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Tunisie : K. Ghariani rebat les cartes de Chahed. Il pourrait aussi les redistribuer !

Le dernier mini remaniement du GUN fait depuis une semaine polémique à tous les niveaux, politique, syndical et gouvernemental. Il en devient même, alors que certains nouveaux ministres n’avaient pas toujours pris leurs postes et que Youssef Chahed n’arrive pas à se décider à passer ou non devant l’ARP, grotesque, cocasse et saugrenu.
Le remaniement a été annoncé par Chahed, décrié par l’UGTT qui disait il y a 6 mois qu’elle n’était pas concernée par le gouvernement, défendu par Youssef Chahed, mis en cause par les explicateurs de la Constitution, mais jusque-là encore incompris, par une population qui n’en voit pas l’utilité pour ses priorités que sont plus d’emploi, plus encore de salaires, moins de prix et un mieux vivre. Un remaniement incompris aussi par une classe politique plongée depuis plus de 6 ans dans les turpitudes et le politiquement incorrect, et qui n’arrive pas à concevoir ses causes.

Une semaine après avoir été nommé ministre de la Fonction publique et de la bonne Gouvernance, Khalil Ghariani a ainsi signifié, à sa propre demande, son refus au chef du gouvernement d’intégrer cette équipe que Chahed présentait unie derrière lui sur le plateau d’Al Hiwar, où il expliquait la semaine dernière son geste. Ghariani a indiqué, dans une déclaration radiophonique, avoir pris cette décision «après mûre réflexion et pour sauvegarder les équilibres économiques et sociaux du pays et les équilibres Utica-UGTT». Ghariani a alors précisé que «le chef du gouvernement ne lui a rien répondu et a demandé un temps de réflexion».

Cela pose quelques questions. D’abord sur le degré possible et improbable d’improvisation du chef du gouvernement. Aurait-il procédé à une nomination dans un poste aussi important que la Fonction publique où il faut gérer plus de 650 mille individus, un poste aussi critique avec le risque qu’il enflamme les relations entre La Kasbah et La Place Mohamed Ali, le tout sans même prendre la peine de prendre l’avis du premier concerné ? Et s’il ne l’avait pas fait lui-même, pourquoi n’était-ce pas ses conseillers ? Et si personne ne l’avait fait, Chahed aurait-il nommé Ghariani sous pression ? Si oui, sous la pression de qui ou sur proposition insistante de qui ?

Le refus de cette nomination, confirmé par l’intéressé lui-même sur les ondes d’une radio privée, s’il «se justifiait comme il l’a dit par l’intérêt du pays», on pourrait alors comprendre que Ghariani aurait décidé de se mettre en dehors du champ des pressions dans lequel le mettrait une nomination faite dans de telles conditions pleines de tensions, politiques et sociales. On se demande cependant pourquoi sa décision du refus du poste a pris du temps pour s’officialiser. De toutes les façons, quoiqu’en soient les raisons, seul Khalil Ghariani en sortira grandi.
Il sera aussi, dans l’histoire récente de la Tunisie et à l’heure où certains avouent courir la Kasbah alors qu’ils refusent de payer leurs dettes bancaires ou font chantage de dossiers de corruption pour revenir à La Kasbah, le second à refuser d’être ministre. Avant Ghariani, un autre jeune homme d’affaires l’avait fait. Rappelez-vous, c’était Karim Skik. Ce dernier avait refusé, et il avait peut-être raison, de faire partie du gouvernement Habib Essid au poste de ministre des TIC.

Mais ce remaniement ouvre aussi plusieurs hypothèses sur ses incidences sur le GUN (Gouvernement d’Union Nationale) et son action. Des hypothèses qui pourraient, soit battre les cartes de Chahed, soit redistribuer les cartes pour toute la scène politique tunisienne.
Le 1er est celle d’un GUN qui suivra son chemin malgré cette défection de dernière minute. Il avait pu rester plus de 3 mois sans ministre des Affaires religieuses après le limogeage en novembre dernier d’Abdeljelil Ben Salem, il pourrait donc rester quelques autres mois sans ministre de la Fonction publique, que Chahed pourrait donner en cumul à un autre ministre, mais pour combien de temps, alors que la réforme de la Fonction publique est au cœur d’un large programme d’autres réformes ?
L’autre hypothèse est celle d’un nouveau mini remaniement. Si cette théorie se vérifiait, la question se poserait sur qui hériterait du fauteuil de la Fonction publique. Mais surtout la question de savoir si tout cela n’est un genre d’«entente nationale» pour une sortie de crise au gouvernement de Youssef Chahed.
Dans ce cas, le remaniement n’étant pas encore passé devant l’ARP, ce qui ne ferait pas peur à Youssef Chahed, selon un observateur qui a requis l’anonymat, il pourrait être terminé par un autre remplaçant à Abid Briki qui pourrait être proche de l’UGTT. Ou encore dans un format qui pourrait aussi contenter l’UGTT par le départ d’un autre ministre.
Que fera donc maintenant Youssef Chahed, après que Ghariani lui aurait retiré le tapis sous les pieds ?

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