Fadhel Kraïem a pris ses fonctions à Monoprix en mars 2016 avec deux priorités. D’abord maîtriser les charges et ensuite ramener le chiffre d’affaire vers la croissance. Il y a quelques jours, il tenait sa première communication financière, avec l’ingrate tâche d’expliquer aux intermédiaires boursiers le déficit inédit de l’entreprise, une première dans les annales de cette entreprise cotée. En effet, les états financiers intermédiaires du 1er semestre 2016 font apparaître un total bilan de 240,468.510 MDT et un résultat déficitaire de 1, 185.872 MDT.

Contre un total produit d’exploitation de 261,3 MDT, l’entreprise enregistrait des charges d’exploitation dépassant les 262,6 MDT. Sa trésorerie reste cependant positive de plus de 1,456 MDT en fin de période. La société a aussi subi un contrôle fiscal approfondi, au titre des exercices 2011 à 2014. Elle a adressé en janvier 2016 et en août 2016 son opposition à certains éléments de redressement. Cependant, une provision d’un montant de 810 MD a été constatée depuis 2015 pour tenir compte des éléments de redressement jugés fondés par la société.

  • Le programme de transformation et de restructuration «SNMVT2020».

Pour expliquer le déficit semestriel, Fadhel Kraïem évoque d’abord la conjoncture générale du marché de la distribution dont il dit qu’elle est «sous pression, d’abord du fait de la situation de crise de l’économie nationale qui impacte le pouvoir d’achat du citoyen et partant de toutes les sociétés commerciales». Le DG de Monoprix n’oublie pas de pointer du doigt «le commerce parallèle et la rude concurrence avec certains opérateurs du commerce non structuré». Et d’ajouter que «ce résultat du 1er semestre 2016 n’est pas intrinsèque, mais celui d’une tendance observée depuis 3 ans».

Et lorsqu’il se résout à évoquer les causes endogènes de ce déficit, F. Kraïem évoque «des problématiques d’efficacité opérationnelle et de productivité, sur lesquelles nous sommes en train de travailler et qui vont, nous l’espérons, inverser la tendance». Il rappelle aussi qu’il met en place, depuis son entrée à Monoprix qui l’avait débauché chez Tunisie Télécom, un plan de transformation et de redressement, validé par le Conseil d’Administration et qui devrait être sa marque de fabrique et sa touche chez le leader du secteur de la distribution.

Ce plan de transformation a déjà ramené 6 nouveaux directeurs, dont il dira que c’est autant de «sang neuf» dans l’entreprise au niveau des finances, des ressources humaines, du marketing, achat, systèmes d’information et performance et qualité, une sorte de «tour de contrôle qui va piloter le plan de transformation», dira aussi Fadhel Kraïem. Cela sans compter l’ancien directeur de Monoprix France, venu prêter main forte à cette nouvelle équipe de la SNMVT (Société Nouvelle Maison De La Ville De Tunis). «Ce plan vise d’abord l’amélioration de notre performance, en plus d’un programme de développement, déjà entamé cette année et qui va continuer jusqu’à 2020», précise à cet effet le DG de Monoprix.

  • Investir plus, mais avec une recherche de la meilleure rentabilité

 Certes, l’entreprise a définitivement abandonné 4 magasins (El Ahmadi, région Bizerte, Denden et Djerba Houmet Souk), les magasins Feryana, Redeyef et Mateur demeurent fermés, en plus du magasin de «Djerba Houmet Souk [qui] a été fermé à la fin du mois d’aout pour des raisons de rentabilité», pouvait-on lire dans le bilan du 1er semestre. Mais il y a aussi de nouvelles ouvertures. Entre janvier et juin de cette année, la chaîne a ouvert 5 nouveaux points de vente, à Sidi Hassine, La Soukra, Ksar Helal, Mahdia et Le Bardo, ce qui indique une continuité de la politique d’expansion, mais avec un meilleur redéploiement basé sur la recherche de la meilleure rentabilité. «Monoprix a fait le choix de l’investissement, du développement et de la croissance sur tout le territoire tunisien, avec 7 ouvertures en moyenne par an. Pour les cas de Chihiya à Sfax et le magasin de Djerba, ils ont été fermés après une longue observation de leur rentabilité, impactée par leurs mauvais emplacements et nous sommes déjà à la recherche de meilleurs emplacements dans ces régions et voulons doubler l’espace de vente, comme nous comptons le faire à Sfax avec la 2ème partie de Sfax Center qui sera prête d’ici le début 2017», explique Kraïem, qui assure que «ce n’est, en aucun cas, un signe de réduction de notre réseau ou de désinvestissement. On a commis des erreurs par le passé et on est en train de les corriger», précise-t-il encore.

Malgré cette explication, de ce qui s’avère n’être qu’un incident de parcours et le dommage collatéral d’un plan de transformation et de redressement, Fadhel Kraïem reste optimiste et confiant, même à court terme. «D’ici la fin de l’année, le résultat va aller vers l’équilibre et nous finirons l’exercice 2016 avec un résultat équilibré. Nous avons, de plus, observé quelques signes positifs dans la croissance du chiffre d’affaire, avec une tendance assez encourageante pour les 3 derniers mois de l’année qui nous met en confiance», rassure ainsi le DG de la SNMVT.

 

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