu’à nouvel ordre.

Les conditions de cette OPA devraient faire prochainement l’objet d’une décision du CMF et d’un avis ultérieur sur son Bulletin Officiel. Ces conditions devraient notamment porter sur le prix de cession par action et s’il y aura maintien de ce cours pour tous les actionnaires en bourse. Notons à ce stade que l’action Stip n’a jamais volé très haut. Son plus haut était à 1,9 DT l’action et son plus bas était à 1,6 DT, et même à 1,4 DT l’action, le tout pour un nominal à 3 DT. Sa capitalisation boursière n’a pas cessé de baisser. Elle était ainsi par exemple de 9,51 MDT en 2009 et n’était plus que de 5,98 MDT en 2014, selon le site de la bourse. Le dernier dividende que la Stip a pu distribuer était de 1 DT et remontait à l’exercice 2001, c’est-à-dire il y a quinze ans.

En théorie, la Stip est une entreprise publique. La STB et l’office du commerce y ont respectivement 7,31 % et 8,94 % du capital, sans compter la Stusid Bank qui en a 15,35 %. Ni la Stip, ni le CMF n’ont communiqué sur qui a vendu à la société Africa Holding de la famille Dridi. Aucune déclaration de dépassement de seuil, à la hausse ou à la baisse, n’avaient été faites. Selon nos informations, la première à vendre avait été la BID (Banque Islamique de Développement), qui possédait 15,35%.

Pour rappel, la société a accusé une perte nette de 2,970.929 MDT pour l’exercice clos au 31 décembre 2015, portant sur les capitaux propres arrêtés à cette date à la somme négative de 150,229.906 MDT, soit 156,541.641 MDT en deçà de la moitié du capital social (12.623 MDT en 2014). Le passif exigible était, au 31 décembre 2015, supérieur de 103,995.676 MDT à l’actif circulant et le passif total supérieur de 150,229.906 MDT au total de l’actif.

Notons aussi, comme le font les commissaires aux comptes de l’entreprise dans le document des états financiers 2015, que «la situation financière de la société n’a pas encore fait l’objet d’un véritable assainissement. Les difficultés liées à l’accès au financement du cycle d’exploitation, et notamment le financement de l’importation des matières premières au titre de 2016 ont accentué les déficits de trésorerie de la société et ont engendré son incapacité de régler ses fournisseurs dans les délais convenus», disent les CC. Ces derniers révèlent encore l’existence de «ruptures fréquentes de stocks, et par conséquent, des arrêts de la production qui a chuté au titre du 1er trimestre 2016 de 44,7%».

Extrait de la fiche Stip. BVMT
Extrait de la fiche Stip. BVMT

La Stip a fait un certain nombre d’arrangements avec plusieurs établissements de crédit à différents taux d’intérêts et dont la plupart ont été renégociés. «Les intérêts et les intérêts de retard supportés en 2015 au titre de ces emprunts ont totalisé respectivement 3,100.475 MDT et 1,585.037 MDT. Par ailleurs, la STIP a bénéficié, en 2015, d’un abandon d’intérêts de retard par la BTK pour 3 MDT». C’est ce qu’affirmait en 2015 le commissaire aux comptes. Et d’ajouter que «la société s’est officiellement arrangée avec huit banques et a obtenu, en 2016, l’accord de principe de la STB pour le traitement de ses engagements». Cette dernière n’a jamais rien communiqué à ce sujet, alors que ce sont deux entreprises en bourse. On ne sait pas, après l’annonce de cette OPA, si tous ces arrangements seront maintenus, surtout que l’acheteur est un acteur privé et que nombre des banques créditrices sont des banques publiques en situation de restructuration.

Le 5 juillet 2015, l’administration douanière décidait, à juste titre, de ne pas proroger le bénéfice du régime douanier de l’entrepôt industriel et dont la validité a expiré. «La STIP a continué, de fait, à bénéficier de l’importation de ses matières premières en suspension des droits et taxes et à appliquer la procédure simplifiée de mise à la consommation sur le marché local autorisée par la douane en date du 2 juin 2014 impliquant le dépôt de déclarations de régularisation et le paiement des droits et taxes correspondants. Toutefois, la non-prorogation du bénéfice du régime de l’entrepôt industriel, si elle sera définitivement décidée par la douane, risque de contribuer à l’affectation négative de la situation de trésorerie de la société», affirme le commissaire aux comptes. La douane continuera-t-elle d’accorder ce privilège à une entreprise qui ne sera plus publique ? Qu’adviendra-t-il de la Stip, de ses ouvriers, de ses dettes et de son énormes déficit ? Ce qui est sûr, c’est que les vendeurs ne se feront pas prier.

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