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Tunisie : Les bains de foule de YC, thérapie de groupe ou changement de stratégie ?

Longtemps cloitré derrière les murs, entourés de herses et de barbelés, de l’imposante bâtisse de la Primature à La Kasbah, Youssef Chahed (YC) bouge enfin et va prendre directement le pouls du terrain. Revisitant la «politique» des visites inopinées qui n’avait pas toujours bonne presse, le chef du gouvernement tunisien endosse enfin ses habits, solennels, dignes et qui inspirent le respect et l’autorité de l’Etat. Loin du folklore des Jean-Basket des visiteurs du dimanche, il va, ainsi auréolé, se frotter directement aux préoccupations d’un petit peuple toujours politiquement prisonnier de l’image du chef qui résout tous ses problèmes, par sa baguette magique, seule capable de contourner toutes les difficultés administratives où il se perd quotidiennement.

Le recours, par le chef du gouvernement tunisien, à ce genre de contact direct lui redonne d’abord l’image du chef, après qu’il se soit laissé, pendant de longs mois, guêtré dans celle du second homme de la seconde République, derrière le chef de l’Etat qui réussit à donner de lui-même l’image du véritable chef dans une République bicéphale, sinon plus. Il le remet ensuite dans le bain du quotidien de ses ouailles à qui il redonne l’impression qu’on s’occupe d’eux.
Par ces visites, et sans aucune autre connotation négative, Chahed sort enfin du «Burnous» de Béji (Béji Caïed Essebssi ou BCE). Il est sur le terrain et règle directement les problèmes d’une petite gens qui ne demande que cela, car nourrie pendant de longues décennies au biberon du chef suprême.

On pourrait, certes, l’accuser de populisme, surtout dans les images où il s’assied dans un café à jouer aux cartes en Jean et chemise ouverte, ou encore d’outrepasser ses prérogatives en régularisant les situations de ceux qui s’étaient appropriés des terres de l’Etat, mais n’est-il pas aussi le chef d’un gouvernement élu par les élus du peuple pour gérer les biens de l’Etat ?
Il n’en reste pas moins vrai, en dehors de l’effet de l’image, qu’approcher la masse et s’approprier ses problèmes commence d’abord par l’appropriation de ses techniques de discussion et de palabre populaire. Le Tunisien est ainsi fait et il suffit, peut-être parfois, de lui montrer que le gouvernant sait aussi descendre de son piédestal pour qu’il vous accorde son attention, vous écoute et vous adopte même. C’est à ce titre qu’il nous semble que Youssef Chahed a enfin pu tirer les leçons des erreurs de ses prédécesseurs et mieux adapté ses techniques de communication.

Un changement de techniques et de stratégie de communication à saluer donc, mais en espérant qu’il l’élargisse aussi à la nécessaire sensibilisation de cette même population, par exemple, à la situation économique et financière critique et ses exigences en matière de patience et de sacrifices. Une sensibilisation qui pourrait faire, peut-être, adopter les priorités de l’Etat et ses programmes, par une population qui n’a pour l’instant de prioritaire que sa propre situation immédiate.

On pourrait alors espérer, après ces bains de foules, qui dérangent par ailleurs certainement plus d’une opposition, l’organisation de plusieurs meetings populaires où l’on verra Chahed l’orateur haranguer les foules de simples citoyens et de travailleurs dans les usines et ailleurs, par son fameux «debout pour la Tunisie». Des meetings qui seront autant de séances de thérapie de groupe et uniront le peuple autour des préoccupations de tout l’Etat, qui réveilleront le sentiment d’appartenance à toute une Nation, remettront le peuple au travail et le guériront de ses maladies (En demande toujours plus à l’Etat, n’attend pas, n’aime pas beaucoup travailler ou en fait le moins possible, ne veut pas contribuer aux finances de l’Etat, demande à travailler, mais uniquement comme fonctionnaire et perturbe les chantiers des projets de l’Etat en faveur du développement etc.).

La foule a la mémoire courte, s’y baigner c’est bien, mais ne pas savoir assainir son eau par la sensibilisation en faveur d’un retour au travail et au labeur quotidien, ça craint. Le peuple encense, et ces Hourra sont euphorisants. Mais ne pas se mettre, tout de suite après, dans les conditions propices pour concrétiser les promesses faites pourrait transformer ces foules en hordes coléreuses.

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