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Tunis : Structurellement déficitaire et fortement endettée, elle fête pourtant son 35ème anniversaire en chant et lumière

Les photos de notre article ne donneraient, à aucun moment, l’impression d’une autre ambiance que celle de la joie et de la fête. Des photos prises, le vendredi 2 octobres 2015, dans les des endroits les plus chics de Tunis, l’Acropolium de Carthage, une salle mythique où sont organisées les meilleures fêtes d’entreprises et les évènements les plus VIP de la capitale.

C’est pourtant les images d’une entreprise, déficitaire jusqu’à risquer la dissolution et endettée jusqu’à ne plus trouver de financements, qui fête son 35ème anniversaire, dans un spectacle son et lumière, digne des entreprises les plus bénéficiaires. Un anniversaire qui n’est pourtant pas porteur d’heureux évènements.

En effet, la Stip est une société anonyme, créée le 21 Juillet 1980. Pour l’exercice 2014, elle a accusé une perte nette de 1.429.514 DT, portant les capitaux propres arrêtés à cette date à la somme négative de 147.245.611 DT, soit 153.557.346 DT en deçà de la moitié du capital social. Normalement, elle est susceptible de «dissolution anticipée » comme le font remarquer ses commissaires aux comptes. Le passif exigible était, au 31 décembre 2014, supérieur de 98.936 DT à l’actif circulant et le passif total supérieur de 147.557.346 DT au total de l’actif.

Le déficit de la Stip n’est pas nouveau. Cela fait plusieurs années successives que les pertes s’accumulent. En 2013, c’est une perte qui dépassait les 19,2 MDT, en 2012 c’était 19,311 MDT, en 2011, c’était 14,56 MDT, une année plus tôt 15,169 MDT et encore une année avant c’était plus de 11,357 MDT. Tout cela, sans compter les dettes de l’entreprise. A fin 2014, les «emprunts et dettes assimilées » totalisaient les 95,917 MDT, dont plus de 17,8 MDT échus et impayés et 62,518 MDT à + d’un an. C’est dire, la difficile situation de l’entreprise. Et pourtant.

  • Les vaines tentatives de réanimation d’une entreprise en

Après la révolution, la Direction Générale de la société a entamé l’examen avec les banques concernées d’une nouvelle démarche permettant d’adapter l’approche de restructuration de la société à la situation actuelle du pays après la révolution et favorisant l’avancement dans le sens de l’amélioration des performances de la STIP et ce, dans l’attente de la solution finale dont la composante essentielle est une augmentation substantielle du capital à réaliser par des actionnaires de référence.

La société s’est officiellement arrangée avec sept banques et continue à négocier avec les autres banques, notamment la STB (ndlr : En recapitalisation) et la BFT (ndlr : aussi déficitaire que la Stip). Les graves problèmes menaçant la survie de la société ont été, d’un autre côté, au centre d’une visite effectuée par le ministre de l’industrie, en juillet 2013, à l’usine de M’saken. L’ancien ministre parlera  de «la nécessité, pour la société, d’élaborer un plan de redressement sincère intégrant à la fois son développement industriel et sa restructuration financière » et fait même le geste d’exprimer «l’engagement de son département à la soutenir ». Il ne le fera point et son successeur ne le suivra point. Au ministère de l’industrie, une étude de restructuration technique des deux unités de production et un cahier des charges a été préparé pour l’étude de la restructuration de la STIP et l’établissement de son business plan et une banque d’affaires a été retenue, en mars 2015, pour la réalisation de cette étude ». La Stip attend toujours que la poule ait des dents…

  • Le faste, quoique relatif, des festivités du 35ème anniversaire

Suffoquée par sa très difficile situation financière, l’entreprise essaie de bouger dans l’espoir d’émerger. «Une visite a été effectuée, en octobre 2014, par la nouvelle direction générale de la STIP au partenaire technique et technologique Pirelli à Milan en Italie, et ce, dans le but de relancer et de dynamiser la coopération entre la société et ce producteur mondial de pneumatiques », informe le commissaire aux comptes. Un échange d’expert et des vœux pieux de coopération plus tard, la Stip se trouve toujours dans la même «merde » financière. Et pourtant.

La nouvelle direction de l’entreprise trouve pourtant le moyen de fêter quelque chose dans cette débandade économique, encore sans limite puisqu’aucun projet de restructuration ou de recapitalisation ne se profile. La Stip s’octroie, pour cela, les services de deux agences, l’une de PR (Presse Relation) et l’autre spécialisée en événementiel, pour accueillir journalistes et personnalités économiques [ndlr : elles n’étaient d’ailleurs pas nombreuses] dans l’ambiance feutrée des lumières multicolores de l’ancienne église de Carthage et dans l’atmosphère enchantée d’une troupe musicale. Une fête qui détonnait complètement avec la situation, financière surtout, catastrophique de l’entreprise.

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