AccueilLa UNETunisie-Attijari Bank : Une banque assistée, qui manque de compétence

Tunisie-Attijari Bank : Une banque assistée, qui manque de compétence

Nous revenons sur le cas d’Attijari Bank, à l’occasion de la tenue de son AGO. Une réunion qui s’est tenue avec un mois de retard. Un retard qui pousse le management de la banque à bousculer l’ordre du jour de l’Assemblée pour le justifier.

A l’entrée, le président du CA de la banque s’empresse en effet d’expliquer que le retard était dû à des réunions avec la BCT (Banque Centrale de Tunisie) et à des négociations dont il ne dira rien aux actionnaires. Et bien avant la lecture des états financiers et les discussions, on fait voter une résolution donnant absolution au management pour ce retard. On saura pourtant plus tard par nos propres sources que la BCT était  intervenue pour demander à la banque marocaine de droit tunisien, de diminuer le montant des dividendes distribués.

En effet, Attijari finira par distribuer 1,5 DT par action au lieu des 2 DT prévus. Pour «Andalucarthage Holding», société de droit marocain  détenue par le consortium où Attijari Wafa Bank détient 83,8% et actionnaire à 58,98 % de la banque, cela devrait faire la somme de 35,165.415 MDT qui seront transférés en devises de la Tunisie vers le Maroc. Ces 35 MDT de dividendes s’ajouteront aux 7,4 MDT qui seront transférés aussi au Maroc au titre des conventions d’assistance conclues entre Attijari et sa banque-mère la Wafa.

En filigrane des réponses aux questions des actionnaires, on apprendra de la bouche du président tunisien du conseil d’administration de la banque marocaine, que la BCT a diligenté en 2015 un contrôle approfondi sur les comptes d’Attijari. Cependant, ni le rapport des CC  où «tout va bien Mme La Marquise», ni le management ne piperont mot  de ces deux évènements ni des résultats de cette inspection de la BCT.

  • Le DG qui taxe ses employés de «manque de compétence»

Aussi est-on en droit de supposer que ce contrôle pourrait être en lien avec cette question des conventions et des importants bénéfices que sort chaque année la banque en devises des caisses d’une Tunisie dont l’économie souffre cruellement de manque de ressources en devises. Cette question ne semble pas non plus perturber les deux principaux actionnaires tunisiens d’Attijari, le groupe de la députée Zohra Driss (9,7 % du capital) et le groupe Mzabi (11,07 % du capital).

Ce qui a attiré pourtant notre attention, c’est cette remarque du DG marocain lorsqu’il daigne enfin évoquer cette question en réponse à la question d’un petit actionnaire sur le prix de 400 USD l’heure dans l’une des conventions d’assistance, en disant que «on est en train de transformer la banque et des fois on n’a pas la compétence». On est en droit ainsi de se demander si le l’actuel DG qui «coûte» [ndlr : C’est le terme qu’il a lui-même utilisé] plus de 1,1 MDT de rémunération était justifié par sa compétence alors qu’il est le 1er dirigeant de la banque et si le DG n’était pas en train de justifier le coût des conventions par un manque de compétences des cadres tunisiens de la banque qu’il remet  ainsi en question et auxquels il porte ainsi un  coup sévère. Drôle de DG marocain qui enfonce ainsi ses employés tunisiens, d’où la conclusion qu’Attijari Bank est une banque assistée [la convention avec Attijari Wafa est dite convention d’assistance], qui manque de compétence et qui l’admet et le dit publiquement !

  • Attijari, la banque qui prend beaucoup plus qu’elle  n’en donne

La filiale tunisienne de la banque marocaine engrange les bénéfices de sa reprise de la Banque du Sud. Elle a terminé 2015 avec un résultat net de 91,2 MDT après les 73,1 de 2014 et les 82,7 MDT de 2013. Elle en engrange aussi des dépôts des clients. A fin décembre 2015, ces derniers totalisaient plus de 4,5 milliards DT et augmentaient de 8,1 %. En face, les crédits à la clientèle qui lui faisaient confiance n’ont augmenté que de 6,5 %. A chacun d’en tirer ses conclusions dans une conjoncture où la Tunisie a besoin d’investissement, un investissement qui ne peut se faire que par la prise de risque dans le financement et avec l’attitude de l’entreprise, réellement citoyenne, qui montre son réel soutien à une économie en crise où la volonté de donner doit dépasser celle d’en prendre.

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