Elle aura été la première ministre tunisienne de la 2ème République à consacrer la dimension africaine d’un pays qui ne met pas encore du sien pour s’y inscrire comme un membre actif. Pendant deux jours et accompagnée d’une forte équipe de cadres tunisiens, dont ceux du tourisme,  de l’enseignement supérieur, de Tunisair et  de la santé, la ministre du Tourisme a enfilé les réunions avec les hauts responsables camerounais. Objectif, relancer la coopération avec un pays, pourtant pilier de toute l’Afrique sub-saharienne et l’un des rares pays du continent à vivre en stabilité politique et à réaliser une croissance de 6 % (chiffre FMI) malgré la présence du terrorisme religieux de Boko Haram au Nord. Un pays qui prépare un important programme d’investissement autour de nouveau port en eau profonde à Kribi, dont des installations hôtelières. Des investissements touristiques motivés, entre autres, par le fait que le Cameroun accueillera, comme l’ont dit ses différents responsables à la ministre Rekik, la CAN féminine en 2016 et la CAN en 2019. Une organisation qui nécessite un certain nombre d’infrastructures hôtelières où les Tunisiens pourraient prendre part s’ils le voulaient. L’appel leur a d’ailleurs été solennellement lancé à l’occasion de cette visite de la ministre tunisienne du Tourisme à Yaoundé.

Présidant ainsi la 3ème commission sectorielle mixte du tourisme, Selma Rekik a commencé sa journée du lundi par une rencontre avec le Premier ministre du pays, Philémon Yunji Yang qu’elle n’a pas manqué d’inviter, au nom du chef de l’Etat, à visiter la Tunisie qui abritera, les 22 et 23 mars prochain, la réunion de la haute commission mixte des deux pays.

Le responsable camerounais ne tardera pas, dès le début de cette rencontre où il a même exprimé son admiration pour l’expérience tunisienne, surtout en matière d’entreprenariat féminin et de statut de la femme en général, de pointer du doigt le secteur où il voudrait diriger la coopération avec la Tunisie. « Le Cameroun dispose d’un important potentiel touristique qui demande à être exploité », dit-il. Il évoquera aussi l’autre secteur important pour cette coopération qui est le tourisme de santé, en indiquant que «je connais le cas de plusieurs Camerounais  qui se sont fait évacuer  en Tunisie pour s’y faire soigner». Philémon Yunji Yang semble ainsi être au courant de ce qui se fait avec la Tunisie et où son pays voudrait pousser cette coopération.

Le volet touristique de cette coopération que la ministre tunisienne voudrait booster, pour en faire tirer profit le know-how tunisien en matière d’aménagement et d’infrastructure touristique, ainsi que du très bon niveau des prestations médicales tunisiennes, sera évoqué avec le ministre d’Etat du tourisme et du loisir, Bello Bouba Maïgari. Son ministère, dit-il projetait 1 million de touristes à l’horizon 2020, «mais nous y sommes déjà et nous espérons faire plus après la conclusion d’accords, dans le domaine du transport et de la facilitation des procédures de visa», dit-il en allant directement au but et aux deux problèmes qui handicapent jusqu’à présent le développement des relations, économiques et commerciales  tuniso-camerounaises et qui sont la ligne Tunisair avec Douala et le visa qui est en application par les deux pays.

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Bouba Maïgari évoquera aussi la volonté de son pays de tirer profit de l’expérience tunisienne en matière de formation et d’aménagement de l’infrastructure hôtelière. Selma Rekik était aux anges, elle qui venait justement pour vendre ces mêmes produits à des Camerounais qui estiment l’expertise tunisienne à sa juste valeur pour l’avoir expérimentée dans d’autres domaines comme la santé. Lors de l’ouverture officielle des travaux de la Commission sectorielle, le ministre camerounais du Tourisme a même appelé les opérateurs tunisiens du secteur touristique à un accompagnement tunisien des opérateurs camerounais dans la gestion hôtelière, sollicité l’aide tunisienne pour «l’aménagement d’une bibliothèque du tourisme » et dans le domaine de thalassothérapie à Kribi notamment .Il s’est adressé aux membres de la commission qui sont réunis depuis ce lundi 22 février 2016 à Yaoundé pour dire que «c’est maintenant aux experts des deux pays d’aller droit au but et de nous soumettre des propositions concrètes et nous devons  concrétiser au plus vite ». C’est dire la réelle volonté manifestée par les autorités camerounaises au cours de cette visite de la ministre tunisienne du Tourisme.

Selma Rekik a par ailleurs rencontré  le ministre camerounais des Affaires étrangères qui d’ores et déjà a annoncé qu’il sera en Tunisie en mars prochain pour présider la délégation de son pays à la grande commission mixte, et n’a pas manqué de  se  féliciter, au nom de son pays, de  la réussite du «Printemps tunisien». Et de dire que «nous suivons avec intérêt le changement en Tunisie et saluons l’action entreprise par le Président tunisien et l’action de son gouvernement, tant en matière de démocratisation de la vie politique, qu’en matière de développement».

La visite de la ministre tunisienne du Tourisme, qui devrait se terminer mardi par un PV prometteur en matière de coopération économique, ouvre ainsi de nouveaux horizons, surtout pour les hôteliers et promoteurs touristiques tunisiens. Des marchés existent et ne demandent qu’une volonté, de la part des opérateurs tunisiens, pour essayer de contourner la crise, en exportant leur savoir-faire en matière d’infrastructure et de gestion hôtelière. Il restera à la commission mixte sectorielle d’entamer la résolution des deux problèmes essentiels pour cette coopération future, que sont le transport, par l’ouverture d’une ligne aérienne sur Douala ou Yaoundé et le visa par la facilitation des procédures grâce notamment à l’i-Visa.

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